Paris sportifs en ligne : une occasion rêvée pour Wout van Aert ?

Samedi 8 juillet, le Tour de France fera une escale du côté de la Haute-Vienne. Une étape qui pourrait partir dans tous les sens. Nombre sont les sprinteurs à avoir jeté leur dévolu sur une étape avec un dernier kilomètre ascendant. Nombre sont les baroudeurs qui ne l’entendront pas de cette oreille. Quel scénario privilégié ? Qui parier ? Penchons-nous sur ces questions.

Une étape hybride

Libourne – Limoges (200.7 kilomètres) : huitième étape du Tour de France 2023 avant le grand rendez-vous de la première semaine. Comme le veut l’adage : « les sprints se suivent, mais ne se ressemblent pas ». L’étape du jour n’échappera à la règle. Une longue journée attend le peloton. Une balade à 2 000 mètres de dénivelé positif qui en apparence à tout d’une promenade de santé. La moitié du chemin ascendant se situera pourtant dans le dernier tiers de la course. Ce qui rend la course d’autant plus intrigante qu’intéressante.

Une approche vallonnée d’un sprint musclé

75 kilomètres de l’arrivée : la véritable course s’ouvre avec le premier grimpeur de la journée. A partir de la Côte de Champs-Romain (2.8 kilomètres à 5.2 %), le terrain ne cessera d’être mal plat. Certaines équipes devraient être inspirées d’y accélérer le rythme pour mettre à mal la durabilité de certains sprinteurs.

17 kilomètres de l’arrivée : la Côte de Masmont se prête aussi au jeu d’usure et de tension dans le peloton.

10 kilomètres de l’arrivée : la même réflexion s’applique avec la Côte de Condat-sur-Vienne.

4.5 kilomètres de l’arrivée : rond-point ouvert des deux côtés, mais le côté droit semble plus rapide.

4.2 à 3.7 kilomètres de l’arrivée : enchainement de terrepleins centraux signalés, la vigilance est de mise.

3.4 kilomètres de l’arrivée : passage à gauche des plus vivement conseillés.

3.1 kilomètres de l’arrivée : bifurcation avec un petit kick qui naturellement tend un peloton.

3 kilomètres de l’arrivée : bifurcation à droite avec rétrécissement de la route.

2.7 kilomètres de l’arrivée : tournant à droite à la sortie du Pont de la Révolution pour rejoindre les quais.

2 kilomètres de l’arrivée : prise de vitesse avec un faux plat descendant. Ce qui implique avec la proximité de l’arrivée, qu’il faudra être placé dans la roue du train qui aura le lead du peloton.

Flamme rouge de l’arrivée : pied du dernier kilomètre d’un sprint punchy (800 mètres à 4.4 %).

Vue à proximité de l’arrivée

Une bataille pour l’échappée dès le départ

Le vent sera portant toute la journée, ce qui ne devrait pas manquer d’encourager les velléités. Les candidats pour l’échappée seront nombreux. Tout l’art sera de savoir si les équipes de sprinteurs comme les Cofidis, les Lidl-Trek ou les Intermarché Wanty-Gobert sauront filtrer au mieux les fuyards. D’autant que les Alpecin-Deceuninck, les Soudal Quick Step, les Lotto Dsnty et même les Jayco-AlUla peuvent se joindre à la main d’œuvre. Un nombre d’équipes assez sérieux pour freiner toutes les véhémences. Que ce soit en faveur de leur sprinteur, à l’image des Jayco de Groenewen que de leur puncheur à l’instar des Soudal d’Alaphilippe.

Du côté de l’arrivée, cette direction du vent implique un dernier kilomètre abordé de manière défavorable. Il faudra ainsi être un fin gestionnaire pour ne pas déclencher trop tôt au sommet.

Les Alpecin-Deceuninck fassent à un dilemme

Et de trois pour Jasper Philipsen (4.5) qui domine de la tête et des épaules le classement par points. Avec 50 points à l’arrivée, le belge pourrait mettre une claque à ses adversaires en remportant un quatrième succès. Son dauphin compte 88 points de retard audit classement du maillot vert.

Si les équipes de sprinteurs adversaires trouvent un comme un accord. Le sprinteur de la Alpecin Deceuninck fera face un final qui reste dans ses cordes. Pas loin de rappeler le sprint de Cahors, l’an dernier, où il avait pris la deuxième place derrière Christophe Laporte. Il ne faut pas le mésestimer sur ce type de finish. Cette année, il semble avoir aussi franchi un pas sur des sprints en cote. Un sprint dans l’esprit de Dun-le-Palestel, qui était pourtant plus long d’un kilomètre supplémentaire. Et où il n’avait été dominé que par Mads Pedersen, Wout van Aert et Bryan Coquard.

Seulement, l’équipe compte dans ses rangs une deuxième option qui pourrait tenter sa carte personnelle en échappée. Il est vrai que Mathieu van der Poel (7) arrive sur les terres de son enfance. Dans la Haute Vienne qui habitait la demeure de feu son grand-père, Raymond Poulidor. Une chose est certaine, le néerlandais a l’envie de se porter vers l’avant. Dans de telles conditions, MVDP permettra à son équipe de ne pas contrôler l’étape du jour. Tout en ayant l’avantage de servir éventuellement de poisson pilote pour Philipsen en cas de reprise. Une chose est certaine, l’arrivée de Limoges lui va aussi comme un gant. Ce qui laisse une marge tactique pour l’équipe belge.

Rassasier Wout van Aert

« J’espère un jour monter sur le podium en tant que vainqueur d’étape, mais je ne sais pas si demain ce sera possible. C’est une étape pour les purs sprinteurs. Je pourrais plutôt me concentrer sur l’arrivée de Limoges ». Comme annoncé, à Bordeaux, Wout van Aert (4.5) n’a pas sprinté. Les yeux rivés vers Limoges, la question sera de savoir si le belge compte ou non s’échapper. En duo avec MVDP, l’échappée composée des deux frères ennemis sera difficile à rattraper. Ou se contentera-t-il d’attendre son heure dans le peloton ? L’aide de Christophe Laporte et d’un train Jumbo-Visma surpuissant ne serait pas de trop pour éparpiller le peloton dans l’Avenue Jean Gagnant. Plus les jours passent et plus, le 4×4 des Jumbo-Visma semble retrouver de plus en plus de couleur. Non loin d’un succès, que ce soit à San Sébastian qu’à Bayonne face à Philipsen (dans un sprint au 200m ascendant). Le belge est tout proche de décrocher ce qu’il est venu chercher sur cette Grande Boucle.
Vitesse, capacité d’endurance et forme WVA coche absolument toutes les qualités pour être le grand favori.

Biniam Girmay pour l’Histoire

L’Erythrée n’a jamais été aussi prête d’avoir son premier vainqueur sur le Tour de France. Ce sera une victoire historique pour le sport africain que Biniam Girmay (11) vienne à s’imposer. Adepte des sprints ascendant, il est édifiant de l’avoir vu s’illustrer à Bordeaux, en prenant la troisième place. Sur le Giro d’Italia 2022, il avait fini à la deuxième place derrière Mathieu van der Poel sur l’étape d’ouverture. Mais c’est dans une étape au profil similaire à celui du jour, qu’il avait levé les bras à Jesi. Son principal allier sera son poisson pilote, Mike Teunissen qui devrait lui aussi apprécier cette finition. Mais attention au vent de face, nous connaissons Bini pour sa capacité à faire des sprints longs. Il faudra néanmoins déclencher le plus tard possible pour éviter d’être face au vent trop tôt.

Les sprinteurs polyvalents à la fête ?

L’intention de leurs équipes sont claires : propulser leur sprinteur vedette au sommet de la place Jourdan. C’est pourquoi la Lotto Dstny a annoncé miser sur Caleb Ewan (8) qui trouve un sprint qui correspond à ses caractéristiques. La route ascendante et le vent de face devrait naturellement le mettre dans le jeu des potentiels vainqueurs. Jasper de Buyst qui semble récupérer pourra-t-il bien le placer ? Jusqu’à présent, l’aussie s’est plutôt bien débrouiller dans le placement. Bis repetita ?

Les Lidl-Trek devraient probablement faire all-in derrière Mads Pedersen (16). A Limoges, le danois trouve sa meilleure opportunité de victoire sur cette édition du Tour de France. Sa paire avec Jasper Stuyven devrait lui permettre de bénéficier d’un très bon placement. Seulement, battu notamment par Bryan Coquard sur les sprints intermédiaires, tend à montrer que les jambes ne sont pas celles espérées. Son début de saison combiné à son Giro commencent-t-ils à peser sur la durabilité de l’ancien champion du monde ?

Comme mentionné précédemment, Bryan Coquard (21) semble être dans la forme de sa vie. Impressionnant sur les sprints plats, c’est sur les sprints à l’image de celui de Limoges que le français excelle. Le sprinteur de la Cofidis a rendez-vous avec une revanche. Battu pour 28 millimètres en 2016 par Marcel Kittel, ici même, c’est en quête de rédemption que le Coq prendra le départ de demain. Son gabarit compacte doit lui permettre de plus facilement trouver un abri bienvenu lorsque le vent souffle dans la mauvaise direction. L’heure est à la reproduction de sa première victoire World Tour en début de saison, à Willunga Township.

De tous les sprints semi-massifs / réduits, Corbin Strong (61) trouve sa meilleure occasion ce samedi. Véritable passe-partout, le sprinteur de la Israël Premier Tech a une belle occasion de se montrer sur ce Tour de France. Son grand défaut est qu’il risque de fortement souffrir dans la bataille de position avec très peu de soutien. Et si le train Jumbo-Visma aligne le peloton comme on peut l’anticiper, il sera très compliqué de corriger le tir dans la montée.

Parier sur la folie de Tadej Pogacar ?

S’il est un sprint qui correspond le plus à celui de Limoges, c’est bien celui de Saint Feliu de Guíxols, sur le Tour de Catalogne. Lorsque l’on constate que Remco Evenepoel et Primoz Roglic s’y sont illustrés face aux sprinteurs/puncheurs. Il convient de ne pas négliger un coursier comme Tadej Pogacar (51). Le slovène toujours bien placé dans ce type d’approche délicate, pourrait trouver une occasion en or. Une opportunité d’aller glaner 10 secondes de bonifications à l’arrivée avec une nouvelle victoire d’étape à la clé. Le leader émirati est connu pour son coup de poing parmi les plus redoutables au monde. Tant et si bien qu’il était allé chez la victoire à Longwy, face à Michael Matthews. Essayera-t-il ? Très certainement. Quand bien même, il y aurait une étape cruciale comme le Puy-de-Dôme le lendemain. Avec « Pogi », toutes les occasions et les secondes sont bonnes à prendre. Il convient donc d’oublier le pragmatisme qu’un leader du classement général devrait s’imposer.

Les puncheurs invités à la fête ?

Un sprint ascendant replace nécessairement les puncheurs dans l’équation. Julian Alaphilippe (61) devrait ainsi être la carte des Soudal Quick Step. D’autant que le final apparaît trop compliqué pour Fabio Jakobsen. Coureur intelligent dans son placement, « Loulou » est en recherche perpétuel de son lui d’antan, à la poursuite de son punch si redoutable. Sa victoire sur le Critérium du Dauphiné a rassuré, mais jusqu’à présent son Tour de France a un goût de trop peu. Pourra-t-il battre les fantastiques qui l’ont supplanté ? Difficile d’y croire. Des doutes que l’on peut partager à l’encontre de Tom Pidcock (81). Malheureusement, Victor Lafay (151) sera mis au service du Coq. Là où Benoit Cosnefroy (251) et Mathieu Burgaudeau (251) ont une fenêtre de tir limitée en échappée.

Notre pronostic : une bataille pour l’échappée, mais des équipes de sprinteurs qui font la police. Le train Jumbo-Visma sera en marche dans un final mené tambours battants. Limoges verra un sprint réduit avec une victoire de Wout van Aert devant Tadej Pogacar, qui prendra quelques secondes de bonifications sur Jonas Vingegaard.

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