Paris sportifs en ligne : Un enfer à contrôler sur le Tour de France

L’incertitude planait au départ de Moûtiers pour l’arrivée de Bourg-en-Bresse. Au départ de l’étape, le peloton était partagé entre un sprint massif et des possibilités pour les échappées. Seulement, les équipes de sprinteurs intéressées, par une victoire au sein du peloton, ont parfaitement fait la police. Enfin, c’est ce qu’ils pensaient. L’échappée, renforcée d’un élément supplémentaire en cours de route, leur a envoyé une fin de non-recevoir. Résistant sur le fil au souffle rugissant d’un peloton affamé, mais en bout de course. Assistera-t-on au même scénario le lendemain ? Les équipes de sprinteurs auront-elles retenu la leçon ? Mieux, les baroudeurs y trouveront-ils une inspiration ? Des réponses à ses questions qui assurément aideront à savoir qui ne pas parier.

Qui est vraiment intéressé par un sprint ?

Moirans-en-montagne – Poligny (172.8 kilomètres) : Bis repetita pour une arrivée incertaine à Poligny, sur la dix-neuvième étape du Tour de France 2023. Toutes les équipes auront à l’esprit trois éléments. D’abord et avant tout, la fatigue d’un peloton qui complique la chasse des poursuivants et ouvre la porte à de nombreux espoirs. Ensuite, l’hégémonie indiscutable de Jasper Philipsen sur les sprints. Qui domine de la tête et des épaules tous les sprints de cette 110e édition.

Enfin, l’étape du jour sera bien différente de celle de la veille. D’une part, la journée comportera près de 2000 mètres de déclivité. Dont plus de 400 mètres sur les 27 premiers kilomètres. Ce qui est montre à quel point la journée est mal plate. D’autre part, les conditions météorologiques ne seront pas les mêmes. Si pour rallier l’arrivée de Bourg-en-Bresse, le vent de face n’a pas incité les offensives. Il en sera tout autre aujourd’hui. Avec un vent de côté, toute la journée, souhaitons « bon courage » à qui désirera chasser un groupe de fuyards.

La cote d’Ivory n’effrayera aucun sprinteur que ce soit devant ou derrière. Seulement, on l’a compris dans le discours des coureurs au départ de l’étape de jeudi. Les hommes rapides ne devraient pas avoir leur mot à dire dans un peloton émoussé par le temps et les kilomètres s’additionnant.

8.6 kilomètres de l’arrivée : dernier virage avant d’aborder une dernière ligne droite avec un vent portant.

La tension sera palpable sur la dernière ligne droite. Les coureurs s’auront tous en ligne de mire. Il faudra trouver un comme un accord pour être organisé et espérer le retour sur un coureur ou un groupe ayant pris de l’avance.

Vue depuis la ligne d’arrivée

Parier sur des gros moteurs

Personne ne voudra louper le coche sur l’étape du jour de la Grande Boucle. A ce stade de la course, les coureurs encaissant le mieux les jours de course sont les plus à même à faire les différences. Plusieurs scenarii sont possibles en échappée. Mais il faudra redoubler de vigilance pour contrer toutes les tentatives des hommes les plus forts dans l’effort en solitaire. Un peu à l’image de ce que Matej Mohoric (13) avait fait en 2021 à Libourne. Non content d’être un homme exceptionnel dans l’effort solitaire, le slovène de la Bahrain Victorious a plus d’une corde à son arc. Rapide en petit comité, il peut réussir ce que de Bondt avait réussi à faire sur le Giro d’Italia, à Treviso, en 2022.

Dans la même idée, Nils Politt (21) s’est particulièrement montré à son avantage sur les étapes alpestres. Encore présent à l’amorce des montées finales, cela témoigne de la forme de l’allemande de la Bora Hansgrohe. Qui pourrait réussir le coup de Nîmes, qu’il avait manœuvré avec brio dans un groupe d’échappée. Hier encore, pourtant mis à l’économie, il est celui qui a fait espérer un retour du peloton en faisant fondre l’avance de l’échappée.

Adepte des coups tordus, Soren Kragh Andersen (16) pourrait réussir les coups qu’il avait orchestré avec brio en 2020, à Lyon et Champagnole. D’autres moteurs pourraient créer la surprise et serait à surveiller. On peut ainsi citer Yves Lampeart (101) dont on connait toute la malice surtout lors d’un surnombre à l’avant. La présence de Rémi Cavagne (41) serait un plus pour réussir la passe de deux. Victor Campaneart (121) capable de sortir deux jours d’affilée ou même un Mikkel Bjerg qui s’est montré à son avantage sur les classiques cette saison. Et que dire de Stefan Küng (51) qui est à n’en pas douter le plus gros moteur du plateau. Le suisse pourrait être l’élément de gloire d’une équipe qui n’aura pas eu la chance d’être à la hauteur de ses ambitions. Tout comme Nelson Oliveira pourrait être le rédempteur d’une équipe Movistar qui a souffert de l’abandon de ses deux têtes d’affiche.

Parier sur des hommes de classiques

Adeptes des vents traversiers, fins tacticiens en comité réduit et coureurs polyvalents, les classicmens pourraient être à l’honneur ce vendredi 21 juillet. Rapide à n’en pas douter, les profils à la Jasper Stuyven (31) ou Matteo Trentin (26) ont une occasion parfaite d’aller à la recherche d’une gloire personnelle. Pas avares d’efforts, les deux hommes qui se savent rapides ont aussi l’audace de ne pas attendre un sprint. Capable de débrancher le cerveau, Alberto Bettiol (41) devrait cette fois-ci le rallumer pour réitérer sa performance de Stradella, au Giro d’Italia 2021. Souvent proche du but au printemps, Anthony Turgis (51) a une occasion parfaite de mettre la balle au fond. Le français a souvent été vu à l’offensive. Avec bien moins de réussite que Michal Kwiatkowski (81) qui pourrait faire la passe de deux. Réduit au rôle de simple assistant sur les Grands Tours, le polonais des Ineos Grenadiers n’a guère d’occasions de s’exprimer pour lui-même. Ce qui est bien dommageable lorsque l’on connait toutes ses aptitudes. Des aptitudes grandissantes chez un prometteur Fred Wright (21). Le champion de Grande-Bretagne coche de bien nombreuses cases pour être éliminé des prétendants. A l’instar d’un Rasmus Tiller (101) autorisé à aller de l’avant.

D’évidence si la Alpecin Deceuninck, forte de quatre succès, s’est illustrée avec Jasper Philipsen. Mathieu van der Poel (9) n’a pas eu beaucoup le même nombre d’occasions de se montrer et de convertir le tir. Le néerlandais a excellé dans le rôle de poisson pilote. Malade en cours de route, il a tout de même réussi à se montrer à son avantage sur le parcours de Belleville-en-Beaujolais. Un final qui ne lui seyant guère. Plutôt à son aise dans les échappées montagneuses, on ne peut douter de sa forme. Sa présence aux avant-postes ferait de lui un véritable épouvantail, dont il sera compliqué de se défaire. A moins que Julian Alaphilippe (51) n’en décide autrement et se mette en travers de sa route.

Parier sur les sprinteurs

Si s’imposer avec le peloton s’avère compliqué pour les sprinteurs, notamment par la présence d’un maillot vert hégémonique. Les hommes rapides ont des possibilités en échappée. A commencer par le premier d’entre eux, Jasper Philipsen (8) lui-même. D’évidence, la tâche sera rendue ardue. Personne ne désirant l’emmener dans un « tête à tête » perdu d’avance. A moins que la malice de Mads Pedersen (8) ne refasse surface. Pour les grosses cuisses, la meilleure défense c’est l’attaque. Le danois de la Lidl-Trek l’avait parfaitement compris à Saint Etienne, l’an passé. On ne peut douter de sa forme lorsque l’on voit sa performance sur le contre-la-montre de Combloux. En face, Biniam Girmay (71) arrivera-t-il enfin à convertir le tir. L’érythréen avait peu de shots pour lui. Loin de dénigrer ses capacités intrinsèques sur le plat. Mais le sprint ne fait le poids que sur des sprints plus ascendants. Il aura une occasion, s’il est accompagné, de rentrer dans l’histoire du sport africain en s’imposant sur le Tour de France. Pourtant celui que tout le monde doit redouter, en l’absence de Wout van Aert, est bel et bien son coéquipier. Christophe Laporte (21) a une occasion parfaite de chercher un nouveau succès personnel sur le Tour. Si l’échappée doit aller au bout, la Jumbo-Visma leader du classement par équipe se doit d’être représentée. Le français a montré une forme étincelante en étirant le peloton dans les cols alpestres. C’est sur un terrain qui est désormais le sien qu’il peut montrer toute l’étendue de son talent. Et que penser que Magnus Cort Nielsen (11), pourfendeur d’échappée, qui n’a besoin que d’une occasion pour se refaire remarquer. Son taux de conversion d’échappée en réussite est parmi les meilleurs du peloton. Attention au danois de la EF Education EasyPost, qui est un génie tactique en plus d’être un gros physique.

Notre pronostic : S’entendre n’est pas chose aisée lorsque le groupe de tête est trop fortement constitué. Les gros moteurs pourraient profiter des mésententes à l’arrière. Nils Politt sera notre homme aujourd’hui, avec un final qui se promet d’être excitant.