Tout savoir sur la Vuelta 2023

Samedi 26 août, à 18h55 s’élancera la première étape de la soixante-dix-huitième édition de La Vuelta a Espana 2023. Troisième et dernier Grand Tour de la saison, le Tour d’Espagne prendra son départ de la capitale catalane, Barcelone, jusqu’à la capitale de la péninsule ibérique, Madrid.

Un parcours de la Vuelta des plus traditionnels

Barcelone – Barcelone (14.8 kilomètres) : un contre-la-montre par équipe plus court que l’année précédente, qui ne devrait pas faire d’écarts conséquents pour les favoris au classement général.

Mataro – Barcelone (181.8 kilomètres) : des secondes bonifications offertes au sommet de Montjuic, connu des afficionados du Tour de Catalogne, qui devraient inspirer certains leaders.

Suria – Arinsal (158.5 kilomètres) : premier gros rendez-vous avec cette arrivée à Andorre. Une étape où l’on ne pourra pas mentir. D’emblée, le Tour d’Espagne ne s’y gagnera pas. Mais pourra s’y perdre pour ceux qui auront loupé le coche.

Andorre la Vieille – Tarragona (184.6 kilomètres) : première confrontation loin d’être sans embuche pour les sprinteurs. Les plus grosses cuisses du plateau devront suivre aux deux ascensions répertoriées dans le final pour aborder un dernier sprint ascendant dans les rues de Tarragona.

Morella – Burriana (186.2 kilomètres) : malgré la présence du Collado de la Ibola, tout pointe vers un nouveau sprint.

La Vall d’Uixo – Pico del Buitre (183.1 kilomètres) : une journée indécise où les échappées pourraient rêver de prendre le maillot de leader par intérim.

Utiel – Oliva (200.8 kilomètres) : une des rares occasions sur cette cuvée 2023 pour les purs sprinteurs.

Denia – Xorret de Cati (165 kilomètres) : un final pour puncheurs au cours d’une journée difficilement contrôlable. Julian Alaphilippe s’était imposé en 2017 pour y ravir sa première victoire professionnelle sur un Grand Tour.

Cartagena – Collado de la Cruz (184.5 kilomètres) : est-ce que les pentes irrégulières de l’Alto Caravaca de la Cruz seront suffisantes pour faire des écarts ? Tout porte à croire à un grand cessez-le-feu entre les leaders avant une journée de repos.

Valladolid – Valladolid (25.8 kilomètres) : une deuxième semaine qui débutera par un effort individuel. Une journée assurée clé, à ne pas louper, au risque de devoir repenser les objectifs pour les étapes suivantes.

Lerma – La Laguna Negra (163.2 kilomètres) : nouvelle course de cote pour les leaders du classement général.

Olvega – Zaragova (150.6 kilomètres) : une nouvelle occasion pour les sprinteurs.

Formigal – Tourmalet (134.7 kilomètres) : à n’en pas douter l’étape reine de cette édition 2023 de la Vuelta avec une arrivée au mythique Tourmalet.

Sauveterre de Béarn – Larra Belagua (156.2 kilomètres) : pas certain que les secondes de bonifications au sommet du Puerto de Larrau soient suffisantes pour encourager les mouvements.

Pamplona – Lekunberri (158.3 kilomètres) : Etape aux allures de cessez-le-feu entre les leaders. Trop difficile pour les sprinteurs, le profil crie à l’échappée à la veille de la seconde journée de repos.

Liencres Playa – Bejes (120.1 kilomètres) : les courses de cote sur la Vuelta se suivent et se ressemblent. Toute la question est de savoir si nous aurons une course dans la course ou si les puncheurs chercheront à se défaire du joug des leaders du classement général.

Ribadesella – Alto de l’Angliru (124.4 kilomètres) : le légendaire col de l’Angliru revient faire des siennes. Une journée à ne pas négliger sur des pourcentages indigérables.

Pola de Allande – La Cruz de Linares (178.9 kilomètres) : une journée toboggan pour les leaders du classement général. La double ascension de la Cruz de Linares a tout du piège. Attention à ce que la course ne s’emballe pas.

La Baneza – Iscar (177.1 kilomètres) : les sprinteurs l’auront attendu longtemps, Iscar devrait voir un sprint massif. Mais comme à l’accoutumée, les étapes aux sprints en fin de troisième semaine sont toujours piégeuses.

Manzanares el Real – Guadarrama (207.8 kilomètres) : une étape dans sa composition et aux allures de classiques.

Hipodromo de la Zarzuela – Madrid (101.1 kilomètres) : parade madrilène qui se conclura par un sprint dans la capitale.

Parier sur la suprématie des Jumbo-Visma

Vainqueur du Giro d’Italia avec Primoz Roglic, du Tour de France avec Jonas Vingegaard, la Jumbo-Visma ne fait pas dans la demie-mesure. L’équipe alignée pour la Vuelta a Espana est terrifiante. Avec deux leaders, et non des moindres, les Néerlandais n’ont d’autres choix que de gagner pour réaliser un triplé inédit. Qu’aucune équipe n’a réussi à faire jusqu’à présent, en remportant les trois Grands Tours de la saison.

Avec une quatrième victoire à son palmarès, Primoz Roglic (3) rejoindrait Roberto Heras au panthéon de la Vuelta Ciclista a Espana. Que ses objectifs soient sur une semaine comme sur trois, le slovène ne rate que rarement la cible. L’an passé, le leader de la Jumbo-Visma avait été contraint de quitter les routes espagnoles sur chute. C’est donc dans un esprit de revanche qu’il s’alignera cette année. Mais avec quelle jambe ? Sur les pentes italiennes, Roglic a ravi le maillot rose à la dernière minute.

Seulement, son succès peut être teinté de conditionnel. Et si Remco Evenepoel n’avait pas contracté le covid ? Et si Tao Geoghegan Hart n’avait pas quitté le Giro sur chute ? Il est vrai que les deux coureurs cités semblaient être un ton au-dessus du coureur de 33 ans. Car il faut le rappeler, le temps est désormais compté pour Roglic. Qui se fait vieillissant dans un sport où les talents émergent de plus en plus jeunes et de façon de plus en plus autoritaire.

Typiquement, Primoz Roglic trouve un Grand Tour cousue-main pour ses caractéristiques. Excellent grimpeur, bon rouleur et surtout très bon puncheur, le slovène a toutes les qualités requises pour gagner du temps sur ses principaux adversaires. Mais l’adversité la plus élevée est en interne. Effectivement, les Jumbo-Visma ont décidé d’aligner en sa compagnie, Jonas Vingegaard (2.2). Qui tentera de réaliser le doublé Tour de France – Vuelta a Espana. D’emblée, il convient d’exposer un fait : si le danois est à 100 %, il sera difficile de pouvoir rivaliser sans circonstance extraordinaire. Pourtant, les espoirs de certains reposeront sur sa capacité de gestion dans l’enchainement de deux Grands Tours d’affilée.

Si Tadej Pogacar s’y est cassé les dents, ce n’est pas Primoz Roglic qui pourra faire de l’ombre à son coéquipier. Toute la question repose donc sur la hiérarchie qui sera établie entre les deux comparses. L’énorme avantage du nombre des hommes de Richard Plugge serait d’harceler constamment leurs adversaires sur les qualités intrinsèques de leurs deux leaders. Primoz Roglic jouant sur son punch lors des courses de cote. Là où les fenêtres de tir seraient plus réduites pour Jonas Vingegaard, qui miserait sur les longues ascensions et les journées d’enchainement de cols pour grapiller un maximum de temps.

Parier sur le back-to-back de Remco Evenepoel

Le belge, Remco Evenepoel (5), tentera de se succéder à lui-même. Véritable prodige du cyclisme, le leader de la Soudal Quick Step ne cesse de s’améliorer sur les secteurs qui lui font défaut. Frileux en descente, Evenepoel prend dorénavant de belles trajectoires. Faible au sprint ? Evenepoel est parmi les meilleurs puncheurs du monde. Quid de ses lacunes dans les longues arrivées au sommet ? Réponse sera donnée au Tourmalet. Une chose est certaine : en stage, il n’a eu de cesse de travailler ce secteur.

Sa grande force réside dans sa capacité à prendre du temps dans l’effort individuel à l’ouverture de la deuxième semaine. Force est de constater cependant que cela sera insuffisant pour moins pour faire face à Jonas Vingegaard. Alors doit-on espérer voir un Remco Show ? Le jeune coureur de 23 ans est un talent hors norme et même le meilleur coureur du monde pour les longues attaques. Des raides en solitaire, loin de l’arrivée, où il peut faire parler ses qualités de rouleur. Espérons-le, au moins pour le spectacle. Si la Jumbo-Visma décide de mettre en route dès le départ à Formigal, Remco sera bien seul sur les pentes du Tourmalet. Pour résister aux assauts des Killers Wasps, il faut être fort et inventif. 

Parier sur les doublettes 

Juan Ayuso (9) et Joao Almeida (36) ont globalement les mêmes caractéristiques, le même tempérament et le même caractère. L’espagnol et le portugais sont des coureurs qui lissent leur effort, sont des « ne lâche jamais » et des coureurs d’attente. Est-ce suffisant pour être un prétendant à la victoire ? Cela n’y ressemble guère. Est-ce suffisant pour être des prétendants au podium ? Avec la régularité qui cela implique : absolument. Mais s’il faut donner un avantage à l’un par rapport à l’autre, Joao Almeida trouve une Vuelta qui lui convient parfaitement.

La même problématique se pose avec Geraint Thomas (26) et Thymen Arensman (121). Le britannique ressemble trait pour trait au portugais dans sa façon de courir, avec l’expérience des années en plus pour son compte. Est-ce suffisant pour prétendre à une place sur le podium ? Pas certain, mais le vainqueur du Tour de France 2018 ne cesse d’étonner sur sa capacité à être le troisième homme du moment.

Parier sur le talent de Mas

Enric Mas (16) trouve son moment de l’année, lorsqu’il est aligné sur son Grand Tour national. Le grand problème de l’homme qui semblait le plus fort en montagne en 2022 repose sur sa chute sur le Tour de France. A-t-il pu avoir une préparation optimale après sa blessure à l’épaule. Pas revu depuis l’étape de Bilbao, sa condition est incertaine. La fraicheur fera peut-être l’affaire, mais est-ce suffisant pour rivaliser avec les trois fantastiques ?

Notre pronostic : si l’affirmation selon laquelle Jonas Vingegaard est au même niveau qu’au Tour de France est vraie, alors il n’y a pas de débats possibles. Le danois sera le vainqueur de cette 78e édition de la Vuelta a Espana.

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