Madouas pendant le tour de france

Paris sportifs : une première bataille pyrénéenne ?

Mercredi 5 juillet, c’est au tour des baroudeurs de l’exprimer sur le Tour de France 2023. Après deux occasions pour les puncheurs et leaders au Pays-Basque et deux occasions pour les sprinteurs, il est temps de passer la main aux échappées. L’étape de Laruns doit poser la question suivante : est-il bon de faire des paris sportifs sur une nouvelle bataille de leaders ?

Un copier-coller de 2020

Pau – Laruns(162.7 kilomètres) : l’étape 5 du Tour de France 2023 entre Pau et Laruns n’est pas étrangère au peloton professionnel. Les quatre-vingts derniers kilomètres sont un véritable copier-coller de l’étape mémorable de 2020. Statistiquement, le premier rendez-vous montagneux est réservé aux baroudeurs. 
Cependant, les secondes bonifications (8-5-2) au sommet du Col de Marie Blanque pourraient rebattre les cartes du scénario privilégié. Les pentes à deux chiffres du Col de Marie Blanque pourraient permettre de lancer quelques offensives au sein du peloton des leaders. Avec les bonifications à l’arrivée (10-6-4), Tadej Pogacar trouve une nouvelle fois un terrain de jeu où il pourrait creuser son avance sur Jonas Vingegaard. Seulement, la volonté émiratie serait plutôt de lâcher le maillot jaune pour préserver l’équipe sur les étapes à venir. On le sait la responsabilité de la chasse derrière les échappées, sur les étapes accidentées et montagneuses, repose sur les épaules de cette dernière. Les heures sont comptées pour Adam Yates qui aura profité de quatre jours en jaune. 

Parier sur une loterie  

Ce n’est qu’à 75.2 kilomètres de l’arrivée qu’interviendra le premier sommet du jour avec le Col de Soudet (15.2 kilomètres à 7.2 %). Une difficulté dont le pied est situé à un peu moins de deux heures de course, menées tambours battants. L’échappée devrait donc s’établir sur la première partie plane de l’étape, ce qui favorise des gros moteurs. Pour les purs grimpeurs, il s’agira de savoir s’appuyait sur des équipiers pour se porter vers l’avant. 

Pour les baroudeurs les moins à l’aise avec les gros pourcentages, le Col d’Ichère (4.2 kilomètres à 7 %) pourrait être le lieu idéal d’anticipation. 

Puisque le Col de Marie Blanque (7,7 kilomètres à 8,6 %) ne fera pas de cadeau. S’ouvrant sous un déguisement amical (3.7 kilomètres à 5%), les pentes les plus hostiles finissent par montrer les vilaines dents de cette difficulté. 

Les quatre derniers kilomètres offrent un terrain pour faire imploser n’importe quel groupe. Augmentant respectivement de 10 %, 12 %, 13 % et 10 %, Marie Blanque est un col exigeant et impardonnable. 

L’heure du réveil a sonné 

Le vent favorable sur l’ensemble de la journée poussera inexorablement les coureurs vers l’arrivée à Laruns. De quoi encourager les velléités à tous les échelons de la course. 

Des paris non figés au sommet de Marie Blanque 

Comme le montre les images de 2020, virer en tête au sommet n’est pas gage d’avoir course gagnée. En effet, ce n’est qu’avec une avance de 20 secondes que Marc Hirschi avait fait la bascule. La victoire lui a finalement filé entre les mains. Après avoir résisté à maintenir sa faible avance sur le groupe de poursuivants pendant près de dix-sept kilomètres. 

Un Wout van Aert intenable ? 

Au cours des quatre premières étapes, Wout van Aert n’a eu de cesse d’être l’une des cartes. Si ce n’est la carte privilégiée. Malheureusement, le belge aura échoué de peu à San Sebastian. Lui valant une colère monstre que tout le monde aura en mémoire, surtout Netflix en vue de sa saison 2. Si Limoges semble être la meilleure option pour les étapes de la semaine restante, il n’a pas caché ses ambitions sur toutes les étapes. Laruns n’est donc pas à éliminer de l’équation. En effet, l’homme à tout faire des Jumbo-Visma peut briller sur tous les terrains. Mais surtout a le moteur pour s’extraire avec facilité du peloton. La question de sa présence dans l’échappée ne repose pas sur sa seule volonté, mais surtout celle de son équipe. A seulement 16 secondes du maillot jaune, WVA a une option pour ravir le maillot à Adam Yates. Les émiratis ne le verraient d’ailleurs pas d’un mauvais œil. Le sprinteur des Killer Wasps n’est pas un danger au classement général. De plus, offrir le maillot à l’équipe rivale s’avèrerait être un cadeau empoisonné. Puisque les hommes de Frans Maassen et Arthur van Dongen devront dès lors assurer la chasse sur les étapes à venir. Au profit d’une équipe émiratie déchargée de cette charge. En cas de présence autorisée dans l’échappée, il conviendra donc de se débarrasser de ce formidable rouleur, bon grimpeur et excellent sprinteur. Un véritable épouvantail à n’en pas douter, d’autant que le belge a les crocs. 

Neilson Powless, un pari fiable ? 

Au jeu de la loterie, il est un coureur dont sa présence ne fait guère de doute. En quête d’une victoire d’étape et aussi en défense du maillot de meilleur grimpeur, Neilson Powless sera aux avant-postes. Comptant 18 points au classement du maillot à pois, la tunique de l’américain est sous la menace de quiconque figurerait dans l’échappée. 32 points sont distribués au total dont 20 au sommet du Col du Soudet. Nul doute que cette fois-ci, les points seront disputés au coureur de la EF Education EasyPost. Cela étant dit, il a toutes les qualités requises pour briller sur ce type d’étape. Attention tout de même a ne pas en faire de trop au départ, pour vouloir à tout prix être dans l’échappée.  

L’heure des offensives pour la Groupama-FDJ ? 

Au soir de la première étape, tout était possible au classement général. Désormais, David Gaudu est en bonne position pour avoir un collectif dévoué entièrement à sa cause. Seulement, Marc Madiot avant le Tour de France annoncé que certains coureurs auraient des opportunités pour jouer leur carte personnelle. Thibaut Pinot et Valentin Madouas étaient parmi les coureurs cités. Ces deux coureurs ont perdu du temps dimanche, à San Sebastian. Un replacement de Pinot sera sans doute mal venu. Le grimpeur français pointant à moins de 3 minutes. Une problématique toute autre pour le Champion de France. A 3 minutes 08 de Yates, le 10e du Tour de France 2022 n’apparaît pas véritablement comme une menace crédible. Et ce malgré ses performances sur la Grande Boucle, l’année dernière. Véritable 4×4 tout terrain, il était la semaine dernière dans une forme éblouissante. Après un contre-coup de deux premières journées ultra exigeantes, les deux journées de repos ont dû lui faire du bien. « Les deux premiers jours, put*** ! D’habitude, j’ai les jambes lourdes au bout de 5-10 jours », disait-il à Wout van Aert, face caméra. Avec les jambes du France, il sera compliqué de lutter contre le maillot tricolore dans Marie Blanque. Et si un petit comité devait se disputer la victoire, sa pointe de vitesse est plus que correcte. 

Des coureurs en veux-tu, en voilà 

Nombreux sont ceux à avoir perdu du temps et parfois énormément de temps. Les deux premiers jours ont façonné le visage des prétendants au GC et éliminé quelqu’un. Certains grimpeurs ont perdu tant de temps qu’ils peuvent rêver d’avoir le champ totalement libre. 

En tête de cette liste, une équipe comme la Movistar doit se réinventer après avoir perdu Enric Mas sur chute. Matteo Jorgenson a perdu du temps au classement général en attendant son leader au sol. Gros moteur et révélation il est l’une des révélations de la saison après un printemps totalement réussi. Antonio Pedrero, impressionnant à La Bastille sur le Dauphiné, pourrait tout autant faire la blague pour l’équipe espagnole. Tout comme Ruben Guerreiro s’était montré à son avantage sur la Route d’Occitanie. 

Adepte des échappées de gros moteurs et désireux de s’illustrer sur des terrains montagneux, Victor Campenaert a les qualités pour être devant. Le belge de la Lotto Dstny sait d’office qu’il devra anticiper dans un groupe à l’avant pour basculer en tête dans Marie Blanque. 

Comme les Movistar, les EF Education EasyPost ont perdu Richard Carapaz sur chute. L’équatorien sorti du Tour sur une fracture de la rotule laisse son équipe orpheline d’un leader. Si Powless a la primeur des points KOM, le jeu d’équipe peut jouer un rôle important. Alors Alberto Bettiol devra être présent et tiré profit du surnombre. Marie Blanque correspond à ses caractères, reste à l’italien de faire preuve d’intelligence de course. Rarement vu malheureusement… 

Julian Alaphilippe pourra-t-il sauver les meubles après un week-end gâché et la chute de son sprinteur ? Il apparaît être la meilleure carte des Soudal Quick Step. Quinn Simmons n’a pas eu son mot à dire le 4 juillet, l’américain sera-t-il a la fête lors de sa propre indépendance ? Lawson Craddock sera-t-il encore et toujours dans la position de l’anticipation d’un beau groupe d’échappée ? Pascal Eenkhoorn surfera-t-il sur sa forme actuelle, si Maxim van Gils n’est pas bien remis de sa chute d’il y a deux jours ?  

Est-ce l’heure pour Georg Zimmermann de confirmer son succès au Dauphiné ? Warren Barguil attendra-t-il l’arrivée au sommet de Cauteret ? Chez les Uno-X, Tobias Halland Johannensen a carte blanche mais la cote Marie Blanque lui convient-elle ? Côté gros moteur qui grimpe chez les Ineos Grenadiers, Jonathan Castroviejo a un nouveau shot en échappée ? Hugo Houle referra-t-il le bonheur des suiveurs sur des pentes qui rappelle le terrible mur de Péguère ? 

Une liste de noms non exhaustive, la magie d’une étape loterie. Un rappel d’être prudent dans ses paris sur le Tour de France 2023 

Et si on devait parier sur le classement général ? 

Qui peut rivaliser au sommet de Marie Blanque et à l’arrivée de Laruns face à Tadej Pogacar ? Personne, le slovène est sur une autre planète. Une journée corvée pour Jonas Vingegaard qui devra le coller comme une sangsue. Mais sans grand espoir de contrer le punch de son rival. A moins que le maillot blanc ne préfère laisser un Simon Yates ou un Victor Lafay endosser la tenue. Cependant, le danois ne laissera pas ce plan se dérouler.  Pour une place sur le podium d’une arrivée de leader, surtout ne pas mésestimer le punch de David Gaudu.

Notre pronostic : la forme était excellente aux Championnats de France, les possibilités de victoires d’étape sont réalisables et le jaune envisageable. Valentin Madouas sera notre pronostic pour cette étape des plus indécises.