Les exhibitions games au tennis : les joueurs jouent-ils trop ?

Le tennis moderne est marqué par une multitude de compétitions et d’événements, parmi lesquels les exhibitions games occupent une place importante dans un calendrier déjà bien garni. Ces évènements, organisés en marge du circuit ATP, font régulièrement débat auprès des observateurs du tennis. Entre l’impact sur les tournois ATP traditionnels et la charge supplémentaire qu’ils imposent aux joueurs, ces exhibitions posent la question du juste équilibre dans un calendrier déjà très compact. Alors, les joueurs de tennis en font-ils trop en participant à ces exhibitions ?

1) Les exhibitions : un succès grandissant dans le tennis ?

A. Des formules spectaculaires et innovantes

Les exhibitions games peuvent permettre une approche différente du tennis classique et représentent une opportunité de casser les codes et de tester de nouvelles façons d’aborder ce jeu. L’UTS (Ultimate Tennis Showdown) en est le parfait exemple. Créée en 2020 lors de la pandémie par Patrick Mouratoglou, son projet était de lancer une nouvelle compétition très expérimentale, avec pour objectif de toucher la nouvelle génération.

Pour cela, un casting XXL avec des noms bien connus du tennis mondial, principalement pour leurs côtés “Showman”, comme : Frances Tiafoe, Ben Shelton, Gaël Monfils, Benoit Paire, Denis Shapovalov… avec des règles innovantes. Un tournoi qui se joue sous forme de quart-temps, un peu comme au basket, avec un temps entre les points raccourcis et un système de cartes pour pimenter le match. Et cet évènement connait un succès notable avec une diffusion dans plus de 100 pays, et qui a réussi à réunir plus d’1,7 million de fans sur les réseaux sociaux, lors des 4 premières éditions.

On peut également parler de la Laver Cup, compétition lancée à l’initiative de Roger Federer en 2017. Cet évènement voit les meilleurs joueurs sélectionnés de la team Monde face à la team Europe, qui s’affrontent sur 3 jours, dans une ambiance et un format qui se veut assez divertissant.

B. Des exhibitions attractives pour le gratin du tennis mondial

Ces évènements sont évidemment très centralisés autour des meilleurs joueurs du monde, essentiels au succès d’une bonne exhibition. Ils ont pour objectif d’offrir un spectacle unique, attirant de nombreux spectateurs, pour faire vivre ces évènements. Et les meilleurs joueurs comme Carlos Alcaraz, Jannik Sinner, Novak Djokovic… y répondent régulièrement présents, avec un prize-money qui se veut très aguicheur. En dehors de l’aspect financier non négligeable, ces champions de tennis peuvent y voir également une opportunité de se confronter aux meilleurs avec moins de pressions et dans un cadre plus festif. C’est aussi une occasion de tester de nouvelles stratégies et de se rapprocher des fans dans une ambiance plus détendue.

2) Pourquoi les exhibitions sont-elles critiquées ?

A. Une concurrence directe avec les tournois officiels

Les exhibitions, bien qu’informelles, entrent souvent en concurrence avec les tournois ATP. Par exemple, la Laver Cup se déroule généralement en même temps que des tournois ATP 250 comme celui de Metz. Résultat : ces compétitions officielles perdent en attractivité, les meilleurs joueurs préférant rejoindre des exhibitions mieux rémunérées et plus prestigieuses. Au niveau des droits TV, cela a également un impact. Offrant moins de lumière et de téléspectateurs à ces tournois officiels.

Cette situation fragilise les tournois de plus petite envergure, qui peinent à attirer des têtes d’affiche et à maintenir leur audience. Le circuit ATP, pourtant au cœur du tennis professionnel, se retrouve parfois relégué au second plan.

B. Un calendrier déjà surchargé

Le calendrier du tennis est l’un des plus exigeants du sport professionnel. Les joueurs doivent enchaîner les compétitions quasiment toute l’année, avec peu de temps pour récupérer. Si les exhibitions ne sont pas obligatoires, elles s’ajoutent tout de même à cet emploi du temps chargé.

Des joueurs comme Carlos Alcaraz ont exprimé leur frustration face à ce calendrier. Pourtant, ils continuent de participer à ces événements, séduits par leur popularité et les cachets importants qu’ils offrent. Cette contradiction met en lumière un dilemme : comment équilibrer succès commercial et bien-être des joueurs ?

C. Un manque d’authenticité

On peut également parler d’un manque d’authenticité avec des joueurs qui viennent principalement pour des raisons financières, et peuvent ne pas se donner à 100% par peur de se blesser, et ainsi fausser le spectacle auquel le spectateur s’attend. 

D. Des prix exorbitants

Le prix pour assister à des exhibitions games fait aussi débat dans le monde du tennis. En effet, pour assister à un tel évènement, le prix des billets est généralement beaucoup plus élevé que lors de tournois officiels. Prenons l’exemple de la Laver Cup en 2022, où un spectateur devait débourser la somme minimale de 662€ pour assister à tous les matchs durant les 3 jours de compétition. 

3) Réguler les exhibitions : une nécessité pour le tennis ?

A. Une meilleure intégration dans le calendrier

Pour limiter les conflits entre exhibitions et tournois ATP, il serait pertinent de mieux encadrer ces événements. Une solution serait de les organiser pendant les périodes de repos ou en hors-saison, afin de ne pas empiéter sur les compétitions officielles. La Laver Cup en a souvent été la principale critiquée.

B. Responsabiliser les joueurs et les organisateurs

Les joueurs ont aussi un rôle à jouer dans la gestion de leurs emplois du temps. Bien qu’attirés par les exhibitions et leurs cash-prize faramineux, c’est à eux de veiller à préserver leur santé physique et mentale. De leur côté, les organisateurs pourraient éviter de programmer ces événements en même temps que des tournois ATP, pour ne pas s’avérer être une concurrence déloyale pour le circuit principal.

Conclusion

Les exhibitions games ne sont pas forcément une mauvaise chose et apportent une dimension unique au tennis, mêlant spectacle, innovation et proximité avec les fans. Mais leurs planifications et leurs expansions posent question sur le calendrier du tennis mondial et la charge de travail des joueurs. Leur accessibilité soulève également des débats, ne ciblant généralement qu’une partie élitiste des spectateurs du monde entier. Si ces événements offrent des opportunités financières et médiatiques indéniables, leur encadrement est essentiel pour préserver l’équilibre et garantir la pérennité du tennis professionnel. Alors, les joueurs jouent-ils trop ? Les exhibitions sont-elles réellement bénéfiques ? Tout est une question de mesure.

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