Doumbé vs Baki, l’épine dans le pied du PFL

C’était le combat le plus attendu de l’histoire du MMA français. Une Accor Hotel Arena soldout en quelques minutes, un buzz international : Baki vs Doumbé était un coup de maître de la part du PFL. Le grand rival de l’UFC tente depuis quelques années de rivaliser avec l’organisation n°1 mondiale. Mais, comble de l’ironie, c’est un affrontement entre deux nouveaux venus au sein du PFL, et pas entre deux de ses champions, qui attirait tous les regards.

Cédric Doumbé, multiple champion de kickboxing et introduit au Hall of Fame du GLORY, avait déjà créé la sensation en remportant son unique combat au PFL en 9 secondes, par K.O. Son adversaire, Baysangour Chamsoudinov, dit « Baki », est l’un des combattants les plus prometteurs du MMA français. Tous deux sont suivis par plusieurs millions de fans sur les réseaux sociaux. Si, sur le plan sportif, leur affrontement était inattendu à ce stade de leur carrière respective, il était un coup de génie marketing.

Le cas épineux de Baki vs Doumbé

Et pourtant, ce 7 mars, rien ne s’est passé comme prévu. Cédric Doumbé avait pronostiqué un K.O rapide. Baki ne s’attendait certainement pas à « gagner » de cette façon. Enfin, le PFL a vu son événement phare prendre fin prématurément… à cause d’une écharde dans le pied de Doumbé.

Le combat tenait jusque là toutes ses promesses. Après des mois de trashtalk, les deux stars montraient toutes les qualités attendues. Dans le premier round, Baki gérait parfaitement la distance et neutralisait le striking mortel de Doumbé tout en installant sa lutte ; dans le second round, Doumbé résistait aux amenées au sol de son adversaire et commençait à toucher la cible.

Puis, catastrophe : après une minute dans le troisième round, Cédric Doumbé signale à l’arbitre, Marc Goddard, une gêne au pied. Goddard signale à plusieurs reprises au Français de continuer, aucune situation irrégulière n’étant détectée. Après 4 rappels, le référé intervient… et arrête le combat pour de bon. Cédric Doumbé est déclaré hors d’état de combattre, dans la confusion générale. Il signale alors qu’une écharde, ou un morceau de verre, s’est logé dans son gros doigt de pied.

L’arbitre se défend, Doumbé veut un rematch

Tout d’abord, que dit le règlement ? Plusieurs choses, toutes pertinentes pour analyser la situation. Premièrement, qu’un combattant ne peut bien sûr pas réclamer les temps morts selon ses propres termes. Il faut pour cela qu’un geste illégal ait été commis : un doigt dans l’oeil, un coup à l’entrejambe ou un coup à l’arrière de la tête, par exemple. En cas de problème d’équipement, le combat peut également être arrêté : si le « tape » enroulé autour des mains d’un combattant s’est déroulé, si son protège-dents est tombé, etc.

Rien ne prévoit un arrêt de combat dans la situation de Baki-Doumbé, et surtout pas que l’un des deux compétiteurs le signale lui-même à l’arbitre. Goddard lui-même, interviewé par La Sueur après le combat, l’a expliqué : «  Les règles sont claires : un combattant ne peut pas choisir quand le combat s’arrête […] On voit parfois des combattants se briser les os et pourtant ils continuent. Je n’ai pas compris comment une écharde a pu le déranger ».

À qui la faute ?

Au sein du clan Doumbé, on soulève un autre point de règle : celui qui précise qu’un combat ne peut pas être influencé par un objet étranger présent dans la cage. C’est la responsabilité, principalement, du PFL de faire en sorte que la cage soit propre et ne présente aucun danger pour le combattant.

L’écharde a ainsi plus que probablement été amenée dans la cage par un invité, qui aurait laissé ses chaussures. C’est ce qu’explique Cédric Doumbé dans The MMA Hour : « J’ai marché sur quelque chose dans la cage parce que quelqu’un est rentré avec ses chaussures. Par exemple, ils ont fait une interview avec Tony Parker dans la cage, et ils n’ont pas nettoyé après lui ». Le basketteur n’est pas le seul à être rentré dans la cage : divers analystes et invités se sont succédés. Une entorse au protocole qui n’est pas idéale pour l’image du PFL.

Et maintenant, que va faire le PFL ?

Du côté de Baysangour « Baki » Chamsoudinov, bien sûr, on a le sourire. Car sur papier, c’est là une victoire pour le jeune prodige, et une victoire de prestige. Baki parvient même à en sortir grandi : « Quand j’ai vu Cédric se plaindre à l’arbitre, je lui ai dit : « Enlève ce que tu as dans le pied et on continue ». Je ne voyais pas ce que c’était. D’ailleurs, c’était tout petit, ce qu’il avait dans le pied… Moi, si ça m’était arrivé, je vous assure que personne n’aurait su que j’avais un problème », sourit le Franco-Tchétchène invité de Quotidien.

L’équipe du vainqueur a déjà posé ses exigences pour un rematch : il faudra une grosse paye de la part du PFL pour convaincre Baki. Dan Hardy, ancien combattant de l’UFC actuellement organisateur au sein du PFL, a cependant déjà confirmé que l’organisation était très intéressée. Cette fois, pas en trois rounds, mais en 5 : « Si Baki bat quelqu’un d’autre en attendant, cela paraîtra toujours non-résolu. Et ce combat mérite d’être résolu. Après deux rounds, j’ai eu la sensation qu’il fallait 25 minutes pour départager ces deux-là ».

Le 17 mai prochain, Bellator (compagnie désormais propriété du PFL) revient à Paris, et tout porte à croire que la revanche sera organisée à cette occasion. Tout bénéfice pour le PFL, qui fera alors un soldout assuré, profitant du « buzz » malencontreux créé par cette affaire de l’écharde. Tout est bien qui finit bien ? Probablement… sauf pour celui qui, cette fois, perdra à la loyale.