Luke Littler, la bombe atomique des fléchettes

Vice-champion du monde de darts en décembre dernier, le gamin Luke Littler de 17 ans est devenu une véritable star, et pas seulement au Royaume-Uni.

Il est en passe de révolutionner une discipline jusque-là relativement discrète, en tout cas en Belgique. Les darts ont été popularisées dans notre pays avec l’arrivée de la BBC à la fin des années 80, au même titre que le snooker. Dans les années 90, les Belges Léo Laurens et Erik Clarys étaient les premiers non-britanniques à briller, le premier étant n°1 mondial en 1993 et le second remportant en 1995 le World Masters. Bien plus récemment, Brian Raman et Andy Baetens ont porté haut nos fléchettes.

Mais jusque-là, il manquait à ce sport une personnalité charismatique, en un mot, un phénomène. Et celui-ci est apparu au grand jour en décembre dernier, alors que RTL décidait de diffuser pour la première fois les Mondiaux PDC (Professional Dart Cooperation). Luke Littler, 16 ans au début du tournoi, atteignait la finale en janvier.

Né à Runcorn le 21 janvier 2007, dans les environs de Manchester, il envoyait ses premières fléchettes à l’âge de 10 ans. À peine deux ans plus tard, il s’imposait pour la première fois dans une compétition pour jeunes, à l’Open de l’île de Man.

Records en tout genre

Mais c’est réellement en 2021 qu’il se met à tout rafler chez les juniors et qu’il commence à attirer l’attention des adultes. Il est vrai qu’il signe une première victoire chez les seniors cette année-là à l’Open d’Irlande. Il ne faut pas longtemps pour que le surnom de Luke the Nuke, « l’arme nucléaire » lui soit attribué. Cette année-là, il signe un premier neuf fléchettes lors du tournoi JDC MVG Masters. C’est le nombre de fléchettes minimum nécessaire pour atteindre le score de 501, la dernière devant se planter dans un double. En décembre 2023, il commence par conserver son titre de champion du monde de fléchettes pour jeunes, battant Álmos Kovács 5-3 en finale.

Dans la foulée, il s’aligne chez les seniors où son parcours n’aura rien de la promenade de santé. Au premier tour, l’ancien champion du monde Christian Kist n’existe pas, Littler devenant ainsi le plus jeune vainqueur dans un Mondial, tout en signant la moyenne la plus élevée pour un débutant. En huitièmes de finale, il élimine le quintuple champion du monde le Néerlandais Raymond Van Barneveld. Ensuite ce sera au tour du Nord-Irlandais Brendan Dolan de mordre la poussière. Il s’offre une place en finale en battant l’ancien champion du monde et 8e tête de série Rob Cross 6-2. En finale, Luke The Nuke perdra 7-4 en finale contre le numéro un mondial nouvellement couronné Luke Humphries.

300000 followers

Suivi par 300000 followers sur Instagram, Littler est devenu le plus jeune joueur à atteindre la finale du Championnat du monde de fléchettes PDC (16 ans et 347 jours). Après le tournoi, Luke a été annoncé comme faisant partie de la Premier League Darts 2024 comme l’un des quatre jokers choisis par le PDC. Inutile de préciser qu’avec un tel talent et une telle précocité, les tabloïds anglais font de Littler « un bon client », ou une bonne cible. En février, Luke Littler a signé son premier contrat professionnel avec la marque Target Darts, le « plus gros de l’histoire des fléchettes », selon The Sun.

Après les Mondiaux, il remportera l’Open de Bahreïn où il réédite un neuf fléchettes, cette fois immortalisé en direct à la télévision. Victorieux là-bas du Néerlandais Michael van Gerwen, il sera battu par celui-ci quelques jours plus tard aux Pays-Bas.

Vainqueur de l’Open de Belgique 2024

En mars dernier, à Wieze, le public belge tombe sous le charme du gamin, qui signe au passage un dernier neuf fléchettes pour s’imposer 8-7 en finale contre Rob Cross. Littler empoche ainsi les 30000 £ promises au vainqueur du Belgian Open, tournoi du circuit européen.

Mais sa vie privée est aussi décortiquée et pour certains, dont se régale un certaine presse, la différence d’âge entre lui et sa petite amie Eloise Milburn, 21 ans, est choquante. « Je resterai avec elle, que les gens le veuillent ou non », devra-t-il se justifier au Daily Telegraph pour défendre sa compagne, elle-même joueuse du circuit PDC féminin. La presse l’accusait d’être avec lui pour l’argent. Auparavant, le même genre de presse remettait en cause son âge à lui, persuadée qu’il était plus vieux.

Le phénomène est demandé partout et par tout le monde, pour relever de sa présence des événements sportifs ou caritatifs. Il signe par exemple un accord avec la marque de mode BoohooMAN, lui permettant d’aider à promouvoir la Motor Neurone Disease Association. À la télévision anglaise, il multiplie les défis face à des comédiens ou des chanteurs, qui se disent tous fan de « La bombe atomique ».

Manchester United

Fan absolu de ManU, Luke Littler s’est mesuré fin janvier à Harry Maguire et Christian Eriksen. Clairement, le défenseur britannique s’en sort mieux que son équipier danois.

Évidemment dans le monde du darts, Littler devient petit à petit l’homme à abattre. « Pour de plus en plus d’adversaire, m’affronter ressemble à une finale », a-t-il expliqué sur Sky suite à l’altercation qu’il avait eue à l’issue de la demi-finale du Belgian Open avec l’Allemand Ricardo Pietreczko.