Les prêts dans le foot: un bon plan… à dose homéopathique

Les prêts, dans le football, ne sont pas toujours des réussites. Mais, dans certains cas, ils peuvent être intéressants pour les trois parties : le joueur, le club propriétaire et le club qui accueille le joueur sous forme de location. L’option d’achat est souvent la cerise sur le gâteau.

En marge des transferts définitifs aux montants de plus en plus délirants, les prêts constituent sans aucun doute une catégorie à part dans le football moderne. Une catégorie qui, elle-même, comprend différentes classifications. Les prêts concernent la plupart du temps des clubs qui ont des soucis financiers. Un club souhaite louer un joueur car il a besoin d’un profil spécifique  mais il n’a pas les moyens de se le payer. Le club prêteur, de son côté, souhaite donner du temps de jeu à un joueur dont il n’a pas l’utilité. Et dont le contrat, le plus souvent, lui coûte cher. Les prêts se contractent la plupart du temps dans l’urgence, souvent lors du mercato de janvier.

Le prêt sans option d’achat : impossible d’avoir le beurre et l’argent du beurre

Un club a besoin d’un joueur mais n’a pas l’argent pour se l’offrir à titre définitif. Il va donc frapper à la porte de son club qui, s’il ne l’utilise pas à ce moment-là, le lui louera pour six mois ou un an sans option d’achat. Le club prêteur sera heureux de se débarrasser pour quelques mois d’un joueur dont il n’a pas l’utilité tout en lui offrant du temps de jeu. S’il croit encore en lui, le club prêteur n’inclura pas d’option d’achat dans la transaction pour être certain de récupérer son joueur à la fin du prêt. De son côté, le club qui bénéficie du prêt ne prend aucun risque financier tout en ayant sous la main l’élément dont il avait absolument besoin à un moment donné.

Si cela ne s’est pas passé comme espéré, il n’aura pratiquement rien perdu financièrement dans l’opération. Si, par contre, tout s’est déroulé comme il l’avait espéré, le joueur en question lui aura rapporté une plus-value sportive. Le club propriétaire se frottera alors les mains d’avoir remis en selle, ailleurs, un joueur qui était en train de perdre sa valeur quelques mois plus tôt. Le club auquel le joueur a été prêté regrettera par contre de ne pas pouvoir acheter l’élément qui lui a donné satisfaction. Mais c’est inévitable dans le cadre d’un prêt sans option d’achat. Il est difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre.

Le prêt avec option d’achat : c’est souvent la cerise sur le gâteau, comme avec Oshimen à Charleroi

Le club prêteur offre la possibilité au club qui le loue d’acheter son joueur s’il en est satisfait. Un prix d’achat est fixé à l’avance. C’est intéressant pour le club auquel le joueur est prêté car il ne prend aucun risque. C’est en quelque sorte la cerise sur le gâteau. Soit le joueur lui donne satisfaction au bout de quelques mois et il l’achète. Soit le joueur ne lui donne pas satisfaction et il le renvoie à son propriétaire. Le club prêteur, de son côté, pourra être frustré d’avoir vu son joueur finalement exploser ailleurs. Mais, s’il a accepté une option d’achat lors des négociations, c’est qu’il ne croyait plus vraiment en lui. Il devra donc être satisfait, malgré tout, de percevoir une somme de transfert pour un joueur dont il n’avait plus l’utilité.

Charleroi a souvent très bien géré ce genre de transaction. Ce fut notamment le cas dans le dossier de Victor Oshimen pour lequel les Carolos avaient négocié une option d’achat. Vu les qualités du joueur, le Sporting carolo était pratiquement certain dès le départ de pouvoir revendre l’attaquant deux ou trois fois le prix en levant l’option. Quoi qu’il en soit, il faut être audacieux tout en ayant du flair. Alors que Wolfsburg voulait prêter Oshimen gratuitement, Malines n’a pas osé. Pas davantage que Zulte Waregem ni que Bruges, qui soupçonnait un souci médical. Charleroi, lui, a foncé. Et il a décroché le jackpot (+- 22M).

Le prêt avec option d’achat obligatoire : l’exemple Saelemaekers à l’AC Milan

Le prêt avec option d’achat obligatoire est en quelque sorte un transfert déguisé. Ou plutôt postposé de quelques mois ou d’une année, le temps que le club acquéreur ait les moyens de payer le montant de la transaction. Cela se fait souvent dans le cadre du fair-play financier, lorsque le club qui souhaite acheter le joueur est tenu de respecter des normes financières et est interdit de transfert à un moment donné. Il en avait été question en 2020 pour le transfert d’Alexis Saelemaekers à l’AC Milan. Suivant un montage particulier, le club italien avait finalement déboursé deux fois 3,5 millions pour l’Anderlechtois.

Le prêt d’un joueur extra-communautaire : le cas Lukebakio

Lorsqu’un club anglais, par exemple, achète un joueur extra-communautaire n’ayant pas l’autorisation de jouer en Angleterre parce qu’il n’est pas international, il le prêtera dans un autre pays. L’objectif sera que le joueur en question se mette en évidence ailleurs et devienne international. Pour ensuite pouvoir revenir jouer en Premier League. Cela pourrait également concerner un club français. Les règles sont strictes et pas toujours évidentes à saisir. C’est ainsi que l’actuel Diable rouge Lukebakio avait été interdit de jouer avec Toulouse auquel Anderlecht l’avait prêté. Alors que le club toulousain pensait louer un joueur possédant la double nationalité, Lukebakio ne disposait que d’un passeport congolais. Il n’avait dès lors pas été enregistré dans la liste des joueurs extra-communautaires autorisés à être alignés par Toulouse.

C’est parfois gratuit mais, pour louer Lukaku, cela coûte entre 5 et 8 millions par an !

Le club prêteur est souvent disposé à faire beaucoup d’efforts pour tenter de se débarrasser d’un joueur qui lui coûte cher et qui ne s’impose pas chez lui. Lorsque Perisic fut prêté à Roulers, la seule condition était de le faire jouer. Sochaux payait son salaire. Tout bénéfice pour Roulers, qui ne devait se charger que des primes et du logement. Un petit prêt anodin qui déboucha sur une grande carrière pour l’attaquant croate.

Il n’est pas rare que le salaire soit pris en charge par le club prêteur. Toutefois, les prêts peuvent aussi être conclus sous la forme d’un package. Le club qui loue le joueur paie un montant global pour disposer du joueur durant six mois ou une année. C’est le cas cette saison de la Roma  qui a payé 5,8 millions à Chelsea pour accueillir Romelu Lukaku. Durant l’été 2022, c’est 7,8 millions que l’Inter avait payé aux Blues pour un prêt d’un an. Chelsea essaie tant bien que mal de récupérer son investissement. Il faut dire qu’il y a deux ans et demi, le club anglais avait déboursé 113 millions pour le transfert définitif du meilleur buteur belge de l’histoire.

L’excès nuit en tout, Anderlecht s’en est rendu compte

Aux abois financièrement il y a peu, Anderlecht a multiplié les prêts pour tenter de s’en sortir. C’est ainsi que les attaquants Nmecha, Zirkzee et Kouamé ont été de très belles réussites sportives. Mais ces prêts ayant été conclus sans option d’achat, le RSCA devait systématiquement tout reconstruire chaque été. Un moment, cela a craqué, avec les échecs Silva et Esposito. Désormais plus à l’aise sur le plan financier, les Mauves privilégient les transferts définitifs ou les prêts avec option d’achat. Pour une gestion saine, le prêt sec sans option d’achat, doit rester une exception.

Zirkzee et Nmecha ont profité de leur saison mauve

Il n’est jamais évident de convaincre un joueur de quitter un club pour être prêté dans un autre. Souvent, le joueur concerné est déçu et a forcément le sentiment de faire un pas en arrière. Certains, lorsqu’ils n’ont pas vraiment eu le choix, arrivent avec des pieds de plomb dans leur nouvel environnement. Ou, même avec la meilleure volonté du monde, n’arrivent tout simplement pas à s’y imposer car ils manquent de rythme. Ils ont à peine le temps de retrouver une condition ou leurs marques que la saison est déjà finie. A Anderlecht, les prêts de Marin, Djuricic ou De Zeeuw, avant ceux de Silva et Esposito, furent des échecs parmi beaucoup d’autres.

Certains joueurs multiplient les prêts d’année en année et finissent par s’enfoncer petit à petit. Pour finalement arriver au terme de leur contrat. Ce fut le cas de Musonda Jr, également freiné par les blessures.

A contrario, un joueur dans le trou peut très bien exploser dans un nouvel environnement. Le joueur qui, parmi les trois parties, est toujours celle qui prend le moins de risque lors d’un prêt, sera alors le grand gagnant.

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