Préface et pronostics pour la Vuelta 2024

Samedi 17 août, la Vuelta a España s’élancera de Lisbonne (Portugal) pour une 79e édition. En l’absence de Tadej Pogacar, auteur du doublé Giro/Tour, le troisième et dernier Grand Tour de la saison s’annonce ouvert. D’autant plus que Jonas Vingegaard a décidé de ne pas s’y aligner pour raisons familiales. Une aubaine pour les nombreux autres concurrents qui verront une occasion unique d’ajouter une belle ligne à leur palmarès. Qu’attendre de ce Tour d’Espagne 2024 ? Qu’attendre de nos coureurs belges ?

Un tracé caricatural

Les 21 étapes du Tour d’Espagne totaliseront 3265 kilomètres. Les coureurs seront confrontés à huit étapes de montagne, cinq étapes de moyenne montagne, cinq étapes vallonnées, seulement une étape de plaine et deux chronos individuels, Point remarquable, la course de trois semaines cumulera 61522 mètres de déclivité. Du jamais vu depuis le début du millénaire.

Le tracé de la Vuelta 2024 est globalement typique à ce que l’Espagne sait offrir. Le faible kilométrage d’effort individuel, 36,6 kilomètres, n’auront guère d’influence sur le résultat final. Ce qui ne sera pas le cas des nombreuses arrivées au sommet. Majoritairement composées de montées sèches et abruptes, les étapes pour grimpeurs sont typiquement hispaniques, même trop. Hormis, la vingtième étape, le Tour d’Espagne 2024 manque cruellement de vrais enchaînements montagneux au cours d’une journée. Une explication qui trouve racine dans l’éviction du massif pyrénéen.

S’il est un constat tranchant avec les deux premiers Grands Tours de la saison, c’est la faiblesse du nombre de sprints massifs proposés. On comprend aisément que les hommes les plus rapides aient tiré un trait sur le Tour d’Espagne. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les baroudeurs les plus patentés y verront des étapes supplémentaires à mettre dans leur viseur.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent ?

Dominateur sur le Giro d’Italia et le Tour de France, Tadej Pogačar avait l’opportunité de réaliser ce que personne n’avait réussi dans l’histoire du cyclisme. A savoir gagner les trois Grands Tours dans la même saison. Avec la crainte de s’y brûler les ailes et d’une gronde montante dans le peloton, son absence lors de cette Vuelta 2024 fera le bonheur des autres. A commencer dans sa propre crèmerie, où les égos des nombreux autres leaders pourront être contentés après avoir été bridés. Ainsi Adam Yates et João Almeida seront en compétition pour glaner leur premier classement général sur un Grand Tour.

La puissance du collectif émirati saura naturellement cristalliser les attentions. Surtout en l’absence de Jonas Vingegaard, la victoire d’un Grand Tour n’a rarement été aussi ouverte depuis le Giro 2022. Pour cause, la condition de Primoz Roglič est incertaine après sa chute sur le Tour de France. Aligné de dernière minute, le Slovène tentera d’égaler le record de quatre victoires de Roberto Heras avec la plus grande des incertitudes. Une conjoncture favorable pour des leaders comme Richard Carapaz, Carlos Rodriguez, Enric Mas, Mattias Skjelmose, Mikel Landa, David Gaudu qui devront saisir l’opportunité d’une vie.

Ni le danois, ni le slovène, ni même Remco Evenepoel ne leur laisseront pareille occasion en or dans les années avenir. La bataille s’annonce âpre pour ravir le maillot rouge. Quoi qu’il arrive, les équipiers de Tadej Pogačar seront en nombre pour réaliser le même exploit que les Jumbo 2023 : le triplé des trois Grands Tours. Et qui sait peut-être le triplé au classement général, avec Isaac del Toro marchant dans les pas de Pogačar 2019.

Wout van Aert, en quête de rédemption

Après des Jeux Olympiques réussis et une forme rassurante, Wout van Aert sera au départ de cette Vuelta 2024 avec énormément d’ambitions. Le belge de la Visma-Lease a Bike, véritable couteau suisse devra choisir ses jours. « Je veux gagner une étape. Et si possible, plus d’une » confiait-il à la télévision belge. Le natif d’Herentals, victime au printemps d’une lourde chute a dû revoir ses plans pour l’année en cours. Effacé sur le Tour de France par rapport aux deux derniers éditions, le fer de lance de l’équipe néerlandaise s’est très vite remobiliser, tant physiquement que mentalement. Sur le circuit intra-muros, des Jeux Olympiques de Paris 2024, Wout van Aert aura été l’architecte de la victoire de Remco Evenepoel. Muselant toutes les offensives de Mathieu van der Poel avec brio, réduisant ainsi ce dernier au silence.

Cian Uijtdebroeks, en électron libre ?

En retrait et au service de Sepp Kuss, sur le Tour de Burgos, Cian Uijtdebroeks a une histoire à régler après son abandon sur le Giro d’Italia. 8e en 2023, la jeune guêpe, transfuge de l’équipe Bora-Hansgrohe peut rêver de mieux. En posture de co-leader, le Hannutois aura un rôle libre a en croire son manager. Une stature au sein de l’équipe qui devrait lui retirer toute forme de pression et servir à sa formation de coureur de Grand Tour.

Autre belge, en découverte, William Junior Lecerf découvrira son premier Grand Tour à la Vuelta 2024. Le loup du Wolfpack sera un allier de taille pour Mikel Landa dans des ascensions où les pourcentages favorisent les poids plume. Des pentes escarpées que Laurens De Plus appréciera pour le contingent belge, ainsi que Dylan Teuns au demeurant. Avant de prendre sa retraite, Thomas de Gendt tentera lui de clôturer son chapitre professionnel de la plus belle des manières. En quête d’un nouveau succès d’étape, le natif de Sint Niklaas transmettra tout son savoir à son coéquipier Lennert van Eetvelt sur la gestion d’une course de trois semaines

Les pronostics de la rédaction :

  • Maillot rouge : Adam Yates
  • Maillot blanc : Carlos Rodriguez
  • Maillot du meilleur grimpeur : Richard Carapaz
  • Maillot du meilleur sprinteur : Wout van Aert

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