En 2024, il est rare d’être encore vraiment surpris lors des périodes de mercato. Les véritables « coups » se font moins fréquents, et les fuites dans la presse tuent souvent l’effet de surprise. Fabrizio Romano, à l’échelle internationale, symbolise ce changement drastique : sans « Here we go », pas de transfert. Mais en Belgique, parfois, les clubs parviennent à nous surprendre. Dans un sens comme dans l’autre : l’arrivée de Thorgan Hazard l’été dernier, par exemple, a été menée en coulisses par Anderlecht dans les derniers jours du mercato et si elle avait fini par fuiter dans la presse, c’était sans la moindre rumeur préalable. Cet hiver, la bombe du mercato, c’était le départ d’Igor Thiago vers Brentford… contre 37 millions d’euros.
Même les suiveurs assidus du Club de Bruges n’en revenaient pas. Que Thiago quitte Bruges l’été prochain, c’était prévisible, mais un tel montant aurait déjà paru démesuré. Que ce départ soit annoncé dès cet hiver, c’était la stupeur. Le Brésilien finira la saison au Jan Breydel, mais les chances pour que sa valeur sur le marché rejoigne la somme que Brentford a mis sur la table sont très minces.
Igor Thiago, un coup risqué l’été dernier
Quand Igor Thiago débarque l’été dernier de Ludogorets, on se disait pourtant que Bruges prenait un risque. Certes, le public belge avait fait connaissance avec le buteur brésilien quelques mois plus tôt. Thiago avait marqué le seul but du match lors de la réception d’Anderlecht, le 16 février 2023 à Razgrad. Ses qualités étaient évidentes : au sein d’une équipe assez limitée mais qui poussera le RSCA aux tirs au but, le Brésilien était l’un des rares à surnager, marquant également au retour.
Mais le championnat bulgare n’est pas le championnat belge. Anderlecht, qui avait pris des notes, s’était intéressé à son profil, mais Jesper Fredberg avait reculé devant le prix demandé par Ludogorets. Pas d’hésitation pour Bart Verhaeghe : Bruges va mettre environ 8 millions sur la table, pour un joueur estimé à 4 millions (selon Transfermarkt). Un an après en avoir mis 17 pour Roman Yaremchuk, flop monumental, Bruges prend donc un gros risque. Car les échecs coûteux s’empilaient avant cela dans les valises de la direction brugeoise : Sowah (9 millions), Okereke (8 millions), Krmencik (6 millions), Rezaei (5 millions) ou encore Maouassa (4 millions) restent en tête. Cette fois, Verhaghe et Mannaert n’ont pas droit à l’erreur.
Des débuts très délicats
Très vite, on se dit que le FC Bruges a encore acheté un chat dans un sac. Oui, Thiago trouve initialement le chemin des filets (4 buts en 7 matchs). Mais le Brésilien paraît pataud, maladroit, techniquement limité. Dès que la machine brugeoise s’enraie, Igor Thiago disparaît. Deux mois sans marquer : même… la Pro League vanne le Brésilien.
Puis, comme par miracle, les buts vont recommencer à tomber, cette fois pour de bon. Décembre et janvier sont les mois du déclic. Un triplé contre le RWDM, deux doublés face à Charleroi et Westerlo et même un but très important contre l’Union : Igor Thiago est en confiance. Est-il un joueur fondamentalement transformé pour autant ? Pas forcément. Mais à 22 ans, ses statistiques attirent le regard de l’Europe : 11 buts en 6 matchs de mi-décembre à fin janvier. Difficile à relativiser. Le potentiel entrevu à Ludogorets est bien là et Bruges peut souffler. Symbole de la forme du buteur Blauw & Zwart : la fédération brésilienne frappe à la porte du Club en vue du tournoi pré-olympique. Bruges refuse, mais le message est fort.
Un transfert « compensation » dans le deal Antonio Nusa ?
Personne, dans les bureaux brugeois, ne s’imaginait cependant vendre Igor Thiago dès cet hiver, c’est une certitude. L’hiver de Vincent Mannaert est plutôt occupé par le dossier Antonio Nusa. Plusieurs clubs anglais sont très chauds et il paraît vite clair que la pépite norvégienne va battre le record pour un transfert sortant en Jupiler League. Pour un talent brut de 18 ans, 37 millions étaient déjà une belle somme, mais plus « compréhensible » et en adéquation avec le marché.
C’était finalement… Brentford qui paraissait avoir décroché la timbale. Mais le transfert tombera finalement à l’eau suite à des tests médicaux manqués pour Antonio Nusa. Bruges et le joueur finissent par prouver que ces scrupules anglais n’avaient pas lieu d’être, mais un peu tard. C’est là que commence une zone d’ombre. Pourquoi Brentford a-t-il mis exactement la même somme pour Igor Thiago, un joueur quatre ans plus âgé et moins coté, suite à l’échec du transfert de Nusa ? Les deux clubs avaient-ils un accord et les Bees ont-ils fait un « geste » pour éviter des conséquences judiciaires ? C’est plausible. Tout le monde s’accorde en tout cas sur deux choses : Igor Thiago ne vaut pas 37 millions d’euros… et le Club de Bruges a réussi un vrai coup de génie. Car l’été prochain, Antonio Nusa aussi rapportera un montant similaire…
