Gand-Wevelgem : préface et favoris

Ce dimanche 24 mars 2024 aura lieu la 85e édition de Gand-Wevelgem. La classique flandrienne entre Ypres et Wevelgem ne change pas d’un pouce son final, avec son enchainement de monts désormais devenue intangible. En 2023, les Jumbo-Visma avaient fait preuve d’une démonstration de force en s’offrant un doublé remarqué. Pourront-ils faire de même cette année ? Qui pour succéder à Christophe Laporte ?

Parcours de Gand-Wevelgem 2024 :

Comme il est coutume sur les classiques, la première moitié du parcours est sans aucune difficulté. Les premiers monts pavés n’interviendront qu’à 100 kilomètres de l’arrivée, afin de corser une des courses les plus longues de l’année. Cette portion est divisible en deux parties, mais c’est surtout vers la seconde moitié qu’il faut tourner le regard. Une fois passée la barre des 200 kilomètres, le peloton doit faire face à un double enchainement du Kemmelberg. Une première ascension par le versant du Belvédère (400m à 10.4%), avant d’emprunter le Scherpenberg (1km à 2.3%) et le Baneberg (1.3km à 6%). Pour conclure par l’ascension décisive du Kemmelberg par l’Ossuaire (700m à 10.9%).

Le Kemmelberg, juge de paix de Gand-Wevelgem

Emprunté à trois reprises, le Mont Kemmel est la clé de voute des stratégies qui sont mises en place. Avec des pourcentages des plus abruptes au sommet, le peloton ne peut qu’exploser sous un tempo infernal, sur les pavés qui font sa renommée. Une fois cette dernière difficulté du jour franchie, il ne restera plus qu’une petite trentaine de kilomètres à parcourir.

Une édition 2024 de Gand-Wevelgem favorable aux offensives ?

Avec un vent puissant et de dos pour rallier l’arrivée, il sera compliqué à ce qu’il restera du peloton de s’organiser pour un sprint final. L’édition 2024 devrait sourire à un homme fort qui se sera extrait dans le Kemmelberg. A moins qu’un petit comité ne se départage pour la victoire. Mais avec un mistral qui poussera littéralement les courses vers Wevelgem, les opportunités d’attaques seront légions. De quoi pimenter une 85e édition d’un rendez-vous incontournable entre l’E3 et le Ronde van Vlaanderen.

La course devrait d’ailleurs s’emballer une fois de plus de très loin. Dès la sortie de la Panne, en redescendant vers le sud, le puissant vent devrait favoriser des bordures. L’occasion parfaite de piéger des favoris à 155 kilomètres de l’arrivée, soit après à peine 96 kilomètres de course.

Des implosions multiples et des alertes avant même l’entrée des monts. Puisqu’une nouvelle zone de dangers fera son apparition à environ 130 kilomètres de l’arrivée.

Et que dire du vent de côté juste avant le Scherpenberg, où chacun devrait lutter plus qu’à l’accoutumée pour être en tête de groupe.

La phase transitoire entre le premier passage du Kemmel et le Monteberg ne sera dans de telles conditions pas de tout repos.

D’ordinaire, les routes étroites du Hill 63 auraient crééent une certaine tension. Mais à ce stade de la course, le peloton ne devrait plus être fortement composé. Surtout en prenant compte de la puissance du vent et des dégâts occasionnés par ce dernier.

La Visma-Lease a Bike affaiblie ?

Si l’équipe néerlandaise a fait le coup sur l’Omloop Het Nieuwsblad, la question se pose de savoir si elle sera l’instigatrice sur Gand-Wevelgem. Pour cause, ni Wout van Aert, Jan Tratnik, Matteo Jorgenson ou Dylan van Baarle ne seront alignés dimanche. Les Guêpes miseront sur Olav Kooij en leader. Christophe Laporte devrait signer son retour, après sa mise à l’écart de l’E3 pour cause de maladie. Les incertitudes pèsent donc sur le français. La mère carte ressemble fort à celle de Tiesj Benoot. Difficile avec pareilles absences de faire confiance à l’équipe tueuse de classiques. D’autant plus quand l’adversité en face sera féroce. Cette fois, même si les hommes en noir et jaune sont sur-représentés à l’avant, ils ne sont très certainement pas les mieux lotis.

Mathieu van der Poel pour briller sans son rival

Auteur d’une rentrée remarquée à Milan-Sanremo, le champion du monde, sera le seul fantastique aligné au départ d’une des seules grandes courses qui manque à son palmarès. Mathieu van der Poel fait dès lors office de grands favoris pour dimanche. En arrière garde, les Alpecin Deceuninck pourront miser sur Jasper Philipsen dans une course explosive comme dans un sprint réduit. Le vainqueur du premier Monument de la saison n’est pas qu’un sprinteur patenté. Le belge sait aussi se porter à l’avant dans des courses ultra sélective. Ce qui fait de lui un homme redoutable tant sa pointe de vitesse est l’une, si ce n’est la plus rapide du monde. La tactique semble claire : permettre à MVDP de faire exploser la course dans le Kemmel et laisser Philipsen semer la zizanie dans le groupe de chasse.

La rédemption du Wolfpack ?

Tonitruant en cette année 2024, Tim Merlier a retrouvé des couleurs ces derniers temps. Le belge sera l’atout numéro 1 des hommes de Wilfried Peeters. Seulement, le belge ne devra pas compter uniquement sur ses qualités au sprint. Il devra aussi se porter vers l’avant. L’équipe semble en tout cas dirigée vers lui. Cependant avec une course ultra explosive, Yves Lampaert devra porter la casquette de l’option B plus que crédible. A l’ancien champion de Belgique de trouver le bon moment pour faire parler ses qualités premières.

Des conditions idéales pour Mohoric ?

A n’en pas douter, plus la course est longue, plus la course est difficile, plus Matej Mohoric devient un nom évident. Néanmoins, il faudra au slovène être plus alerte en début de course pour ne pas se faire piéger comme à l’ouverture des classiques. Très longtemps, le leader de la Bahrain a été hors course. Ce n’est que par un miraculeux et surprenant retour du peloton qu’il est rentré dans le jeu à Ninove.

Mads Pedersen peut-il se transcender ?

Le leader des Lidl-Trek aspirera à monter en puissance en vue du Tour des Flandres. Jamais piégé sur les parties venteuses, on peut s’attendre à ce que les hommes de Maxime Monfort soient les initiateurs des coups de bordures. La durabilité de Jonathan Milan sera mise à rude épreuve sur le Kemmel. Mais qu’à cela ne tienne, Jasper Stuyven fera très certaine parler son expérience. Des adversaires de taille pour contrer Mathieu van der Poel ? Il faudra user de malice pour bousculer ce dernier. Mais le trio de leaders de l’équipe américaine a le choix des armes.

Est-ce enfin l’heure d’Arnaud de Lie ?

Le leader de la Lotto Dstny a épaté le week-end dernier. Véritablement surpuissant sur le vélo, Arnaud de Lie revient à point nommé au moment de chasser son grand objectif de la saison. A savoir de gagner une première classique flandrienne. Longtemps décrié comme un coureur qui n’arrivait pas à passer le cap du World Tour. Le Taureau de Lescheret s’est enfin imposé au plus haut rang mondial en 2023. Désormais, c’est en territoire européen, sur ses terres que De Lie compte triompher et passer un nouveau cap. De ce qu’on en a vu jusqu’à présent, on peut estimer qu’il est l’un des seuls à pouvoir rivaliser avec MVDP dans les monts.

Pronostics

Sans grands rivaux et boxant dans une catégorie à part, Mathieu van der Poel devrait s’imposer en solitaire sur cette édition 2024 de Gand-Wevelgem. Derrière le podium est ouvert. Mais avec ce qu’on en a vu à Denain et à la Bredene Koksijde Classic, Arnaud de Lie devrait chercher une belle place.