Ce week-end, la Premier League vibrera au rythme du « Derby of England », ce match au sommet entre Liverpool et Manchester United. Mais pourquoi la rivalité est-elle si forte entre ces deux monstres du foot anglais ?
S’il y a bien un match qui est attendu plus que tout autre par les supporters de Liverpool et Manchester United, c’est celui entre ces deux équipes. Le « Derby of England », comme on le surnomme, est l’une des rivalités les plus fortes du football anglais. Plus forte que celle entre Liverpool et Everton d’un côté et que celle entre United et City de l’autre. Mais pourquoi ces deux clubs se détestent-ils comme ça ?
Un territoire à conquérir
La rivalité entre Liverpool et Manchester, c’est avant tout une histoire de territoire et de commerce. Filles de la révolution industrielle, les deux villes ont connu un développement important au XIXe siècle, notamment grâce à l’industrie du coton. Avec son port, Liverpool était l’une des plaques tournantes de ce commerce tandis que les usines textiles de Manchester le transforment. Rapidement, la ville en devient la capitale mondiale. Mais à la fin de ce siècle, Manchester décide de construire un canal, le Manchester Ship Canal, pour s’affranchir des taxes douanières imposées par le port de Liverpool. La rupture est créée.
Car même si les deux cités anglaises partagent de nombreux points communs, entre terre et mer, entre essor et déclin industriel, ceux-ci ne les rapprochent pas, que du contraire. Jusqu’au début des années 70, Liverpool et Manchester sont en concurrence pour être la ville la plus importante du Lancashire, leur territoire.
Une rivalité sportive « récente »
Sur le terrain, en revanche, la rivalité est plutôt récente quand on la compare à l’âge des clubs. Les Reds ont été fondés en 1892 tandis que les Red Devils sont nés dès 1878. Mais dans les premières années, il n’est pas question de rivalité entre les deux clubs qui cherchent simplement à exister sur la scène anglaise. Liverpool remporte son premier titre en 1901, United en 1908.
Au sortir de la deuxième guerre mondiale, Liverpool compte 4 titres, Manchester United 2. Devant eux, on retrouve Arsenal, Everton, Aston Villa, Sunderland tandis que Newcastle, Sheffield Wednesday ou Huddersfield sont aussi des poids lourds du football anglais.
Tout change après 1945. Manchester, d’abord, s’installe dans les années 50 et 60 avec 5 titres et 1 Coupe d’Europe des Clubs Champions. Liverpool prend ensuite le relais en quittant la D2 et en revenant en D1. Le succès est vite au rendez-vous et les deux clubs se revendiquent être le meilleur club d’Angleterre.
Sir Alex Ferguson
Toutefois, après ses succès des années 50 et 60, Manchester United rentre dans le rang alors que Liverpool explose véritablement. Les décennies 70 et 80 sont clairement marquées du sceau des Reds tant en Angleterre que la scène européenne où Liverpool enchaine les succès.
Entre 1973 et 1990, Liverpool décroche 11 titres, remporte à 4 reprises la Coupe d’Europe des Clubs Champions, 2 Coupe UEFA et 1 Supercoupe d’Europe. Manchester United ne peut que jalouser les succès de son rival.
Mais l’arrivée d’un homme va tout changer à Manchester : Sir Alex Ferguson. Entre 1986 et 2013, il va replacer Manchester United sur la carte alors même que Liverpool connait un incroyable creux. En 2011, il offre un 19e titre à MU, son 12e avec les Mancuniens, et fait du club le plus titré d’Angleterre, dépassant ainsi un certain… Liverpool. En 2013, un dernier titre permet à ManU d’atteindre la barre symbolique des 20 sacres.
60 ans sans transfert
Depuis, la rivalité continue d’être très forte entre Liverpool et Manchester, offrant un terrain privilégié pour les pronostics et les paris sportifs notamment. Et celle-ci se marque de plusieurs manières, parfois étonnantes. Ainsi, il n’y a plus eu de transfert direct entre les deux clubs depuis près de 60 ans. Le dernier joueur à être passé d’un club à l’autre est Phil Chisnall, en 1964 (de ManU à Liverpool).
A noter qu’en 211 confrontations, Manchester United s’est imposé 82 fois, Liverpool 71 et les deux équipes ont partagé l’enjeu à 58 reprises.
