Les enseignements de la seconde semaine du Tour d’Espagne
Aux deux-tiers du Tour d’Espagne, une chose est sûre : Remco Evenepoel ne se succédera pas à lui-même. Le Belge a connu la première grande défaillance de sa carrière dans le col d’Aubisque pour arriver 27 minutes plus tard que le vainqueur de l’étape, Jonas Vingegaard. Le Champion de Belgique paraissait être l’un des seuls à contrer l’intouchable armada jaune et noire de Jumbo-Visma. Que retenir de cette deuxième semaine de compétition ?
Une grande défaite et une belle réaction pour Remco Evenepoel
Ce Tour d’Espagne offrait à Remco Evenepoel un premier test de taille face à des adversaires de renom. L’an dernier, Primoz Roglic avait abandonné sur chute et cette année, au Giro, le citoyen de Scheepdaal a dû renoncer à cause d’un contrôle positif au coronavirus. Par conséquent, il était difficile d’évaluer son niveau face à une réelle adversité, même si Enric Mas et Juan Ayuso lui ont donné une belle réplique l’an dernier.
Après un léger fléchissement à Javalambre lors de la première semaine, Remco Evenepoel espérait avoir connu son jour de faiblesse. Il n’a pas encore la caisse suffisante pour performer trois semaines consécutives. Malheureusement, cette journée sombre n’était qu’un prélude à l’étape maudite du Tourmalet. Il n’a pas encore la base suffisante pour rouler trois semaines sans casse. Cette défaillance va tempérer les attentes pour le prochain Tour de France. Pour être plus positif, elle peut être aussi considérée comme une étape dans son apprentissage. Remco n’a jamais que 23 ans et n’a terminé qu’un seul Grand Tour. A force d’exagérer les superlatifs à son égard, on n’oublie presqu’il reste un être humain.
Mais pas comme les autres. Le jour suivant cette défaite déchirante, après avoir versé toutes les larmes de son corps, il s’est racheté de manière spectaculaire, s’échappant aux côtés de Romain Bardet pour triompher dans les pentes exigeantes de Larra-Belagua. Le classement général est désormais hors de portée, mais le Belge peut désormais savourer la troisième semaine et prouver aux sceptiques qu’il demeure un adversaire redoutable. Qui sait, pourrait-il s’offrir un succès glorieux dans les pentes impitoyables de l’Angliru ?
Jumbo-Visma et encore Jumbo-Visma
Tandis que la légende se tissait dans les pente de l’Aubisque avec la chute de Remco Evenepoel, la Jumbo-Visma écrivait une nouvelle page de son histoire. Elle a placé trois coureurs aux trois premières places au sommet du Tourmalet, une performance inédite. L’armada jaune et noire semble insurmontable, et leur quête de remporter les trois Grands Tours semble plus réaliste que jamais. Le trio Kuss, Vingegaard et Roglic paraît invincible, Cependant, les concurrents directs ne doivent pas se décourager.
Sepp Kuss pourra-il enchaîner un troisième Grand Tour sans flancher ? Jonas Vingegaard n’est pas tout à fait au même niveau qu’au Tour de France. Les performances de Primoz Roglic, qui avait autrefois conquis trois Vueltas consécutives, semblaient un rien en deçà de ses exploits passés. Bien que l’un d’entre eux puisse faiblir en cette dernière semaine, l’idée que les trois succombent simultanément est illusoire Désormais, Jumbo-Visma n’a plus besoin de dicter le rythme de la course. Ils n’ont qu’à contrôler, sachant qu’en cas de défaillance de l’un, les deux autres seront toujours prêts à prendre la relève.
La question cruciale qui demeure est donc la suivante : lequel de ces trois titans remportera le Tour d’Espagne ? La perspective de récompenser Sepp Kuss pour services rendus est plausible. De plus, il n’aura plus jamais une telle occasion. C’est peut-être le dernier suspens de ce Tour d’Espagne. Spectacle ou procession jusqu’à Madrid ? A Jumbo-Visma de décider.
La confirmation du talent de Cian Uijtdebroeks
Pour son baptême du feu en Grand Tour, le jeune prodige belge Cian Uijtdebroeks il a non seulement répondu aux attentes, mais il les a même surpassées. Le grimpeur de Bora-Hansgrohe est parvenu à rivaliser avec les plus grands dans les ascensions montagneuses, bien qu’il lui manque encore la vivacité nécessaire pour distancer ses adversaires. Il devra également perfectionner son contre-la-montre pour viser plus haut dans les Grands Tours. Quoi qu’il en soit, son Tour d’Espagne était déjà une réussite.
Victime de problèmes de selle depuis plusieurs jours, qui l’a pratiquement poussé à l’abandon, le grimpeur de 20 ans, qui rêve de Top 10, devra gérer ce problème en troisième semaine, sous peine de voir son destin scellé de manière irréversible. A noter également le bon Tour d’Espagne Stef Cras. 12E au soir de la deuxième étape, le sociétaire de TotalEnergies peut encore ambitionner de terminer parmi les dix premiers.
La troisième semaine
Après une journée de repos bien méritée, les meilleurs puncheurs-grimpeurs s’affrontent sur l’abrupte mur de Reyes (4,9 km à 8,8%), seule difficulté du jour. Les candidats à la victoire seront nombreux. Les favoris voudront s’économiser pour l’Angliru, qui est déjà sur toutes les lèvres. Ce col infernal (13,1 km à 9,5%) sera le juge implacable de la semaine. Le lendemain, les coureurs épuisés perdront beaucoup de temps entre Pola de Allande et La Cruz de Linares, avec cinq cols au programme. Les sprinteurs, de leur côté, salivent déjà sur la journée de vendredi et de dimanche, le critérium madrilène. La joute de samedi, une vraie course de côtes, offre le terrain de jeu idéal pour renverser la situation, pour autant qu’il y ait encore de l’enjeu.