Paris sportifs : une bataille des leaders dès l’ouverture du Tour de France ?

Ce samedi 1er juillet, à 12h30 s’élancera la première étape du Tour de France 2023. Comme en 2021 en Bretagne, la Grande Boucle démarrera sur les chapeaux de roue. Les coureurs du classement général devront être prêts d’entrée de jeu, pour éviter les pièges que leur réserve le Pays-Basque.

Bilbao, un terrain explosif

Bilbao – Bilbao (182 kilomètres) : L’étape inaugurale du Tour de France 2023 n’a rien d’une partie de plaisir autour de la capitale basque. Fort de cinq ascensions répertoriées, le parcours de cette première étape, qui débutera et se terminera à Bilbao, offre 3300 mètres de dénivelé positif.
Si le vainqueur se verra remettre le premier maillot jaune de cette 110e édition. La bataille pour l’échappée du jour s’annonce tout aussi mouvementée. 12 points seront distribués au cours de la journée, pour ravir le premier maillot à pois de meilleur grimpeur. Peu de chance dans ces conditions que l’étape du jour ne glisse entre les mains d’un homme fort.

Le final avec l’enchaînement « côte de Vivero – côte de Pike » est une réplique quasi identique du Circuit de Getxo 2022. Lors dudit Mémorial Ricardo Otxoa, la côte de Vivero (4.2 kilomètres à 7.3 %) avait été utilisée en guise d’anticipation de la côte de Pike. Quid des moins bons puncheurs-grimpeurs qui désireront faire de même pour l’étape du jour ? Un coureur offensif comme Mathieu van der Poel pourrait considérablement remodeler le visage des 27 derniers kilomètres, en y plaçant les premières estocades. Si tenté, bien sûr, qu’aucune équipe n’y imprègne pas un rythme trop soutenu, pour annihiler toute attaque.

Malgré tout, la côte de Pike (2 kilomètres à 10 %) aura le rôle de juge de paix. Avec un sommet bien plus proche sur le Tour de France qu’à Getxo. Seulement 9.6 kilomètres le séparent de l’arrivée, ce qui rend un retour de l’arrivée bien plus compliqué. La descente ajoutera une dimension stratégique à la course en fonction des compositions de groupes qui y auront fait des différences.

Une guerre Jumbo-Visma – Tadej Pogacar inévitable ?

Orienter ses paris sportifs ne sera pas tâche aisée. L’écueil pour une offensif de Tadej Pogacar (4) dans la côte de Pike repose sur le retrait des secondes bonifications offertes en son sommet. D’autant que la forme du slovène est incertaine. A 100 % de sa condition physique, il trouvera un terrain à sa convenance pour prendre du temps sur ses adversaires. Mais le leader émirati n’a été revu en course que lors de ses championnats nationaux. Qu’il a écrasé facilement, ce qui donne tout de même une idée de comment il peut être remis de sa blessure au poignet.
Parmi les meilleurs puncheurs du monde, parmi les plus rapides dans un sprint réduit, « Pogi » coche toutes les cases pour l’emporter. Un kilomètre final à 5.6 % qui ressemblent en apparence à celui de Longwy, qu’il avait remporté devant Michael Matthews en 2022.

Pourtant les clés du rythme imposé dans la côte de Pike sont dans les mains de la Jumbo-Visma de Jonas Vingegaard (16). D’aucun n’aura oublié le train infernal que les Killers Wasps ont imposé dans le Cap Blanc-Nez, l’an passé. Une réplique est à prévoir pour tester la condition de Pogacar. Christophe Laporte, Tiesj Benoot et Wout van Aert seront là pour faire imploser le peloton et propulser une offensive de leur leader. Un scénario des envisageables, mais une issue des plus incertaines.

Une avance à prendre au classement du Tour de France 2023 ?

Imaginons que Vingegaard et Pogacar, une jambe de la concurrence, se retrouvent en mano-a-mano. Dans une telle hypothèse, est-ce que le danois collaborera avec le slovène (qui le bat théoriquement au sprint) ? La réponse est sans doute négative. Dès lors, un retour de l’arrière est à prévoir. Si Wout van Aert (6) est dans le groupe, alors le belge ira au sprint en défense de secondes bonifications accordées aux trois premiers.

Et si les deux grands favoris font imploser le peloton, mais pas suffisamment pour lâcher des concurrents au podium final. Dès lors des leaders à l’aise dans les forts pourcentages ont toutes les chances de faire la bascule. On peut penser à des profils comme Mattias Skjelmose (4.5), Richard Carapaz (8), Mikel Landa (34), Enric Mas (51), David Gaudu (21) ou Pello Bilbao (6). Qui auront, dans une moindre mesure, une occasion d’aller chercher une place à l’arrivée.

Un parcours de la première étape favorable aux puncheurs ?

Que ce soit d’un retour par l’arrière que d’une sélection moindre, les profils de puncheurs voire de sprinteurs-puncheurs ne sont pas à exclure. A ce titre, Julian Alaphilippe (13) et Mathieu van der Poel (5) sont de véritables épouvantails. Capables de s’imposer au sprint, comme de profiter des circonstances de course pour prendre la poudre d’escampette. Le point d’interrogation pour le néerlandais repose sur sa capacité à basculer avec les meilleurs dans un effort punchy de 5’30’’. Quoi qu’il arrive, sa rentrée de juin est si tonitruante qu’il ne peut être écarté si facilement. Le sprint final ne peut lui convenir mieux, qu’il faudra s’en débarrasser dans la côte de Pike. De craintes de le voir ravir la victoire dans les rues de Bilbao.
Pour le français, le dilemme est tout autre. Rassurant sur le Critérium du Dauphiné, le double champion du monde a vécu un coup de chaud sur le Championnat de France. Tant et si bien que les suiveurs sont toujours en interrogation sur le retour de « Loulou » à son meilleur niveau. Malgré une forme optimale, Alaphilippe est-il capable de battre à la régulière les trois fantastiques (MVDP, WVA et Pogacar) ? Les doutes sont permis quand le protagoniste lui-même doute de ses capacités.

Des puncheurs pas forcément plébiscités

Parmi ces coureurs explosifs, Tom Pidcock (13) est dans doute en tête de liste. Mais sa propension à se mettre en route après quelques jours de course laisse poindre quelques doutes. Capable de rivaliser avec les meilleurs et de battre un coureur comme Wout van Aert au sprint, en fait néanmoins un nom à retenir. Bien que sa rentrée au Tour de Suisse n’ait guère donné de bonnes indications ou rassuré sur l’état de forme du britannique. Un flou tout aussi certain pour un Alberto Bettiol (151), capable du pire comme du meilleur. Des indices plus rassurants pour Benoît Cosnefroy (61), qui ne permettent pas de le remettre dans le jeu d’une victoire promise à un homme fort. Il en va de même pour Mathieu Burgaudeau (151). Toujours du côté de l’Hexagone, la Cofidis n’a plus remporté une victoire d’étape sur le Tour de France depuis 2008. Victor Lafay (101) pourrait corriger cette aberration sur les terres espagnoles. La Piel de Toro réussie énormément à l’équipe de Cédric Vasseur. A moins qu’un coureur local comme Omar Fraile (61) ne soit galvanisé par la foule.

Parier sur les sprinteurs, fausse bonne idée ?

Au cours des trois dernières années, le Circuit de Getxo a montré qu’un retour de l’arrière de sprinteurs comme Giacomo Nizzolo est possible. Ce n’est pas Alex Aranburu (41) qui dira le contraire. Le basque connaît ces ascensions mieux que quiconque. D’autant que le sprinteur de la Movistar a montré cette année qu’il montait, comme jamais il ne la fait auparavant. Il lui faudra pourtant être dans un grand jour pour espérer triompher sur ses terres.

L’aide de la Trek-Segafredo pourrait lui être bénéfique. En effet, en interview, Mattias Skjelmose n’a pas caché les intentions de son équipe de faire basculer Mads Pedersen. Un choix surprenant, qui peut trouver son explication, dans la quête du maillot jaune sur les étapes à venir. Une mission qui s’avère tout aussi impossible pour Biniam Girmay (67).

Notre pronostic : Tadej Pogacar ne devrait pas se laisser marcher sur les pieds. La Jumbo-Visma le testera, sans réussir toutefois à le bousculer. Nous proposons un podium du slovène à 2.4 sur Ladbrokes.be