Comment expliquer l’émergence des grimpeurs Belges ?

694 : on pourrait croire que l’on parle du nombre de victoires en carrière d’Eddy Merckx, mais c’est du toit de la Belgique dont il est question. On comprend aisément pourquoi la contrée belge est surnommé le « Plat Pays ». Pourtant ce n’est pas le manque de hauteur qui empêche Outre Quiévrain de voir les talents nationaux s’exprimer sur les cimes les plus aiguisées. Comment expliquer que la Belgique soit devenue un pays de grimpeurs ? Comment le pays peut former des grimpeurs comme Remco Evenepoel, Maxim van Gils ou Cian Uijtdebroeks ?

Un « Plat Pays » au relief pas si uniforme

A l’image de la Bretagne chez les Français, la Belgique n’offre aucun flan montagneux, aucun col où les grimpeurs peuvent se sublimer. Pour autant, les sprinteurs et flandriens les plus patentés ne sont pas les seuls à s’exprimer au sommet du cyclisme mondial. Les coureurs aux fibres lentes ne cessent d’émerger de plus en plus nombreux et de plus en plus haut au sommet de la pyramide.

Il faut dire que malgré le surnom dont elle est affublée, la Belgique offre bien plus de relief que le voisin néerlandais. Entre monts et bergs, les grimpeurs ont l’occasion d’accumuler du dénivelé positif au cours de leurs sorties. C’est principalement dans les Ardennes que les grimpeurs trouvent un terrain de jeu idéal. Ce qui explique l’appétence de ce type de coureurs et leurs résultats sur le Monument « Liège-Bastogne-Liège ». Ce qui tend à démontrer que, malgré son relief modeste, la Belgique n’est pas non plus un territoire hostile pour ceux préférant les ascensions.

L’influence des figures illustres du passé

Les succès du passé ont mis la Belgique sur la carte du monde du cyclisme international. Eddy Merckx n’y est pas pour rien. La légende est considérée comme le meilleur cycliste de l’histoire et suscite donc des vocations. Seulement le « Cannibale » n’est pas le seul à s’être illustré par le passé. Après 44 ans de disette pour la Belgique sur les Grands Tours, Remco Evenepoel remettait les grimpeurs belges sur le toit du monde. Inspiré par ses paires comme Jurgen van den Broeck et de nos contemporains, à l’image de Lucien van Impe. La Belgique a enfin trouvé un digne successeur capable de gagner le Tour de France. Les triomphes du passé ont inspiré les vocations du présent, qui constitueront celles de demain. Tout n’est qu’affaire d’émulation populaire, aidant à créer un environnement propice à l’émergence de talents capables de s’imposer en montagne.

Une prise d’initiative individuelle forcée

« Tu as juste 18 ans, tu as une grande maturité et tu es déjà extrêmement autonome. Tu es actuellement en Autriche, dans un stage de préparation et tu es tout seul. Tu t’entraines tout seul, tu as ton programme d’entrainement et tu te débrouilles tout seul. », exposait Colin Bourgeat, lors d’un Bistrot Vélo, en compagnie de Cian Uijtdebroeks. Le Belge y confiait, en 2021, prendre des initiatives personnelles en allant s’entrainer tout seul dans les montagnes autrichiennes. Une maturité et une recherche des longs cols, hors de Belgique dès son plus jeune âge. En totale autonomie, le perfectionnement est de plus en plus recherché par les meilleurs prodiges. C’est d’ailleurs une constante chez les talents des Visma – Lease a Bike, puisque Jonas Vingegaard était de la même trempe. Le danois, lui aussi chez les amateurs, n’hésitait pas à s’expatrier dans les Alpes pour parfaire ses qualités.

Le rôle de plus en plus prépondérant des stages en altitude

Les stages en altitude jouent un rôle primordial dans le cyclisme moderne, notamment depuis l’avènement de l’équipe Sky. En s’entraînant à des altitudes élevées (2000 mètres ou plus), les grimpeurs améliorent sensiblement leur performance grâce à une meilleure oxygénation. De plus en plus prisés par les équipes professionnelles, les stages en altitude sont devenus la clé de voute de la préparation d’un coureur cycliste. Désormais, lesdits stages ne sont plus réservés à une élite avant l’arrivée d’un Grand Tour.

De nombreux stages sont organisés tout au long de la saison, afin de bénéficier dès l’ouverture de la saison des bénéfices qu’ils apportent sur les performances. L’interview de Cian Uijtdebroecks était assez éloquente sur le rôle de ses nombreuses semaines en altitude au sein du monde amateur. Andorre, Tignes, Sierra Nevada, Etna, et cetera, le spectre large du cyclisme de haut niveau s’y croise à longueur d’année pour parfaire ses qualités de grimpette.

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