Finalement, le tourbillon de la fusion n’a pas accompli son enchantement. Les équipes de Jumbo-Visma et de Soudal-Quick Step se sont trouvées englouties dans un sac de nœuds, impossibles à démêler en un temps si court. Depuis une réunion secrète le 22 juillet 2023, dans les salons d’un aéroport à Vienne, en Autriche , le directeur général de Jumbo-Visma, Richard Plugge, et le magnat tchèque Zdeněk Bakala, propriétaire de Soudal-Quick Step discutent au sujet d’un rassemblement, mais n’ont finalement pas réussi à sceller un accord, malgré la signature d’une lettre d’intention cet été. La date butoir du 18 octobre fixée par l’UCI a clairement handicapé la faisabilité de l’opération.
SPECIALIZED – CERVELO, LE NOEUD DU PROBLEME
Le principal obstacle résidait dans le choix du fabricant de vélos. Si l’on souhaitait inclure Remco Evenepoel dans l’accord, Specialized devait faire le saut vers Jumbo-Visma. Toutefois, Cervélo, le sponsor actuel de l’équipe néerlandaise, a résisté, exigeant que les contrats existants soient respectés. De plus, l’accord tant attendu avec Amazon (estimé à 15 millions d’euros) ne s’est pas matérialisé, ajoutant ainsi à la tempête qui bouillonnait dans les coulisses. En fin de compte, Jumbo-Visma émerge de cet épisode comme le perdant de cette triste histoire. Sans parler de la perte sportive de Primoz Roglic, parti chez Bora-Hansgrohe. Le PDG Richard Plugge continue de chercher des financements pour assurer l’avenir de l’équipe au-delà de 2024. PON, qui détient Cervélo, semble être un candidat-investisseur potentiel.
BAKALA PERD PATIENCE
S’il reste des nuages au-dessus de l’équipe néerlandaise, le soleil est réapparu chez Soudal-Quick Step. Les coureurs et le personnel ont poussé un soupir de soulagement à l’annonce de l’échec de la fusion. L’incertitude sur leur avenir s’est dissipée. Jusque quand ? Les deux propriétaires de l’équipe – Zdenek Bakala avec 80 % des parts et Patrick Lefevere avec 20 % – ont finalement décidé de poursuivre leur collaboration jusqu’en 2025, la durée de la licence World Tour actuelle. Mais l’enthousiasme de Bakala pour ce projet semble avoir été émoussé. Il est de notoriété publique que le milliardaire tchèque cherchait à échapper aux coûts élevés que son projet cycliste passionné engendre.
Sans fusion, ces coûts continueront de peser sur ses épaules Pourtant, au-delà des chiffres, le lien entre Bakala et le PDG Patrick Lefevere était en train de se détériorer depuis quelque temps. Bakala souhaitait réduire sa contribution financière grâce à la fusion, mais il voulait également répondre aux inquiétudes de Patrick Evenepoel, le père de Remco qui avait exprimé son mécontentement face à la gestion sportive au sein de Soudal-Quick Step. Ineos, qui lorgne sur le coureur et la marque Specialized (pour remplacer Pinarello) n’a pas dit son dernier mot pour 2025.
UNE MEILLEURE FIN POUR PATRICK LEFEVERE
Pour Patrick Lefevere, l’annulation de cette fusion apporte plus d’avantages que d’inconvénients. Il ne pourra pas vendre ses parts dans l’équipe, mais il peut désormais reprendre les rênes de sa réputation de « parrain » qui veille sur ses employés. Lefevere n’a peut-être pas été un acteur direct dans les négociations de la fusion, mais il a joué un rôle crucial en mettant en lumière les détails du projet dans une chronique du Nieuwsblad, semant ainsi la discorde du côté néerlandais. Il s’est octroyé le temps de travailler à sa propre sortie, selon ses propres termes, et peut-être même de trouver un successeur plus jeune.
En ce qui concerne les partenaires, le sponsor Soudal semblait favorable à l’équipe de fusion.. Le contrat de sponsoring court jusqu’à fin 2027, et il n’y a aucune raison de le remettre en question après l’échec de la fusion. De même, Ruben Desmet d’Unilin, la société derrière la marque de parquet Quick-Step, a exprimé son ambition de rester le sponsor principal d’une équipe compétitive, Ainsi, la continuité de l’équipe dans son ensemble ne devrait poser aucun problème. En tout cas, pour au moins une saison. Rendez-vous en 2024 pour les prochaines rumeurs.
