Les enseignements de la Vuelta a Espana 2024

La Vuelta a Espana 2024 s’est clôturée, dimanche dernier, par la victoire de Primož Roglič au classement général. Débarrassé de Tadej Pogačar et Jonas Vingegaard, le Slovène a eu le champ libre pour conquérir un quatrième succès sur le dernier Grand Tour de la saison. Une 79e édition qui nous aura réservé son lot de surprises et un spectacle haletant tout au long des trois semaines de course.

Primož Roglič, nouveau Roi d’Espagne

Ce n’est un secret pour personne, l’Espagne est le territoire où Primož Roglič a connu le plus de triomphes. Déjà détenteur de trois Vuelta a Espana au départ de Lisbonne, avec ce succès, le sociétaire de la Red Bull – Bora Hansgrohe est désormais co-recordman de titres en compagnie de Roberto Heras. Une quatrième couronne que le Slovène est allé chercher en faisant preuve de patience. Un calme olympien malgré avoir concédé très rapidement, à Ben O’Connor, près de 5 minutes au classement général.

Malmené sur l’étape de Grenade, l’ancien sauteur à ski s’est très rapidement mobilisé et n’a montré de signes de faiblesse que le dimanche suivant, sur l’étape du Cuitu Negru. C’est en retrouvant un terrain familier, sur les ascensions de moins de 30 minutes, qu’il a ensuite dominé ses adversaires sur la troisième semaine. Ni Ben O’Connor, ni Enric Mas n’ont pu bousculer le transfuge de la Jumbo – Visma, avant le contre-la-montre de clôture. Pourtant aligné sur la Vuelta, après sa chute sur le Tour de France, rien ne garantissait une fiabilité sur une course de trois semaines. Mais Roglič est de ces coureurs fait d’acier, ayant un seuil élevé à la douleur, lui permettant de faire fi de ses douleurs au dos.

Visma – Lease a Bike, une année à oublier

Tenant du titre, Sepp Kuss s’est aligné sur la Vuelta a Espana avec l’espoir secret de pouvoir concourir à sa propre succession. Le sentiment d’échec est profond face à une anonyme quatorzième place au classement général. Inexistant et sans jamais avoir pesé sur la course, l’Aigle de Durango n’est pas la seule déception dans les rangs de l’équipe Néerlandaise. Son coéquipier et co-leader, Cian Uitjdebroeks faisait du Tour d’Espagne une session de rattrapage de son Giro d’Italia. Malheureusement, très rapidement hors-jeu, le natif d’Hannut était à la ligne physiquement. Ne trouvant de raisons à ses blocages physiques, il était sans cesse largué dans des faux plats montants. Des suppositions de problèmes à l’artère fémorale à un Covid diagnostiqué, le contraignant à l’abandon ; 2024 est une année à rayer d’un trait noir pour le Belge.

Une année à oublier pour Wout van Aert, qui lui aussi avait mis un point d’honneur à trouver une forme de rédemption sur le Tour d’Espagne. Malchanceux à l’image de l’ensemble du collectif Visma – Lease a Bike au printemps dernier, le couteau-suisse Belge avait parfaitement commencé à rattraper sa saison gâchée. Vainqueur de trois étapes, porteur du maillot de meilleur sprinteur, le coureur natif d’Herentals était même en passe de réaliser un doublé. En allant chercher le maillot de meilleur grimpeur dont il était également leader au classement avant sa chute dans la descente du Llomena. Touché au genou, le Belge termine sa saison 2024 comme elle a commencé : de la mauvaise manière.

Decathlon – AG2R, une année exceptionnelle

A l’image de sa saison 2024 et en opposition avec sa Grande Boucle, l’équipe Decathlon – AG2R a réalisé une Vuelta exceptionnelle. Vainqueur d’étape à la Yonquera, Ben O’Connor y avait pris le maillot rouge de leader du classement général de la Vuelta a Espana. Ce trentième succès de la saison, pour la formation Française de Dominique Serieys, s’est accompagné de pas moins de treize jours avec la tunique rouge sur les épaules de son leader Australien. Sur le départ pour l’équipe Jayco-AlUla, Ben O’Connor conclut son chapitre au sein de la formation savoyarde de la plus belle des manières. Finalement sur la deuxième marche du classement général, “ BenO ” aura résisté au retour d’Enric Mas et de Richard Carapaz, notamment en annihilant toutes leurs offensives sur les pentes du Picon Blanco. Un résultat inespéré qu’il doit aussi à Valentin Paret-Peintre et Félix Gall qui l’auront aidé à ne pas perdre l’entièreté de son matelas d’avance.

Kern – Pharma, la révélation de la Vuelta 2024

L’équipe Kern – Pharma s’est particulièrement distinguée parmi les baroudeurs du Tour d’Espagne. Attendue sur les nombreuses échappées, personne n’aurait misé sur la moisson de victoires que les hommes de Mikel Ezkieta ont rapportées. Principalement grâce à Pablo Castrillo, qui a justifié toutes les attentes fixées autour de lui. Le jeune coureur de 23 ans, propecte depuis le début de saison par les Ineos Grenadiers et pressenti chez l’équipe britannique l’année prochaine, vient par la même occasion d’augmenter son cachet. Fort de deux victoires d’étape dont une au sommet du mythique Cuitu Negru, l’Espagnol est la révélation de cette Vuelta.

Sa première victoire aura une résonnance particulière. Au lendemain du décès du fondateur historique de l’équipe, Manuel Azcona, Castrillo est allé chercher un succès de marque pour sa modeste équipe qui ne cesse de monter en galon. A l’image de ce qu’ont pu faire des Pau Miquel depuis le début de saison, Urko Berrade, qui est allé chercher le troisième succès inespéré de l’équipe ou José Félix Parra, auteur d’un modeste classement général (15e).

UAE-émirates, apprendre à composer sans Tadej Pogačar

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent ”, dit le dicton. Une pensée que le contingent de leaders émiratis voulait mettre au départ de cette 79e édition de la Vuelta a Espana. Le collectif surpuissant des UAE aligné Joao Almeida, Adam Yates, Pavel Sivakov, Isaac del Toro, Jay Vine, Brandon McNulty et Marc Soler en têtes d’affiche. Une addition d’individualité qui pourrait une stature de leader incontestée dans tout autre équipe. Seulement, en compagnie de Tadej Pogačar, ces derniers sont réduits au simple rang de sous-fifres. L’occasion était unique d’aller chercher un os à ronger, quand le Slovène, auteur du doublé Giro-Tour, a décidé de ne pas tenter un triplé historique.

Malheureusement, comme souvent, lorsque “ Pogi ” n’est pas au départ, les émiratis ont beaucoup plus de difficultés à huiler le collectif autour d’une individualité affirmée. La mise à l’écart de Juan Ayuso fera forcément parler. Almeida est sorti au soir de l’étape 8 et Yates a rapidement été mis hors-jeu au classement général, ce qui a contraint l’équipe à revoir sa copie. En chasseuse d’étape, l’équipe aura été la grande animatrice espérant tant bien que mal de sauver sa Vuelta. Se consolant avec trois succès d’étape, un classement par équipe et le classement de la montagne grâce à Marc Soler. Une bien maigre consolation quand on analyse les noms alignés et les prétentions des hommes de Marco Marcato.

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