Paris sportifs en ligne : une mini Klasikoa San Sebastian sur le Tour de France

Dimanche 2 juillet prendra part la deuxième étape du Tour de France 2023. A l’image de la veille, le Pays-Basque offre un terrain piégeux entre Vitoria-Gasteiz et San Sebastian. Comme un doux parfum de Klasikoa plane dans l’air pour les coureurs du classement général.

Saint Sébastien, terre de cyclisme au mois de juillet

Vitoria-Gasteiz – San Sebastian (209 kilomètres) : l’esprit de Christian Prudhomme sur cette décennie est de mettre à l’honneur la génération des « fantastiques ». En leur offrant un terrain de jeu à la hauteur de leur tempérament offensif, le patron du Tour est en quête perpétuelle de spectacle. La Bretagne en 2021, le Pays-Basque cette année et l’Emilie-Romagne en 2024 ont tous les ingrédients d’un départ explosif. Le territoire familier de la mythique Euskatel-Euskadi sera loin d’être hospitalière pour les plus grosses cuisses du peloton. 3 000 mètres de dénivelé positif qui ne laissent guère de place au doute, quant au scénario du jour.

Le Jaizkibel, décideur du profil du vainqueur

L’ascension emblématique du Jaizkibel sera le point névralgique de cette deuxième étape du Tour de France 2023. Contrairement à la Donostia San Sebastian Klasikoa, elle sera empruntée dans le sens inverse. Par le versant connu notamment chez les féminines, sur l’Emakumeen Bira. Une montée de 8.1 kilomètres à 5.3 % qui offrira des bonifications (8 – 6 et 3 secondes) au sommet. Avec pour volonté de créer du mouvement au sein des candidats à la victoire finale de cette 110e édition de la Grande Boucle.

Vers un sprint réduit dans les rues de San Sebastian ?

Le sommet du Jaizkibel sera situé à seulement 16,5 kilomètres de l’arrivée. Avec un final se découpant en deux parties quasi-égales (8 kilomètres de descente et 8.5 kilomètres de replat). Ce qui peut permettre à des coureurs lâchés dans la dernière difficulté de rentrer en ne basculant pas trop loin.

6.8 kilomètres de l’arrivée : l’entrée dans Saint Sébastien nécessitera d’anticiper un bon placement. Avec un peloton qui va s’étirer à l’approche du premier carrefour giratoire.

5 kilomètres de l’arrivée : comme tous les ronds-points de ce final, seulement le côté droit sera ouvert. Ce qui aura pour tendance d’allonger inexorablement le peloton et compliquer toute remontée.

3.7 kilomètres de l’arrivée : à la sortie du rond-point, il faudra négocier un léger faux plat montant d’un kilomètre à 4.3 %.

3.1 kilomètres de l’arrivée : à la sortie du rond-point, il faudra négocier un léger faux plat montant d’un kilomètre à 4.3 %.

1.3 kilomètre de l’arrivée : bifurcation sur la droite.

600 mètres de l’arrivée : une dernière courbe à négocier dans les premiers de cordée pour espérer débouler en bonne position pour la ligne droite finale.

Le Jaizkibel est trop difficile pour les sprinteurs comme Fabio Jakobsen. Les chances sont maigres de voir la Soudal Quick Step contrôler l’étape. Sans doute que les UAE émirates voudront laisser filer une échappée. Mais la montée étant dans les cordes de la très grande majorité des leaders du classement général. Il faudra compter sur les équipes de sprinteurs polyvalents, pour mettre en ordre de marche le peloton. Conformément aux dispositions de l’article 24b) du règlement de l’épreuve, l’étape étant classée en classe 2, 50 points seront attribués au vainqueur. La Lidl-Trek de Mads Pedersen sera-t-elle inspirée pour chercher un sprint réduit ? La question se pose tout aussi bien pour les Alpecin Deceuninck de Jasper Philipsen.

Un nouveau jour de repos pour les sprinteurs

D’évidence Fabio Jakobsen, Dylan Groenewegen, Caleb Ewan, Mark Cavendish, Sam Welsford, Phil Bauhaus et Jordi Meeus mettront les warnings. Avec la ferme intention de garder des forces pour le lendemain. Le Jaizkibel ne rentre vraiment pas dans les caractéristiques de ces sprinteurs. On pourrait penser que l’australien puisse tenter le coup. Mais la « pocket rocket » ne grimpe plus comme avant. Et quand bien même, la montée symbolique du Pays-Basque ne lui sied guère. Il apparaît illusoire d’espérer le voir basculer quand des équipes de sprinteurs tenteront de le mettre par la fenêtre.

Mads Pedersen devra trouver le bon rythme

Osé sera le pari sportif sur Mads Pedersen. Son équipe tentera, à l’image de ce qu’ils avaient fait pour lui sur l’étape de Melfi au Giro d’Italia. Problème, les Jayco AlUla avaient très bien joué le coup et réussi à faire vaciller le danois dans la montée de Valico la Croce. Nul doute que certains s’en inspireront pour mettre à mal les jambes du champion du monde 2019. La question n’est donc pas tant de savoir si Mads Pedersen basculera avec le peloton. Mais si le débours pris dans le Jaizkibel lui permettra d’espérer un retour dans le peloton. Et plus largement d’avoir le temps de récupérer avant le sprint final sur la Zurriola Hiribidea.

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Le dilemme pour les Alpecin-Deceuninck

Dans le même ordre d’idée, si sur l’étape de Messina, les Alpecin-Fenix avaient mené bon train l’ascension du Portella Mandrazzi pour Mathieu van der Poel. Il apparaît peu probable de voir les Belges faire de même pour Jasper Philipsen, qui devra pousser ses limites. Un plan b peut être envisageable avec Mathieu van der Poel. La partie finale du Jaizkibel est comparable à la montée de Vivero. Mais si le rythme est fait dès le pied, il n’est pas certain que le néerlandais ne décroche pas lui aussi.
La force d’un collectif repose sur les additions d’individualité qui peuvent aider ou suppléer les coéquipiers. Quinten Hermans peut être la troisième roue du carrosse dès lors que ses deux leaders seront décrochés. Mais si la limite est franchie pour MVDP, verra-t-on son compère des labourés ? Reste l’option du « coup du kilomètre » de Soren Kragh Andersen. Toujours difficile à mettre en œuvre quand le final n’est pas assez tortueux.

Des équipes qui vont devoir se réinventer

La Movistar d’Enric Mas et la EF Education-Easypost de Richard Carapaz vont devoir revoir leur copîe rapide avec la chute de leur leader. Les Espagnols ont en leur sien, Alex Aranburu qui grimpe comme jamais auparavant. L’occasion apparaît trop parfaite de faire gagner le basque sur ses terres. L’équipe est donc en tête de liste pour accélérer le rythme dans les pourcentages les plus prononcés du Jaizkibel. Souvent placé, rarement vainqueur, Aranburu doit trouver le surplus de motivation après une excellente 16e place, à 21 secondes du groupe des leaders.

Le constat est le même pour les Américains. Magnus Cort Nielsen est leur homme rapide. Pourfendeur d’échappée, le danois ne participe que rarement à des sprints massifs. L’hypothèse est tout autre lorsqu’un sprint réduit se profile. Vainqueur plus tôt dans la saison sur le Giro d’Italia, MCN est l’homme des grands rendez-vous. Seul ombre au tableau, il est de ces coureurs qui se bonifient avec le temps. Plus les jours avancent, plus la fatigue s’installent ; plus il prend un avantage sur ses rivaux. Malheureusement, la fraicheur d’un début de Grand Tour primant. Les EF ne devraient pas relever la tête demain, grâce à leur moustache préférée. Reste l’opposition offensive de Nelson Powless qui sera probablement en défense du maillot de meilleur grimpeur au sommet du Jaizkibel. Bon courage néanmoins pour résister au souffle du peloton ensuite

L’année de la révélation pour Corbin Strong ?

La menace la plus grande pour un gros tempo dans le Jaizkibel repose bel et bien sur les épaules des Israël Premier Tech. Corbin Strong est très nettement le sprinteur qui passera le mieux les difficultés. Sa 15e place du jour est loin d’être anodine et témoigne de la forme du Néo-zélandais. Tranchant sur la Route d’Occitanie, il ne cesse de prendre du galon après ce qu’on en a vu sur le début de saison. Que ce soit en Australie ou en F Catalogne, il est de ceux qui bouffent les difficultés et sont capables de débouler à toute allure. Un succès sur le Tour de France signerait sa première victoire World Tour.

Une mise au vert pour Wout van Aert

D’emblée, en l’absence des gros noms, Wout van Aert (11) fera office d’épouvantail. Le couteau-suisse belge est parmi les hommes les plus rapides du peloton. En quête d’une victoire d’étape, l’occasion est rêvée pour que le belge ouvre son compteur sur le Tour de France 2023. Toute la question sera de savoir si Christophe Laporte, mis à contribution aujourd’hui, le sera demain. Auquel cas, le français aura du mal à accompagner son sprinteur dans le final. C’est donc seul ou accompagné d’un seul leadout que WVA devra aller au sprint. Loin de déranger le belge de la Jumbo-Visma qui est un as du placement. Sa forme est certes, ses envies sont énoncées : remporter une victoire d’étape et ne pas aller dans tous les sprints. Un sprint réduit est une prise de risque minimale, comme une espérance de gain qu’il n’aura pas autant le lendemain. Reste plus qu’à mettre la balle au fond des filets pour le 4×4 humain.

Des noms à ne pas oublier

Il ne suffit pas d’être sprinteur pour s’imposer. Il faut être costaud. Biniam Girmay est entre un Mads Pedersen et un Corbin Strong dans sa capacité à pouvoir faire la bascule. Décevant aujourd’hui, il voudra à coup sûr lutter pour faire la bascule. S’il décroche, il devrait être comme Pedersen. Non loin du peloton et pouvoir rentrer, comme il l’a fait après Vivero. Aura-t-il le jus nécessaire pour faire un sprint et lever les bras ? Les doutes sont de mises. Le monde entier cependant espère un Vini Vidi Bini sur le Tour de France. Pour porter au plus haut les couleurs de l’Erythrée.

Dans l’espoir de briller pour Gino Mäder, Fred Wright peut avoir l’équipe qui tente le coup à fond pour lui. Rapide au sprint, il n’a rien à envier au nom précédemment cité. Si ce n’est qu’il brille plus facilement, si le groupe de tête est conséquemment réduit. Dans le même ordre d’idée, Maxim van Gils est de ces grimpeurs avec une belle pointe de vitesse. A l’image d’un Julian Alaphilippe ou à l’inverse d’un Matteo Trentin qui ira s’il n’est pas lâché. Sinon, Tadej Pogacar pourra toujours tenter. Bien qu’il ne soit pas certain qu’il prenne le risque de sprinter face à 4-5 mecs profilés sprinteurs. Le slovène aura bien d’autres occasions de gagner du temps sur Jonas Vingegaard.

Les étapes se suivent et ne se ressemblent pas, mais n’oublions pas Victor Lafay si l’on cite Alaphilippe. Le puncheur français n’est pas en reste et plus l’écrémage sera conséquent. Plus il deviendra un nom incontournable avec ce qu’il a montré sur les pentes de la côte de Pike. Quant aux DSM pour ne pas être trop exhaustif, la curiosité sera autour de Matthew Dinham qui a surpris son monde aujourd’hui.

Notre pronostic : Wout van Aert a annoncé la couleur avant le Tour de France. Wout van Aert doit gagner, avant de risquer de sortir du Tour pour assister à la naissance de son second enfant.

Corbin Strong pour prendre une place sur le podium ?