Le revers à une main : un art sur le déclin ?

Le revers à une main fait incontestablement partie des plus beaux coups du tennis. Roger Federer, maîtrisant ce coup comme personne, a réussi à en faire une véritable force. Le rendant tout aussi spectaculaire qu’efficace. Cependant, avec la modification progressive des surfaces et des styles de jeux, le revers à une main semble être menacé. En témoigne la réussite de joueurs comme Novak Djokovic, Jannik Sinner ou encore Carlos Alcaraz, tous utilisant le revers à deux mains. Mais est-ce vraiment la fin de cette technique si élégante et efficace ?

Hécatombe des revers à une main dans le top 100

On ne compte aujourd’hui plus que 11 joueurs avec un revers à une main sur le circuit ATP. Parmi les plus connus : Stefanos Tsitsipas, Grigor Dimitrov, Lorenzo Musetti, Stan Wawrinka ou encore Dominic Thiem. Mais surtout, plus aucun revers à une main ne fait partie du top 10, depuis la sortie récente de Stefanos Tsitsipas. Un évènement depuis le tout premier classement ATP paru en 1973. À cette époque, un seul joueur du top 10 n’utilisait pas le revers à une main. Ce qui nous montre une sacrée évolution dans le temps. Mais comment en est-on arrivé à ce stade ?

Les raisons du déclin du revers à une main

  • Une surface ralentie

Le déclin du revers à une main peut être attribué en partie à l’évolution des surfaces de jeu, qui a tendance à se diriger vers des surfaces plus lentes. Ces surfaces favorisent un style de jeu basé sur la défense et la constance, ce qui peut mettre les revers à une main en difficulté pour générer suffisamment de puissance et de précision dans leurs frappes.

  • Domination des joueurs puissants

Une des autres explications réside dans l’évolution du style de jeu des meilleurs joueurs du monde. En effet, on constate aujourd’hui une majorité des joueurs du circuit ATP qui adoptent un style de jeu basé sur la puissance, parfois trop stéréotypé. C’est d’ailleurs ce qu’a récemment évoqué Roger Federer : “Le problème, c’est lorsque des joueurs similaires s’affrontent, la plupart des points se jouent de la même manière. J’aimerais voir un peu plus de variété et plus d’allers‐retours au filet”.

L’ascension de ce style de jeu, basé sur de lourdes frappes du fond du court, complique très clairement la tâche aux revers à une main. Celui-ci offrant moins de contrôle et de puissance qu’un revers à deux mains plus classique. Renvoyer un service de Ben Shelton ou le coup droit puissant de Jannik Sinner, devient ainsi très compliqué avec la force d’une seule main.

Quel avenir pour le revers à une main ?

  • Les avantages du revers à une main

Même si le revers à une main a montré ses faiblesses, il n’est cependant pas impossible de rivaliser face aux meilleurs joueurs du monde avec cette arme. Roger Federer en est la meilleure preuve, lui qui a remporté pas moins de 20 Grand Chelem en ayant fait du revers à une main une véritable force. Que ce soit par des slices, des prises de balles tôt en demi-volée, ou une excellente main au filet, il est tout à fait possible de rester compétitif avec cette arme. La difficulté réside dans le fait d’adapter ce coup si esthétique, au style de jeu puissant des champions actuels. Grigor Dimitrov (12ème mondial) en est un autre exemple. Le Bulgare, qui réalise une excellente saison 2024, utilise à merveille son revers à une main.

  • À quel champion s’identifier ?

Les jeunes joueurs ont très souvent cette tendance à vouloir imiter le style de jeu de leurs joueurs favoris. Avec la retraite du maestro Roger Federer et cette disparition progressive du revers à une main, on peut craindre que la prochaine génération ne s’identifie qu’à des revers à deux mains. Carlos Alcaraz, Holger Rune, ou encore Jannik Sinner, tous des revers à deux mains, représentent à l’heure actuelle le futur du tennis mondial. Novak Djokovic, actuel numéro 1 mondial du circuit ATP, utilise lui aussi le revers à deux mains. Aujourd’hui, seuls des joueurs comme Stefanos Tsitsipas (25 ans et 11ème mondial) ou encore Lorenzo Musetti (22 ans et 24ème mondial), qui utilisent le revers à une main, semblent entretenir l’espoir de perpétuer la réussite au plus haut niveau de ce coup si esthétique.

Conclusion

Même si le revers à une main vit une période compliquée et se constate sur le classement ATP et le Top 10 mondial, il y a des raisons de croire que ce geste n’est pas voué à totalement disparaitre. Son élégance, sa possibilité de coups riches et variés, et le talent de jeunes joueurs comme Stefanos Tsitsipas ou encore Lorenzo Musetti, peuvent nous donner l’espoir d’un style qui perdurera dans le temps.