Paris sportifs en ligne : une victoire pour Philipsen ?

Lundi 3 juillet, le Tour de France 2023 quittera les terres du Pays-Basque pour rejoindre les Pyrénées-Atlantiques. Un final à Bayonne qui ne sera pas aussi pimenté que le week-end d’ouverture. Les sprinteurs ne devraient pas manquer à la fête pour ce premier rendez-vous entre hommes rapides.

Les sprinteurs bâillonneront-ils le peloton ?

Amorebieta-Etxano – Bayonne (187.4 kilomètres) : après deux journées où les leaders auront eu la part belle, les sprinteurs trouveront un terrain de jeu à leur mesure en territoire basque français. Bien que le tracé ait été modifié, l’étape ne renonce qu’à une partie pittoresque tout en préservant sa physionomie initiale. 2 400 mètres de dénivelé positif qui ne devraient guère déranger une majorité des grosses cuisses.

L’incertitude de cette étape n’est pas de savoir si les échappées ont une chance d’aller au bout. La réponse est négative avec autant d’équipes intéressées par un sprint. Mais plutôt de savoir si une équipe comme la Lidl-Trek ou la Alpecin-Deceuninck utilisera les 100 premiers kilomètres pour émousser leurs adversaires. Ou s’ils se contenteront des vallons dans les 30 derniers. Cette dernière option apparaît comme la plus crédible. D’autant qu’une des deux équipes a un intérêt prononcé pour le classement général avec Mattias Skjelmose. Garder des forces pour une partie de l’effectif sera primordial. Et mieux vaut s’attacher les services des équipes de sprinteurs lourds comme Fabio Jakobsen et Dylan Groenewegen.

Le sprint, une affaire de trains

9.3 kilomètres de l’arrivée : un des nombreux ronds-points qui jalonne le final. A la sortie d’Ustaritz (13 kilomètres de la ligne), ce sont onze carrefours giratoires que le peloton devra franchir (tous par la droite)

Des ronds-points que l’on pourra lister ainsi :

  • Km 13
  • Km 12.1
  • Km 9.3
  • Km 7.9
  • Km 5.5
  • Km 5.1
  • Km 4.7
  • Km 3.2
  • Km 2.5
  • Km 2
  • Km 1.1

Amorce de la flamme rouge

Corde à 250 mètres de la ligne en léger faux plat montant dans les derniers mètres. Rien de bien freinant quand on est lancé pleine balle.

Jasper Disaster, favori incontestable ?

D’entrée de jeu, les Alpecin Deceuninck n’ont pas fait dans la demie-mesure. L’objectif est clair, net et afficher : gagner des étapes avec Jasper Philipsen (2.75) et rapporter le maillot vert de meilleur sprinteur à Paris. Pour l’aider dans sa tâche, le belge aura le meilleur train du plateau. Avec l’intelligence de placement de Ramon Sinkeldam, la puissance de Jonas Rickaert et Mathieu van der Poel dans le rôle de poisson pilote. Auquel à l’amorce de l’entrée des 3 derniers kilomètres s’ajouteront les capacités de rouleur de Soren Kragh Andersen. Une bien belle équipe pour épauler, celui qui est désormais le meilleur sprinteur du monde. Avec ses six victoires cette saison, Jasper Disaster, comme Netflix aime à leur donner ce surnom, a battu tout le gratin mondial. Nul doute que si Mathieu van der Poel a les jambes du Baloise Belgium Tour, son sprinteur sera presque imbattable. Il faut dire que l’arrivée de Scherpenheuvel-Zichem était un récital de perfection. Où le néerlandais avait su déposer son compagnon de chambrée aux portes de la ligne (150 mètres).

Fabio Jakobsen, ennemi numéro 1

Si l’on parle de train, la Soudal Quick Step n’est jamais en reste. Si on élude la présence de Julian Alaphilippe qui sait se mettre à contribution de son sprinteur. Kasper Asgreen tient le bon rôle dans les trois derniers kilomètres pour poursuivre la machine lancée par Rémi Cavagna. Alors qu’Yves Lampaert a pour mission de guider au mieux Michael Morkov à l’amorce des 600 derniers mètres. Dans les 200 derniers, Fabio Jakobsen (3.5) n’a plus qu’à finir le travail de celui qui est désigné comme le meilleur poisson pilote du monde. Si les qualités en termes de vitesse pure du néerlandais ne sont pas à remettre en doute. On peut s’interroger sur la durabilité de ce dernier si la course est durcie. Tout l’art sera de savoir si Morkov vire en tête à la dernière corde pour le lancer à l’aveugle dans les 200 derniers mètres. Ou si le danois sera dans la roue d’un autre train, ce qui serait préjudiciable pour Jakobsen.

Les sprinteurs lourds en difficulté ?

A l’image de Jakobsen, Dylan Groenewegen (7) et Mark Cavendish (21) pourraient être parmi les perdants d’une course d’usure initiée. Bien que le Manx Missile souffre plus que quiconque. Sans doute que le dénivelé aura raison de sa puissance en fin d’étape. D’autant qu’il est réduit à composer avec uniquement Cees Bol en poisson pilote. Le co-recordman de victoires sur le Tour de France ne doit donc pas que composer avec le relief. Mais aussi avec la malice où son leadout devra le placer dans les bonnes roues. Une situation guère idéale pour envisager un premier sprint où les machines infernales se mettront en route.

Le néerlandais quant à lui profite d’un beau train avec des hommes puissants comme Christopher Juul-Jensen et Elmar Reinders. Mais c’est surtout sur la qualité de poisson pilote de Luka Mezgec que Groenewegen gagne énormément de points. Pas étonnant qu’il compte autant de victoires que Philipsen au cours de la saison.

Le point d’interrogation Wout van Aert

Le Belge Wout van Aert (9) vise une victoire d’étape. Cependant, en interview, ce dernier a avoué qu’il n’irait pas à tous les sprints. Une occasion perdue de peu aujourd’hui face à Victor Lafay. Ira-t-il au sprint ? Nul ne saurait le dire, hormis à avoir la réponse en interview demain matin. Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’avec Christophe Laporte qu’il sera autorisé à y aller. Avec à l’esprit de garder Jonas Vingegaard sain et sauf, avant la barre des trois derniers kilomètres. Signe d’une neutralisation des temps de course. Difficile d’avoir une appétence pour l’un des fantastiques de sa génération.

L’année de la révélation pour Sam Welsford ?

Impressionnant depuis le début de saison, l’australien Sam Welsford (11) a envoyé des premiers signaux sur le sprint intermédiaire du jour. Le train est loin d’être le meilleur. Mais l’expérience d’un John Degenkolb allié aux puissances de Alex Edmonson et Nils Eekhoff, des miracles peuvent être faits. De là à chercher une première victoire d’entrée de jeu sur le Tour de France, c’est douteux. Mais qui sait ? Une place n’est pas à exclure pour un bon candidat au Top 5.

Caleb Ewan pour corriger ses travers ?

Plus les années passent et plus Caleb Ewan (16) n’est plus que l’ombre de lui-même. Abandonnant facile les sprints qu’il sent perdu. Ne sachant plus frotter correctement, ni même tenir la roue de son leadout. Pourtant sur le papier, un train avec Florian Vermeersch, Pascal Eenkhoorn, mais surtout Jacopo Guarnieri et Jasper De Buyst, est plus que correct. Autre petit point noir au tableau, le vent trois-quarts dos dans les derniers mètres n’est pas véritablement idéal pour lui.

Mads Pedersen pour créer la surprise ?

Parier sur Mads Pedersen (13) n’est pas tâche aisé face aux meilleurs sprinteurs du monde. Pourquoi pas dans une journée éreintante, mais quand bien même Philipsen semble nettement au-dessus du danois. Alex Kirsch et Jasper Stuyven pourront bien le placer, mais pas résoudre son léger manque de vitesse. Quand bien même, il semble franchir des paliers de plus en plus. Il faut des difficultés pour qu’il réussisse à se sublimer.

Danny van Poppel peut-il faire des miracles ?

Longtemps Morkov était désigné comme le meilleur poisson pilote du monde. Mais la main de Midas est passée dans celle de Danny van Poppel. Depuis l’année dernière, le néerlandais maitrise son art mieux que personne. Malheureusement, son train exceptionnel n’a pas été beaucoup récompensé par les nombreuses erreurs de jugement de Sam Bennett. Si bien, que l’irlandais est resté à la maison. Jordi Meeus (31) plus en réussite, lui a été préféré. A charge pour le belge de montrer qu’il mérite sa sélection et qu’il saura tenir la roue de van Poppel. Si tel est le cas, sa vitesse est largement sous-estimée. Une possible surprise face aux hommes forts.

En quête d’une victoire historique

Il a beau avoir remporté un sprint massif en Suisse. Biniam Girmay (21) n’est en pratique pas assez rapide pour espérer battre des tours de cuisses plus imposants que les siens. Une victoire pour l’Erythrée sur le Tour de France serait un énorme retentissement. Mais la chercher sur cette étape encore plus. Son tour viendra, mais sans doute pas demain.

Des noms à oublier ?

Exit les Alexander Kristoff (71), Phil Bauhaus (41), Peter Sagan (71) et compagnie qui sont les cartes de leurs équipes. Mais qui n’ont pas ou plus, le pedigree de leur jeunesse pour au moins deux d’entre eux.

Notre pronostic : Jasper Disaster Philipsen est l’homme le plus rapide du monde et possède le meilleur train. Dans de telles conditions, il est notre pari du jour sur ce premier grand rendez-vous des sprinteurs.