Brighton : les bonnes data de Tony Bloom

Le milliardaire britannique semble avoir trouvé, avec Roberto De Zerbi, le coach qui permettra au club d’atteindre le top de la Premier League.

Il en va des clubs comme de certains joueurs : quand pendant un match, on se dit qu’ils brillent, c’est à ce moment qu’ils font une floche qui coûte un but ; et quand on se dit qu’ils passent à côté de leur match, c’est là qu’ils vont décocher un missile en pleine lucarne.

Pour Brighton & Hove Albion FC, le début de saison canon a laissé place cette dernière semaine à une très mauvaise passe. Après un succès contre Bournemouth en Premier League, les Seagulls ont en effet enchaîné avec une courte défaite à Chelsea en Coupe de la League puis, ce samedi, une déroute 6-1 à Aston Villa qui les relègue à la sixième place, eux qui étaient jusque-là sur le podium provisoire (avec des succès notamment à Manchester United et contre Newcastle). Ces résultats sont peu rassurants avant de se rendre à Marseille jeudi dans le cadre de la Ligue Europa puis d’accueillir Liverpool dimanche.

Hasard du calendrier, les hommes de Jürgen Klopp, revanchards après le coup du sort arbitral à Tottenham ce week-end, auront affronté en trois jours les deux clubs chers à Tony Bloom, à savoir l’Union Saint-Gilloise et Brighton.

Reste à savoir si cette réussite de début de saison est due aux « bonnes recettes du Dr Tony », célèbre pour ses data et ses algorithmes, ou à celles de l’entraîneur italien Roberto De Zerbi, en poste dans la cité balnéaire depuis septembre 2022. On ne vous fera pas l’injure de rappeler ici que le président Bloom a fait fortune avec des algorithmes appliqués aux paris qu’il a ensuite revendus aux principaux bookmakers anglais.

Ayant racheté Brighton, le club de sa ville natale alors en grosses difficultés financières, cet excellent joueur de poker et parieur impénitent ayant la bosse des maths s’est fait connaître des sociétés de paris sportifs au travers de « StarLizard » créée en 2006, d’où son surnom de « Le Lézard ». Pour satisfaire ses clients, il peut compter sur une escadrille de statisticiens, analystes, chercheurs, spécialistes de chaque club et quasiment de chaque joueur.

Dans le monde du football, lui et ses acolytes appliqueront les mêmes recettes pour dénicher des joueurs totalement inconnus, oubliés, relégués à l’arrière-plan mais avides de prendre leur revanche sur la vie ou sur le football. Les meilleurs ou les plus immédiats d’entre eux iront directement à Brighton, les autres passeront par la case Union Saint-Gilloise.

Le pont entre Brighton et Saint-Gilles

Si Tony Bloom n’est pas le président du club bruxellois, il reste dans l’ombre et peut compter sur des hommes comme Alex Muzio, l’actuel président, et actionnaire majoritaire du club, le Nord-Irlandais Chris O’Loughlin, ou encore Philippe Bormans, le CEO des Jaune et Bleu.

Ces liens ont permis aux Apaches de grandir très vite, au point d’être devenus en trois saisons une valeur sûre de Jupiler Pro League. Percy Tau, atterri là, car pas en possession des documents pour évoluer en Angleterre, fut la première pépite apparue à l’USG et prêtée par Brighton. Suivront Dennis Undav, que les Anglais viennent de prêter à Stuttgart et qui commence à faire parler de lui en Bundesliga. Le Japonais Kaoru Mitoma confirme en Premier League tout le potentiel que les observateurs des travées du stade Marien avaient pu apprécier. D’autres ex-Saint-Gillois affolent désormais les plus grands championnats, comme Teddy Teuma, en France, ou Victor Boniface, en Allemagne, inconnus à leur arrivée en Belgique mais repérés par les algorithmes.

De Zerbi, le cerveau de Brighton

Si la sauce à tout de suite pris à Saint-Gilles, grâce à des entraîneurs qui croyaient au projet – Felice Mazzù, Karel Geraerts et maintenant Alexander Blessin – et sans doute aussi parce que le championnat belge est moins relevé que la Premier League, l’arrivée de Roberto De Zerbi chez les Seagulls en septembre 2022 a correspondu au renouveau de l’équipe, qui terminera 6e et se qualifiera pour l’Europa League.

De Zerbi est la copie conforme des joueurs qu’il entraîne : carrière honnête de footballeur habitué des séries inférieures italiennes avant de renseigner deux titres de champion de Roumanie avec Cluj en 2010 et 2012 puis, comme entraîneur (à partir de 2013), une coupe d’Italie de Serie C en 2016 avec Foggia et une Supercoupe d’Ukraine avec le Shakhtar Donetsk. Aucun nom ronflant donc (en Serie A, il entraînera sans grand succès Palerme, Benevento et Sassuolo), mais il prend le temps de mettre en place une tactique qui le rend « Brighton’s Data » compatible.

Avec une campagne de transferts estivale judicieuse, et l’arrivée notamment des Belgicains que sont le jeune portier néerlandais du RSCA Bart Verbruggen et l’ailier ivoirien de la RUSG Simon Adingra, les Seagulls veulent voler haut dans le ciel de la Premier League.