Le Joga Bonito brésilien est-il sur le déclin ?

Quand on pense au Brésil et au football, on imagine toujours le beau jeu, les dribbles chaloupés et les actions chatoyantes. Un football champagne qui est peut-être plus imaginaire qu’on ne le croit. Le « Joga Bonito », ou beau jeu, du Brésil est-il encore en action ?

Considéré comme LE pays du football, encore plus que l’Angleterre, le Brésil exerce une fascination collective incroyable. Ayant participé à toutes les Coupes du monde et en ayant remporté cinq, la Seleção a touché toutes les générations. Des années 30 à aujourd’hui, les joueurs qui ont marqué l’histoire fleurissent dans l’imaginaire collectif, avec Pelé comme porte-drapeau du beau jeu. Vainqueur de trois mondiaux dans les années 50, 60 et 70, Edson Arantes do Nascimento incarnait un Brésil fantasmé où la réalité est aujourd’hui bien loin du mythe.

Car si on pense encore de nos jours que le Brésil égale beau jeu, c’est peut-être par amour d’une époque révolue, voire qu’on n’a même pas connue pour certains. Pour beaucoup, la dernière fois que le Brésil a remporté une compétition en appliquant le Joga Bonito, c’était en 2002 à la Coupe du monde. Pour d’autres, il faut remonter à 1982, une année pas vraiment marquée par le succès avec la défaite en finale de la Coupe du monde face à l’Italie. Mais là où les plus anciens s’accordent, c’est que ce jeu technique, vif et soyeux n’est plus une réalité sur le plan collectif.

Un football qui évolue

Au fil des décennies, le football mondial a évolué. Pendant longtemps, chaque pays avait ses spécificités : le jeu physique aux Anglais, le défensif pour les Italiens, le rigoureux chez les Allemands et le technique chez les Brésiliens. Une image d’Epinal qui hante encore les esprits et les conversations, mais qui n’a plus vraiment de continuité dans le réel. Depuis les années 90 et l’arrêt Bosman, le football s’est fortement mélangé voire uniformisé. Les idées des uns ont voyagé chez les autres, faisant évoluer le jeu.

On peut y ajouter une approche plus scientifique de la préparation, avec un accent mis sur le physique. À partir des années 2000, le football est devenu beaucoup plus rapide, plus physique. Le beau jeu n’avait-il plus sa place ? Le jeu prôné par Pep Guardiola avec ses différentes équipes prouve que non. Mais tout se fait à un rythme intense, avec beaucoup d’impact. La recherche de la précision ne laisse plus vraiment place aux fulgurances esthétiques, sauf si cela permet d’être encore plus efficace.

Recherche d’efficacité

En 2006, le Brésil pratiquait encore du beau jeu avec un certain Ronaldinho aux manettes sur le terrain. Désireuse de conserver son titre acquis quatre ans plus tôt, la Seleção subissait un traumatisme en quarts de finale face à la France. Huit ans plus tard, à la maison, c’est en demi-finale, mais face à l’Allemagne, que le beau jeu prôné par Neymar et les siens était stoppé. Une défaite 1-7 qui est subie comme la pire humiliation du football brésilien.

Depuis, à l’échelle mondiale, le Brésil peine à s’imposer. Eliminé en 2018 par la Belgique en quarts de finale, puis par la Croatie, quatre ans plus tard au même stade, le pays sud-américain s’est heurté à l’organisation européenne. Son jeu, qui se veut plus construit que par le passé, modelé par des idées plutôt européennes que brésiliennes, ne parvient pas à décoller.

Quels joueurs incarnent encore le beau jeu ?

Si le jeu a évolué, c’est aussi parce que les joueurs l’ont fait. Évoluant pour une bonne partie en Europe, ils y ont intégré les exigences du Vieux Continent. Difficile donc, en équipe nationale, de les faire jouer selon un modèle auquel ils ne sont plus quotidiennement confrontés.

Par ailleurs, les profils mêmes des joueurs s’éloignent souvent du Joga Bonito. Il n’y a qu’à penser à Casemiro, le plus anglais des joueurs brésiliens dans son jeu. Qui sont, aujourd’hui, les héritiers des Pelé, Ronaldinho, Romario, etc. ? On pense évidemment à Neymar, quand il n’est pas blessé, ou à Vinicius Jr, voire à Rodrygo. Mais pour le reste…

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