Paris sportifs en ligne : L’apothéose au Puy-de-Dômination ?

Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar de Bilbao à Clermont-Ferrand, en passant par Marie Blanque et Cauteret Cambasque se seront rendus coup sur coup. La première semaine aura été bien plus mouvementée qu’espérée. Les écarts avec la concurrence entre les deux grands favoris et les candidats pour la troisième place sont déjà abyssaux. Continueront-ils à creuser l’écart ? Lesquels des deux prendra l’ascendant sur l’autre ? Se neutraliseront-ils ? Qui ira s’imposer au sommet du Puy-de-Dôme ? Un tas de questions auxquelles il va falloir tâcher d’y répondre, pour savoir qui parier pour clôture la première semaine du Tour de France 2023.

Une victoire mythique au sommet du Puy-de-Dôme

Saint-Léonard-de-Noblat – Puy-de-Dôme (182.4 kilomètres) : à n’en pas douter, la conclusion de la première semaine du Tour de France trouve un épilogue majestueux. L’arrivée au Puy-de-Dôme trouve un caractère presque sacral en couronnant un champion en son sommet. La montée mythique n’a plus été gravie depuis 1988 et son classement du site au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le « Géant des Dômes » a marqué de son empreinte l’histoire du Tour avec le duel Poulidor-Anquetil en 1964. Avec des vainqueurs comme Coppi, Bahamontes, Jimenez, Gimondi, Ocana, Thevenet, etc, il ne fait nul doute que le vainqueur du jour marquera l’histoire de Tour.

La journée n’est pas totalement plate, bien qu’elle ne se résume qu’à une course de côte. 3 200 mètres de dénivelé positif à parcourir tout au long de la journée dont 2 200 avant les 13 kilomètres finaux. Une course d’usure donc avant la grande joute sur les pentes terrifiantes débutant au pied de Clermont-Ferrand. La montée du Puy-de-Dôme est tellement iconique et si peu empruntée, qu’une victoire au sommet restera historique. Empruntée pour la dernière fois en 1988, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar voudront à coup sûr y marquer leur nom à l’encre noire. Mais voudront-ils faire rouler leur équipe toute la journée au risque de mettre en péril l’effectif pour la montée finale ? Probablement que l’une des équipes craquera sous le poids de l’appétit insatiable de son leader. L’échappée matinale devra donc être fortement composée pour avoir l’espoir de résister au souffle du peloton. Sans la claque prise sur les pentes de Cauterets, Jumbo-Visma aurait probablement tenté le coup. C’était sans compter un Tadej Pogacar retrouvé. Le slovène, déterminé en quête du temps perdu à Laruns, voudra chercher les bonifications en son sommet. Les chances des échappées reposent ainsi sur l’équipe émiratie, qui n’aura aucun mal à rouler si le double vainqueur du Tour se sent bien.

Marie-Blanque en plus difficile

Les pentes légendaires du Puy-de-Dôme réouvrent leur porte après près de quatre décennies. Escalader plus de cinq kilomètres sur des pentes à deux chiffres n’est pas donné à la portée de tous. Cela demande des qualités que seule une poignée de coureurs au monde ont. Mais avant d’en arriver à cette dernière partie de la montée finale, il faudra se coltiner près de 9.5 kilomètres à 6 %. Que l’on peut diviser en deux parties distinctes :

  • le pied à Montgiève (5.5 kilomètres à 7.2 %)
  • le replat à La Baraque (4 kilomètres à 4 %)

Portant dès lors la montée globale du Puy-de-Dôme à 13.33 kilomètres à 7.7 %. Une vraie montée hors catégorie somme toute. Avec un vent de Sud-Ouest, les 11 premiers kilomètres seront abordés défavorablement. Ce qui aura naturellement pour nature de retarder les attaques aux pentes les plus abruptes. Et plus globalement, encourager les attaques sur les deux derniers kilomètres.

Ces derniers seront étrangement spécifiques : sur une route étroite, sans épingle et sans aucun repère visuel que l’horizon interminable d’une route, serpentant comme un escargot autour du pique du Puy-de-Dôme.

300 mètres de l’arrivée : bifurcation vers la rampe finale d’arrivée.

Une rampe avec des pentes à près de 17 % où le moteur ne devra pas caler.

Un duel au sommet attendu

Le Puy-de-Dôme est parfois comparé au Fedaia pour la globalité de sa difficulté et aussi ses derniers kilomètres des plus violents au monde. Mais il est vrai que les 4.4 derniers kilomètres à près de 12 % sont en tout point comparable à la montée de Marie Blanque. Une difficulté que le peloton a parcouru lors de l’étape de Laruns. Une difficulté qui a fait pencher la balance du côté de Jonas Vingegaard (4.5). Dominateur outrancier de la montée, le danois n’a fait qu’une bouchée de tous ses adversaires, Tadej Pogacar compris.

Les pentes raides du Puy-de-Dôme devraient rappeler au bon souvenir. Sur les gros pourcentages, le leader de la Jumbo-Visma est l’un des meilleurs du monde. Sous les conditions climatiques chaudes, celui-ci trouve aussi un avantage par rapport à Tadej Pogacar qui apprécie moins la chaleur. L’étape du jour sera sous un grand soleil et 33°C. Une chaleur qui rendra la montée encore plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. Mais le véritable atout de Vingegaard repose sur son collectif. Notamment sur Sepp Kuss qui excelle dans les pentes à deux chiffres. L’américain sous décrit comme le meilleur équipier du monde avait porté son leader sur les pentes de Marie Blanque. Le vent de face est un obstacle majeur qui retarde au maximum toute tentative d’offensive. L’équilibre sera précaire entre cramer Kuss vent de face et attendre la portion vent de dos (située à 1.3 kilomètres de l’arrivée). Une partie de la montée qui sera à l’avantage de Tadej Pogacar, s’il est encore présent. Wilco Kelderman devra donc se sublimer pour préserver au mieux Kuss qui n’aura plus qu’à émietter la concurrence.

Pourtant si les différences ne sont pas faites, Tadej Pogacar (3.25) rentre dans le match. Etonnamment battu sur son terrain à Marie-Blanque, le slovène trouve un terrain à sa convenance au Puy-de-Dôme. Tout l’art étant la digestion des premiers contreforts de la montée que Jumbo-Visma devra utiliser de manière agressive. Une tâche rendue ardue par la direction du vent. Ce qui est une bonne nouvelle pour le leader de la UAE émirates. Plus tard, Jonas Vingegaard tente de l’attaque. Mieux ce sera pour le slovène qui aura d’une part l’espoir d’attaquer. Et d’autres parts, la possibilité de minimiser la perte en cas de domination du danois. Pourra-t-il encaisser la chaleur et ne pas la subir comme cela avait été le cas sur le Mont Ventoux en 2021 ? Si « Pogi » développe encore ses records de watts en carrière, comme à Cauterets. Il est sera difficilement déboulonnable.

Une pléiade de leaders qui ne font pas le poids

Avec deux grands favoris, largement au-dessus de la concurrence, accompagnés d’effectifs XXL. Difficile de mettre en jeu une surprise, si les deux ont une possibilité de se disputer la victoire. C’est là que le rôle de Sepp Kuss (41) se relève au grand jour. Ses relais appuyés éparpillent en mille morceaux le groupe des leaders. Tant et si bien que la bataille ne se résume plus qu’à un mano-a-mano entre les deux protagonistes des deux dernières éditions. Cela le met-il en jeu pour être le troisième homme ? Rien n’est certain. Une fois les offensives lancées entre les deux monstres, Kuss ne se relèvera pas pour autant. Une neutralisation est possible. Revenir sur son leader et imprimer un tempo pour annihiler toute offensive de son adversaire doit être vu comme une solution de repli. Dès lors, et dans cette unique possibilité, l’Aigle de Durango pourrait se trouver sur la troisième marche de l’étape.

Pourtant si l’on parle de comparaison avec le Fedaia, Jai Hindley (31) doit trouver un certain écho. Adepte des montées longues et abruptes, il est pour l’heure le troisième homme du classement général. Un matelas d’avance qu’il tâche de défendre becs et ongles. Mais loin d’être mésestimé, il n’a guère de chance de faire mieux que trois, si la victoire doit se jouer pour le peloton. Une logique qui s’applique à son adverse à Carlos Rodriguez (61) menace principale pour son podium final. L’espagnol s’illustre de plus en plus, et avait fait la différence sur l’australien sur les pentes du Tourmalet. Avant qu’Adam Yates ne le ramène sur lui. Cette fois, les pentes du Puy-de-Dôme se résumeront à un chacun pour soi où le leader des Ineos Grenadiers peut sortir grandit. Quid cependant de Simon Yates (51) et des effets de sa chute ? La montée sèche du Puy-de-Dôme correspond à ses caractéristiques, il ne faut donc pas éliminer le leader de la Jayco-AlUla. Ainsi que son frère Adam Yates (51) qui pourrait être l’allier de taille pour Pogacar et contrer la supériorité des Guêpes. On aimerait croire en David Gaudu (51) ou Romain Bardet (81), local de l’étape, mais la densité de la concurrence ne laisse que peu d’espoir.

Parier sur une course d’attente des leaders ?

Rien n’est écrit d’avance. Les Jumbo-Visma et les UAE émirates pourraient miser sur un all-in de la dernière montée. Ce qui impliquerait de laisser filer l’échappée et de leur laisser plus de cinq minutes de crédit à Montgiève. Si tel est le cas, rares sont ceux qui pourront espérer à la fois triompher de ses compagnons d’échappée et résister au souffle des leaders. Seule une poignée d’élus est capable de pareils exploits sur les pentes du Puy-de-Dôme. Sur le Tour de France 2023, le premier d’entre eux doit être Félix Gall (21). L’autrichien n’a de cesse de gravir les marches qu’il est devenu un épouvantail en échappée. Sans doute trouvera-t-il en chemin des adversaires comme Daniel Felipe Martinez (36), Giulio Ciccone (16) ou même Egan Bernal (151) qui semble retrouver un niveau des plus corrects. Mais qui dit pourcentages à deux chiffres, dit grimpeurs de poche. Dès lors comment ne pas mettre dans le lot des grimpeurs au tempérament offensif qui ont du mal à se glisser à l’avant. C’est le cas de Guillaume Martin (81) mais surtout de Louis Meinjtes (81) qui s’était illustré sur les pentes des Praeres (3.8 km à 13 %). La liste est bien entendue non exhaustive, mais ils sont peu à pouvoir réaliser l’exploit.

Notre pronostic : une victoire d’un champion est attendue. Ni Jonas Vingegaard, ni Tadej Pogacar ne laisseront filer pareille occasion. Il faut un gagnant et un perdant. Le danois sera le vainqueur de ce round. Loin cependant de porter l’uppercut fatal à son adversaire. Vous l’aurez compris Jonas Vingegaard est notre pari du jour.