Préface Nieuwsblad : Wout Van Aert va-t-il lancer sa saison comme l’année passée ?
Le 24 février aura lieu la 79e édition de la première classique flamande de la saison. Comme il est coutume, l’Omloop Het Nieuwsblad ouvrira le bal des courses World Tour sur le continent européen. L’occasion pour Wout van Aert de poursuivre sa préparation en vue de ses principaux objectifs : Ronde van Vlaanderen et Paris-Roubaix. A un peu plus d’un mois desdites échéances, où se situe le belge de la Visma-Lease a bike ? Se montrera-t-il sous son meilleur jour au départ des courses d’un jour qui commence sur le territoire de sa mère patrie ? Tentons de décrypter où en est le natif d’Herentals dans sa préparation.
Profil du Rondloop Nieuwsblad 2024 :
L’édition 2024 de l’Omloop Het Nieuwsblad sera un quasi « copier-coller » de l’édition précédente. Un départ de Gand, une traversée des difficultés pavés et monts flandriens dans la seconde moitié de course et une arrivée à Ninove depuis 2018. Telles sont les caractéristiques du parcours de la traditionnelle classique d’ouverture. Avec en point d’orgue, l’enchainement « Mur de Grammont – Bosberg » situé à une petite quinzaine de kilomètres de l’arrivée.
Les nombreuses zones à risque du Rondloop Nieuwsblad 2024 :
Dans la première moitié du parcours, avant l’entrée des difficultés à Oudernaarde avec le Katterberg, les coureurs trouveront des zones exposées au vent traversier.
Un premier danger particulier au bout d’une soixantaine de kilomètres de course, à la sortie de Kruisem. Le vent de 25km/h, trois quarts dos, devrait insuffler une certaine nervosité au sein du peloton.
Une nervosité palpable qui ne devrait guère être calmée au sommet des difficultés exposées au vent. Les mouvements de course pourraient intervenir tôt dans la course, favorisés par un vent de côté, notamment entre 6 et 55 kilomètres de l’arrivée. C’est-à-dire dans la portion d’une dizaine de kilomètres, située entre Brakel et Audenaarde.
Comme une grande partie des éditions, le Molenberg, situé au bout de 161 kilomètres de course, signe le début des grandes hostilités. Cette année, le vent de côté dans l’enchainement mythique « Kapelmuur – Bosberg » devrait favoriser les mouvements victorieux au sein du groupe de tête. D’autant plus que s’en suivra un vent de dos, qui poussera les plus téméraires vers la ligne d’arrivée. Mais est-ce une bonne nouvelle pour Wout van Aert ? Est-ce des conditions optimales pour le voir ouvrir son compteur en Belgique, cette année ?
Les raisons d’être optimiste au sujet de Wout van Aert ?
Le sociétaire de la Visma-Lease a Bike n’avait pris part à l’édition 2023 de l’Omloop Het Nieuwsblad, en retardant son début de saison au Tirreno-Adriatico. Vainqueur en solitaire de l’édition 2022, Wout van Aert souhaite prioriser ses objectifs et s’alignera avec ambition, samedi. Pourtant si la copie du belge est entièrement revue, Wout van Aert n’en demeure pas moins le grand favori de cette 72e édition, en l’absence de Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar. La preuve avec sa cote de 3.75 sur Ladbrokes.be.
Des changements radicaux dans sa préparation
La philosophie de Wout van Aert a considérablement changée. Au front de décembre à octobre, la guêpe des Visma-Lease a Bike, était sollicitée toute l’année. Chaque course était un objectif, chaque course était source de stress mental et physique. Sur chacune des compétitions auxquelles il prenait le départ, Wout van Aert était l’un des favoris, sans être le plus fort. Pour 2024, l’objectif est de mieux cibler les courses visées. Quitte à utiliser certaines compétitions dans le prolongement de sa préparation. Sans chercher à y triompher, au grand dam des suiveurs. Ce qui a valu une saison dans les sous-bois, sans grande concurrence pour Mathieu van der Poel. Mais l’objectif n’était pas de lever les bras dans les labourés de l’hiver. Wout van Aert a la ferme intention de les lever sur les Monuments pavés du printemps.
Des changements dans son entourage
Ce bouleversement dans l’approche des grandes échéances est motivé par les nombreuses gifles, que le champion belge a reçu sur les trois dernières années. Pour se faire, Wout van Aert sera accompagné d’un nouvel entrainement. Marc Lamberts, en partance pour la Bora-Hansgrohe, laisse la place à Mathieu Heijboer, qu’il côtoyait dans le pôle performance du contre-la-montre. Une doctrine nouvelle à laquelle le néerlandais adhère parfaitement. Et à laquelle, il tentera d’apporter sa patte en aiguillant au mieux Wout van Aert dans sa montée en puissance.
« Cet hiver, le cyclocross est bien plus un moyen qu’une fin. Tout est basé sur le printemps », déclarait-il au journal Le Nieuwsblad. Une affirmation qui s’est très vite vérifier puisque le belge n’a jamais vraiment paru au niveau physique d’un Mathieu van der Poel stratosphérique.
Des objectifs mieux ciblés ?
Une forme que Wout van Aert veut optimale d’Harelbeke à Roubaix, c’est-à-dire du 22 mars au 7 avril. Sans chercher à se mettre en danger, le Belge a repris la route le 11 février sans étinceler. D’abord en étant un poisson pilote de luxe à la Clasica de Almeria pour Olav Kooij. Ensuite en étant victime, dès les premiers Sterrato, d’un ennui mécanique qui l’aura écarté définitivement des prétendants à la victoire de la Clásica Jaén. Enfin en s’imposant un travail spécifique sur la Volta ao Algarve em Bicicleta. Signant une victoire au sprint lors de l’étape de Tavira. Une participation, initialement non prévue, décidée dans la dernière demi-heure de course. Mais surtout en étant à l’offensive sur l’étape reine de l’Alto do Malhāo.
A en croire, les experts du déchiffrage des chiffres. En se basant sur les données de Ben Healy sur cette fameuse étape, le belge est à l’heure dans sa préparation. Tentant conjointement de faire un mauvais coup à Remco Evenepoel, les deux coureurs auront un temps maintenu le suspens pour le classement général. Une raison supplémentaire de croire au nouveau processus dans lequel s’est embarqué le cycliste belge.
Les raisons d’être sceptique au sujet de Wout van Aert ?
« Abondance de bien ne nuit pas » dit l’adage. Si Wout van Aert est en construction permanente en vue d’objectifs futurs, ses coéquipiers ont eux effectués une rentrée remarquée. Une habitude pour les hommes de Richard Plugge qui ne cessent d’étinceler à la sortie de stage en altitude. La question se pose donc de savoir si Wout van Aert est son pire ennemi ou si l’ennemi se situe à l’intérieur. Tant le belge semble un ton en retard, tant sur la concurrence que sur ses propres équipiers.
Christophe Laporte, l’autre homme rapide
Le champion d’Europe est le grand allier des deux dernières années de Wout van Aert quand il s’agit de classiques pavées. Il est vrai que la polyvalence du Français, transfuge de la Cofidis, a permis à Wout van Aert d’éparpiller la concurrence sur les monts pavés. Néanmoins, Christophe Laporte se rêve aussi de soulever le pavé de l’Enfer du Nord, dans les trois années avenir. Et si le temps presse pour les deux trentenaires, la concurrence la plus féroce pourrait venir de ses propres rangs. Pour autant, des incertitudes pointes sur la condition de Laporte, qui aura vécu un hiver mouvementé. Enchainant par deux fois, un état grippal en janvier. Encore une guêpe qu’il ne faut pas attendre à 100 % au départ de Gand.
Dylan van Baarle, le vainqueur sortant
En l’absence de Wout van Aert, l’an passé, les Jumbo-Visma de l’époque avaient dynamité la course et marquée cette dernière par leur supériorité numérique. Un avantage du nombre qu’ils auront utilisé parfaitement en profitant des qualités naturelles de Dylan van Baarle. Véritable bête à rouler, le Néerlandais s’est imposé à la manière. Si ce n’est de la manière la plus propre à lui-même. Avec un titre à remettre en jeu, Dylan van Baarle peut être ambitieux au départ, sans être réduit au simple rôle de gregario. Un rôle dangereux, surtout dans un final propice à ce qu’un gros moteur ne s’extirpe du groupe de tête, sans jamais être rejoint.
Jan Tratnik, la puissance slovène
Impressionnant en cette reprise, Jan Tratnik obtient les éloges de tous les suiveurs. Dans la peau de leader sur le Tour d’Algarve, le slovène aura accumulé les places d’honneur. D’abord en allant chercher la deuxième place sur le Tour de la Région de Murcie, derrière Ben O’Connor. Tratnik se sera extrait facilement, du peloton à la poursuite de l’australien, sur les pentes de l’Alto Cresta del Gallo. Ensuite, deux jours plus tard, en se substituant au leadership de Wout van Aert, piégé par une crevaison malheureuse lors de la Clásica Jaén. Un gros moteur dangereux quand on se souvient de son travail après les pentes du Molenberg, l’an passé. Et surtout de son raid solitaire pour anticiper la montée de la Redoute, sur Liège-Bastogne-Liège.
Matteo Jorgenson, celui qui vise Paris-Nice
L’un des points d’interrogation reposera sur l’américain, Matteo Jorgenson. Ce dernier reprendra la saison bien plus tard qu’à l’accoutumée, mais finement préparé. Avec l’objectif affiché de s’imposer chez lui, lors de Paris-Nice, la question de sa condition ne doit faire guère de doute. La course au Soleil débutant en fin de semaine prochaine. Auteur de résultats prometteurs lors de l’E3 Saxo Classic et du Ronde van Vlaanderen 2023, il sera assurément un allier de taille pour Wout van Aert dans sa quête des courses qu’il manque à son palmarès. Mais comme les Killers Wasps ont l’habitude de s’imposer sur une grande majorité des classiques pavées sur lesquelles ils s’alignent. Attention de ne pas sous-estimer Jorgenson à l’arrivée de Ninove.