Que retenir de ce 2ème Tour de France Femmes ?

Sur ce deuxième Tour de France Femmes, Demi Vollering a poursuit son cavalier seul sur la planète du cyclisme féminin. La Néerlandaise en est à quinze succès tandis que son équipe SD Worx a décroché sa 53e victoire de la saison. Un reflet de leur excellence en 2023. Que retenir de cette 2e édition ?

La formation SD Worx aur Grand Chlem

Une analyse minutieuse des étapes du Tour nous amène au constat que la formation néerlandaise SD Worx aurait pu réaliser le Grand Chelem. Elle a remporté 50% des étapes, mais avec un peu plus de soutien, Lotte Kopecky aurait pu décrocher les étapes du mercredi, du jeudi et du vendredi. Seule sa défaite lors de la 3e étape face à Liane Lippert est considérée comme une perte à la régulière, même si la Belge Lotte Kopecky a évoqué une crevaison latente pour expliquer son revers. Les étapes 4 et 5 ont été remportées par les attaquantes Yara Kastelijn et Ricarda Bauerfeind par négligence et incohérence tactique (le seul défaut du bloc SD Worx). Ce Tour de France met en lumière une réalité observée depuis le début de la saison : il y a SD Worx et le reste. Avec la meilleure grimpeuse (Demi Vollering), sprinteuse (Lorena Wiebes), coureuse (Lotte Kopecky) et rouleuse (Marlen Reusser) du peloton au sein du même bloc, il est difficile pour les autres équipes de rivaliser. Le chrono final, où Marlen Reusser, Demi Vollering et Lotte Kopecky trônent aux trois premières places, témoigne du déséquilibre sportif criant au sein du peloton féminin.

Demi Vollering s’affirme, Annemiek en déclin

Les observateurs espéraient un duel néerlandais entre Demi Vollering et Annemiek Van Vleuten, mais il était clair que Demi prendrait le dessus. Annemiek Van Vleuten (40 ans), bien que Championne du Monde, a montré des signes de déclin tout au long de la saison, se faisant ridiculiser sur les Ardennaises et battre au Lagos de Cavanonga à la Vuelta. Elle n’a pas réussi à battre sa rivale à la régulière en 2023. Annemiek admet elle-même : « Même dans un grand jour, je n’aurais pas pu la battre. Elle est à un niveau supérieur. » Demi Vollering a montré cette saison qu’elle s’était entraînée comme une vraie professionnelle pendant l’hiver, et les résultats parlent d’eux-mêmes : Strade Bianche, triplé ardennais, deux étapes au Tour d’Espagne, etc. Jusqu’où ira-t-elle ? Cette insolente domination devrait l’emmener à un titre mondial à Glasgow dans deux semaines. Pourtant,, elle ne sera pas l’ultra favorite en Ecosse.

Et si Lotte se muait en chasseuse de Grand Tour ?

La performance de Lotte Kopecky cette semaine la place incontestablement comme la femmes à battre en Écosse. Avec sa troisième place lors du dernier contre-la-montre, elle a terminé à la deuxième place du classement final et a remporté facilement le maillot vert. Même si elle est à plus de trois minutes de Vollering, il faut souligner que leurs préparations étaient différentes. Kopecky ne s’est pas entraînée en altitude, contrairement à Demi Vollering. La question est de savoir si elle pourra remporter le Tour en en faisant son objectif. Dans tous les cas, elle est dans la bonne équipe. SD Worx évolue dans une autre dimension tant au niveau financier que collectif. Cependant, selon ses propres dires, la lauréate du Tour des Flandres ne pensera à cette possibilité que lorsqu’elle aura ajouté Paris-Roubaix et le Championnat du Monde à son palmarès. Elle aura l’occasion de cocher l’une de ces cases dans deux semaines.

Des écarts significatifs de niveau

La présence de Lotte Kopecky parmi les six meilleures grimpeuses du Tour souligne le niveau actuel du cyclisme féminin. Lorsque Wout van Aert brille en montagne, il est souvent en échappée ou s’efface dans les derniers kilomètres. Chez les femmes, dès que la route s’élève, il y a une nette différence entre les dix meilleures et le reste de la concurrence. La meilleure jeune Cédrine Kerbaol est repousée à plus de douze minutes de Demi Vollering. Il faudra encore des années de travail et de développement pour gagner en homogénéité.

Une première réussie pour les équipes belges

Les deux équipes belges, Fenix-Deceuninck et AG Insurance – Soudal Quick-Step, ont réussi leur examen d’entrée sur la Grande Boucle. Yara Kastelijn a apporté une superbe victoire d’étape à Fenix-Deceuninck, manquant de peu le maillot à pois. De plus, Julie Van De Velde n’était qu’à 300 mètres de l’extase. La formation de Jolien D’Hoore, AG-Insurance-Soudal Quick Step, avait pour objectif de monter sur le podium final avec Ashleigh Moolman. Malheureusement, la Sud-Africaine a dû se contenter d’une 6e place (avec cinq Top 10 d’étape). Cependant, le collectif belge a été très en vue pendant cette semaine française, et sa participation à l’édition suivante est d’ores et déjà acquise.