Que retenir de ce 106e Giro ?

Le Tour d’Italie a livré son verdict. Au bout de ces trois semaines italiennes, c’est Primoz Roglic qui repart, pour la première fois de sa carrière, avec la prestigieuse tunique rose.

Une première place du Giro avec 14 secondes d’avance

Le Slovène a renversé le classement général lors de l’ultime contre-la-montre dans les pentes abruptes du Monte Lussari (7.8 km à 11,5% de moyenne). Il a comblé les 26 secondes de déboire par rapport à son rival, le Gallois Geraint Thomas. Au final, le sociétaire de Jumbo-Visma remporte cette 106e édition du Giro avec 14 secondes d’avance sur le leader d’Ineos Grenadiers et 59 secondes sur le Portugais Joâo Almeida (UAE-Team Emirates). Les trois premiers finissent dans la même minute, une première depuis 2017. A l’époque, Tom Dumoulin l’avait emporté devant Nairo Quintana et Vincenzo Nibali. Pour Roglic, il s’agit de son 4e Grand Tour, après trois Tours d’Espagne (2019, 2020, 2021). Il ne lui manque que le Tour de France.

Le Tour d’Italie 2023 sans Remco Evenepoel

Côté belge, Remco Evenepoel, maillot rose à l’issue de la 9e étape, a été contraint de renoncer à cause d’un contrôle positif au Covid-19. Ce qui a permis à d’autres Belges de s’illustrer. A commencer par Ilan Van Wilder. Libéré de son rôle de coéquipier, le pensionnaire de Soudal-Quick Step finit 12e en ayant fait jeu égal avec les cadors de ce Giro dans la montagne. De quoi renforcer sa conviction d’avoir plus souvent sa chance à l’avenir. La surprise belge est venue de Laurens De Plus. Après des années de galère suite à des blessures à répétition, il a pu se présenter au départ du Tour d’Italie dans les meilleures conditions. Imprimant un rythme d’enfer dans les cols italiens, il a asphyxié les adversaires de son leader Geraint Thomas, le tout en étant encore capable de s’accrocher pour finir 10e au classement final, le premier Belge après Thomas De Gendt (3e en 2012) à se hisser parmi les dix meilleurs du classement final du Tour d’Italie. 

Derek Gee, la surprise de ce Giro 2023

La révélation de ce Giro est, sans nul doute, Derek Gee. Le sociétaire d’Israel-Premier Tech fut l’éclaircie dans la grisaille italienne, particulièrement tenace durant les deux premières semaines. Méconnu de tous, le Canadien a montré son flair pour les bons coups, avec à la clé quatre 2e place. Le chiffre 2 lui a collé aux basques jusqu’au bout. En effet, il termine 22e du général. En outre, il termine aussi 2e du classement de la montagne et des sprints, remporté respectivement par Thibaut Pinot et Jonathan Milan. Ces derniers ont également fait vibrer les téléspectateurs. Le Français de la Groupama-FDJ, Thibaut Pinot, a flirté à deux reprises avec la victoire d’étape. Trop généreux dans l’effort, il a dû s’avouer vaincu face à Einer Augusto Rubio (Movistar) et le champion d’Italie Filippo Zana (Team Jayco AlUla). Néanmoins, il peut se consoler avec une 5e place finale et un maillot bleu de meilleur grimpeur.

Le maillot cyclamen pour Jonathan Milan

Au niveau des sprints massifs, les succès ont été répartis entre sept coureurs différents (Milan, Matthews, Groves, Pedersen, Ackermann, Dainese et Cavendish). En terminant également quatre fois 2e, Jonathan Milan a prouvé qu’il était le plus rapide de la bande. Avec plus de soutien, l’Italien en aurait claqué d’autres. Il repart donc avec le maillot cyclamen de meilleur sprinteur, une première pour un Italien depuis Elia Viviani en 2018. Arne Marit a essayé de se faufiler dans ces emballages, mais le Belge d’Intermarché-Circus-Wanty doit se contenter de trois Top 10 d’étape.

Une organisation rocambolesque

Si ce Tour d’Italie ne restera pas dans les annales, il aura offert dix bons de sortie victorieux aux baroudeurs. En échec depuis le début de la saison au niveau WorldTour, les habitués de l’échappée matinale ont rectifié le tir durant ces trois semaines, nous offrant des émotions fortes comme le succès d’étape de David Bais pour le compte de la modeste EOLO-Kometa, au sommet du Campo Imperatore.

Pour finir, l’analyse de cette 106e édition ne serait pas exhaustive, sans une mention des organisateurs. Maillot de la montagne remis au mauvais coureur le premier jour, renforcement trop tardif des mesures sanitaires, un parcours déséquilibré avec une troisième semaine dantesque, et surtout un chrono final jugé d’extrême. Le patron du Giro, Mauro Vegni a du pain sur la planche s’il veut attirer des stars comme Remco Evenepoel au départ l’an prochain.