Losene Keita, le grand talent belge qui a… refusé l’UFC !
Le MMA belge, dans le sillage de son voisin français en plein boom, est en train de prendre de l’ampleur. Bolaji Oki a fait ses grands débuts à l’UFC, devenant le premier de nos compatriotes à y remporter un combat depuis Tarec Saffiedine en 2016. Patrick Habirora a été sacré champion du monde amateur l’année passée, et a réussi ses débuts professionnels avec 3 victoires à l’AEF et au PFL.
Mais le plus beau palmarès du MMA belge à l’heure actuelle, c’est bien celui de Losene Keita. A 26 ans, le Belgo-Guinéen natif de Conakry est l’actuel champion poids-plume de l’Oktagon MMA, une organisation de MMA basée en Tchéquie et en Slovaquie. Treize victoires pour seulement une défaite : Keita a traversé les catégories poids-léger et poids-plume comme un couteau dans du beurre.
Double champion de l’Oktagon !
En effet, Losene Keita a réalisé un exploit unique dans l’histoire du MMA belge. Ce n’est pas une ceinture qu’il a été chercher à l’Oktagon, mais deux ! Le 4 juin 2022, il bat en effet Ivan Buchinger pour devenir champion poids-léger de l’organisation. Buchinger est un vétéran mais a notamment affronté un certain Conor McGregor au Cage Warriors, et battu l’ultra-talentueux Mansour Barnaoui, futur champion du Road FC et combattant du Bellator.
Le phénomène Losene Keita deviendra ensuite double champion en battant Jakub Tichota, s’emparant de la ceinture intérimaire dans la catégorie du dessous. Malheureusement, Keita perdra le combat d’unification des ceintures face à Mate Sanikidze, sa première défaite chez les pros. Il se rattrapera en battant Niko Samsonidze pour cette même ceinture laissée vacante par Sanikidze, et deviendra donc champion à part entière.
Un tremplin vers l’UFC ?
L’Oktagon n’est bien sûr pas l’UFC, ni même Bellator ou le PFL, largement considérés comme la « D2 » du MMA. L’organisation tchécoslovaque est en pleine croissance, et veut concurrencer le Cage Warriors ou encore le KSW pour s’installer parmi les principaux acteurs du MMA européen. En 2022, l’ancien champion poids-lourd Martin Buday a signé à l’UFC et y a remporté 4 victoires d’affilée, preuve de la compétitivité de l’Oktagon.
Mais Losene Keita, lui, prend son temps. Bien sûr, les sirènes de l’UFC l’attirent. En 2022, après avoir soulevé la ceinture lightweight de l’Oktagon, il s’en prend ainsi à la nouvelle star de l’UFC, Paddy Pimblett : « Je vais battre Paddy, je vous le dis. Et je suis prêt pour n’importe quel adversaire que l’UFC pourrait mettre en face de moi. Je n’irais pas à l’UFC pour gagner quelques combats et en perdre quelques autres : j’irais à l’UFC pour y être champion ».
Quand Losene Keita… refuse l’UFC
Un discours confiant, mais qui n’a jusqu’à présent pas débouché sur un « transfert » vers la reine des organisations de MMA. Deux ans plus tard, Losene Keita est toujours à l’Oktagon. Mais ce n’est pas faute d’un intérêt de l’UFC : c’est bien le Belge qui a refusé les offres de Dana White et consorts. En mai dernier, il a prolongé à l’Oktagon et intégré le tournoi poids-léger de la saison à venir.
« Oktagon, c’est la maison. Ils m’ont donné ma chance, les fans m’aiment. L’UFC était ma première option, mais je me suis demandé pourquoi quitter la maison. Je n’ai que 26 ans, j’apprends encore tous les jours », expliquait Losene Keita à MMA Fighting au moment de cette prolongation. Une explication logique. Le Belge évolue dans deux des catégories les plus relevées de l’UFC, où non seulement le top 15, mais même le top 30 n’est composé que de vrais tireurs d’élite.
Mais il y a bien sûr des raisons financières derrière ce choix. L’UFC est l’organisation payant le mieux ses athlètes… au sommet. Losene Keita arriverait dans la peau d’un « rookie », et même son statut de champion de l’Oktagon ne lui offrirait pas un salaire mirobolant. « Je suis payé et bien payé à l’Oktagon, je suis une star. Aller à l’UFC pour toucher 12.000-15.000 de participation et 12.000-15.000 la victoire ? C’est de la folie », estime-t-il.
Incomparable en effet à ce qui l’attend en cas de victoire lors du tournoi lightweight de l’Oktagon. Le vainqueur remportera en effet… un million d’euros. C’est ce que remporte chaque année le vainqueur de chaque tournoi du PFL, par exemple. Rester un gros poisson dans une petite mare, c’est le choix qu’a notamment fait le double champion du KSW, le Français Salahdine Parnasse, qu’on envoie à l’UFC après chacune de ses victoires. À 26 ans, Keita a encore tout le temps d’aller chercher ce pactole, avant de viser la gloire à l’UFC.
La revanche d’un gamin difficile
Tout n’était pourtant pas gagné d’avance pour Losene Keita, qui a trouvé dans le MMA une échappatoire et, probablement, une façon de se canaliser. En effet, celui qu’on surnomme « Black Panther » dans l’octogone n’a pas toujours eu un comportement de super-héros en dehors. Il a en effet été condamné à deux reprises.
D’abord pour une affaire de vol à main armée avec séquestration au domicile d’un particulier, en 2016, pour lequel il écope de 275 heures de travaux d’intérêt général. Ensuite, quelques mois plus tard, pour une bagarre de rue, suite à laquelle la police se rend compte que Keita n’a pas purgé sa peine précédente, révèle Het Laatste Nieuws. Il passera alors brièvement par la case prison. « Nous n’avons jamais prétendu que Losene n’avait jamais rien fait de mal, mais les gens peuvent changer et il a changé », assurait son avocat par la suite.
Avec le MMA pour le cadrer et lui donner un objectif, Losene Keita n’a en effet plus jamais récidivé ni défrayé la chronique. De nombreux grands champions actuels, y compris à l’UFC, ont un passé difficile, voire un casier judiciaire. Un bagage qui a en partie forgé le double champion de l’Oktagon. Qui sait, un jour peut-être, c’est l’UFC qui racontera le passé turbulent du Belgo-Guinéen pour préfacer un title fight…