Vuelta 2023 : Est-ce que le chemin est tout tracé pour Vingegaard ?

L’annonce retentissante de la participation de Jonas Vingegaard au Tour d’Espagne a eu l’effet d’une déflagration dans l’esprit éclairé de Patrick Lefevere, qui, loin de se préparer à ce spectaculaire renversement de situation, s’est vu confronter à l’émergence d’un concurrent de taille pour son poulain Remco Evenepoel. La constellation des rivaux de ce dernier s’est étoffée, comprenant désormais des noms illustres tels que Primoz Roglic, Geraint Thomas, Joao Almeida, Juan Ayuso, Richard Carapaz, Enric Mas, Alexander Vlasov, pour ne citer qu’eux. Le 26 août, tous ces virtuoses de la pédale se rassembleront à Barcelone pour cette 78e édition, promettant ainsi un spectacle d’une exquise exaltation.

LA VENUE DE JONAS, UN APPRENTISSAGE POUR REMCO

La venue du cycliste danois, auréolé d’une récente victoire à la Grande Boucle, a incontestablement chamboulé l’équilibre des forces. Naturellement, il convient de supposer que Jonas Vingegaard se présentera dans une forme approximativement équivalente. Car, si par malheur, le fulgurant “Danish Dynamite” ne parvient pas à recouvrer ses forces et ne peut tenir un rôle majeur en Espagne, alors c’est Remco qui aura les faveurs du pronostic.Si par un prodige extraordinaire, Jonas Vingegaard venait à réaliser l’exploit de s’imposer dans ces deux Grands Tours au cours de la même année, alors il rejoindrait l’élite des coureurs qui ont accompli cette prouesse, aux côtés de Jacques Anquetil (1963) et de Bernard Hinault (1978) lors des éditions de la Vuelta qui se disputaient au mois de mai, ainsi que de Chris Froome en 2017.

De plus, le parcours lui convient à merveille, parsemé de huit arrivées au sommet et deux autres après un court raidard sec. Les juges de paix du Tourmalet (13e étape) et de l’Angliru (17e étape) sont des cols taillés à sa mesure. Seul petit problème, les ascensions sont bien lissées sur les trois semaines. Il n’est pas impensable d’imaginer que le Danois craque sur la fin. « Quand j’analyse la course, je vois qu’il y a quasiment une étape par semaine qu’on pourrait qualifier d’étape reine. Il faut parvenir à rester frais jusqu’à la dernière semaine mais essayer de ne pas perdre 3 ou 4 minutes dès la 1e étape de montagne. Il va falloir choisir ses moments, bien profiter de ses “bonnes journées” et survivre aux jours sans. », explique Remco Evenepoel en amont de la Clasica San Sebastian.

LE BLOC JUMBO-VISMA PLUS COSTAUD

Par ailleurs, l’équipe Jumbo-Visma détient un autre atout majeur, en l’occurrence le contre-la-montre par équipes inaugural, long de 14,6 kilomètres, déployé dans les rues de Barcelone. Un exercice dont raffole la Jumbo-Visma. De surcroît, avec Primoz Roglic, cette équipe peut se targuer de disposer d’un leader, pratiquement du même calibre, pouvant aisément prendre le relais si d’aventure Jonas Vingegaard connaissait des défaillances. Ce dernier, friand de la Vuelta, couronné à trois reprises, s’apprête à exploiter ce duel annoncé pour saisir l’opportunité de briller de mille feux. Cela implique que Remco Evenepoel se retrouvera en présence, non pas d’un, mais bien de deux concurrents au sein de la Jumbo-Visma. « Si j’avais peur, j’aurais intérêt à ne pas m’élancer. Ils ont une équipe qui peut prendre le poids de la course. Qu’ils le fassent…on essaiera de suivre. Ils ont les deux grands favoris. De toute façon, le vainqueur du Tour sera toujours vu comme le grand favori. C’est une équipe forte, ce sera un bel apprentissage pour moi en vue de l’année prochaine », poursuit Remco Evenepoel, qui aura à cœur de reprendre du temps à ses rivaux le 10e jour lors du chrono plat de 25 kilomètres à Valladolid.

A deux contre un, Remco Evenepoel aura vraiment fort à faire, d’autant que son équipe sera plus faible. Sans son lieutenant Ilan Van Wilder (qui jouera sa carte sur d’autres courses), Mauri Vansevenant et Louis Vervaeke auront du mal à faire le poids face à l’armada jaune et noire (Wilco

Kelderman, Sepp Kuss, Attila Valter, Robert Gesink, Jan Tratnik et Dylan Van Baarle). C’est pourquoi Remco Evenepoel attend avec une impatience à peine contenue l’arrivée de nouveaux coureurs pour le soutenir lors du Tour de France de l’année prochaine. Le vétéran Mikel Landa (33 ans) semble en voie de s’engager avec l’équipe belge, lequel parachèverait cette transition majeure de la Soudal-Quick Step, en passant d’une équipe dédiée aux classiques à une formation orientée vers les Grands Tours. Pour parachever cette mue, il sera nécessaire de libérer de la masse salariale, ce qui poussera de nombreux coureurs (Rémi Cavagna, Fabio Jakobsen, Michael Morkov, Davide Ballerini, …) à quitter le navire, accentuant ainsi la métamorphose de l’équipe Soudal-Quick Step.

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