Benidorm, dernière chance de Wout van Aert pour battre Mathieu van der Poel
Le 21 janvier, Benidorm accueillera la treizième et avant-dernière manche de Coupe du Monde de cyclocross. A cette occasion, Wout van Aert (Visma – Lease a Bike) prendra le départ de sa neuvième et dernière compétition dans les labourés. L’occasion pour le belge, triple champion du monde de la discipline, de se racheter et d’aller mettre en difficulté Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck). Mais a-t-il réellement une chance de bousculer son éternel rival, actuellement sur une série de 13 victoires consécutives ?
2023, UN TOURNANT DECISIF
Au cours de la saison dernière, la rivalité avec Mathieu van der Poel a pris un tournant dramatique pour Wout van Aert. Désormais son Némésis est quintuple champion du monde de cyclo-cross (2015-2019-2020-2021-2023), champion du monde de cyclisme sur route (2023) et gardien de quatre victoires sur les cinq Monuments (Milan san Remo 2023, Tour des Flandres 2020-2022 et Paris-Roubaix 2023). Le néerlandais à l’issue de la saison dernière est passé dans une nouvelle dimension. Là où les compteurs du belge sont restés bloqué à « seulement » trois titres mondiaux dans les labourés (2016-2017-2018) et un seul Monument (Milan san Remo 2020).
Mais si on regarde de plus près, le sociétaire de la Visma-Lease a Bike peut nourrir énormément de regrets sur les trois dernières saisons. La victoire lui filant entre les doigts pas moins de neuf fois : cinq médailles d’argent et quatre médailles de bronze dans les grands événements. Fort de ses nombreux succès, la saison 2023 a été un véritable coup de massue au regard des triomphes de Van der Poel. Le sociétaire de la Alpecin-Deceuninck aura moins couru qu’à l’accoutumée et mieux ciblé ses objectifs. En comparaison de la charge mentale et physique qu’aura eu a encaissé le natif d’Herentals, d’Anvers à la Vénétie.
UNE NOUVELLE VISION D’ABORDER LA SAISON
La stratégie payante de Mathieu van der Poel semble avoir inspiré Wout van Aert, pour la saison à venir. La philosophie initiée par Marc Lamberts (en partance pour la Bora-Hansgrohe) a été totalement approuvée par Mathieu Heijboer, son désormais nouvel entraineur. L’objectif est clair : bâtir une forme ascendante pour l’enchainement « Ronde van Vlaanderen – Paris-Roubaix ». Une tâche à laquelle le directeur de la performance chez les Killers Wasps s’attèle chaque jour, en faisant un point quotidien avec le belge. « Je sais ce que je fais », tel est le leitmotiv du moment pour nuancer des résultats en deçà des espérances du public. Une approche financièrement avantageuse, rappelons que les organisateurs déboursent des sommets entre 15-20 000 euros pour l’avoir au départ. Mais évidemment décevante sur le plan sportif, Mathieu van der Poel dominant chacune des confrontations de la tête et des épaules, sans réelle confrontation et adversité.
MATHIEU VAN DER POEL INTOUCHABLE
La très courte saison de cyclo-cross de Wout van Aert a été teintée de deux victoires à l’Exact Cross d’Essen et au Superprestige d’Heusden-Zolder. Toutes marquées par l’absence de Mathieu van der Poel au départ de celles-ci. Lorsque les deux fantastiques ont été en confrontation directe, le duel a vite tourné à l’avantage du néerlandais dans les premiers tours de circuits. A Mol, le sociétaire de la Visma-Lease a Bike était venu en vélo avant de prendre le départ. Signe que les cross s’imbriquent dans une stratégie d’entrainement, plus que de compétitions. A Anvers, Heusden-Zolder et Coxyde, les derniers tours ont été abordés à bloc.
Ce qui correspondait à 10-15 minutes de course à 100 %. Lui permettant de tutoyer, cependant, les tours les plus lents de Mathieu van der Poel ; par occasion. Bien qu’un Wout van Aert, loin de son pic de forme, soit au-dessus de la concurrence. Ses lacunes techniques ont été édifiantes, notamment dans les portions sablées. Ce qui n’est pas sans démontrer un manque de forme pour un coureur de son rang. Si on écarte Hulst, dont le résultat est faussé par des problèmes mécaniques, le Trofee X2O de Baal a livré un verdict sans appel. 1’55’’ le séparait du champion du monde intraitable dans le jardin de Sven Nys. Un résultat amer qui a été confirmé à Coxyde. Où Pim Ronhaar, le poing rageur, pouvait être fier de devancer l’un des deux prodiges de la discipline.
LES RAISONS D’Y CROIRE
Le cyclo-cross tend à l’internationalisation. C’est pourquoi, et sans doute grâce à Felipe Orts Lloret, que l’Espagne accueille la Coupe du Monde à Benidorm, depuis la saison dernière. Benidorm sera le dernier cyclo-cross de la saison 2023-2024 de Wout van Aert. Le belge décidant de ne pas prendre part à Zonhoven, le 7 janvier dernier, afin de partir en stage en Espagne (Mutxamel) avec son équipe. Et si le cross du 21 janvier est maintenu au programme, cela s’explique par la proximité géographique. Au-delà d’être dans la province d’Alicante, seulement une petite trentaine de kilomètres sépare son lieu de villégiature actuel avec Benidorm. Une raison de garder ce dernier cross au programme et peut-être d’analyser les bénéfices de ses deux semaines de stage.
D’un point de vue technique, le circuit espagnol est jugé rapide (6’30-45 au tour). Composé essentiellement d’un bac à sable dont l’entrée se fait sans élan et de plusieurs parties où l’explosivité peut être exploitée. Comme l’entrée de la portion boisée que Tom Pidcock avait choisi au premier tour de s’extirper un temps du peloton. Néanmoins les différences ont été si minimes, qu’un groupe de quatre coureurs, composé la tête de course à l’entame du dernier tour, en 2023.
Avant que Wout van Aert et Mathieu van der Poel ne se départagent dans un sprint à deux remporté par ce dernier. Pour espérer battre le champion du monde, sur un circuit avec trois portions explosives, il faudra aborder le dernier passage de planche en tête. Si tel est le cas, l’abord des derniers virages en première position est favorisé par les quelques relances des trois épingles à franchir. Une mission difficile sur un terrain nettement à l’avantage du néerlandais.
Mais qui dit différence minime, dit obligation d’être irréprochable. La véritable seule raison de croire à une victoire de Wout van Aert est entre les mains de la chance. Un problème mécanique au mauvais moment pourrait mettre dans une position délicate, Mathieu van der Poel, qui semble avoir une marge d’au moins 30 secondes sur ces adversaires. Une avance sans doute insuffisante sur un circuit catégorisé comme rapide. A moins que les prouesses techniques du fils d’Adrie ne soient encore mises au grand jour. Et qu’il ne soit une fois de plus injouable. Ce qui a de grandes chances d’être le cas. Gageons que Wout van Aert court désormais après sa grande victoire, là où Mathieu van der Poel ne subit plus aucune pression. Le poids sur les épaules de Wout van Aert est de plus en plus pesant face au palmarès gargantuesque de son adversaire numéro 1.