Brian Riemer, pas vraiment le « Weiler bis » : quelle est la patte du coach d’Anderlecht ?

Le RSC Anderlecht va aborder cette 4e journée de Playoffs en tant que leader du championnat, pour la première fois depuis… le titre de 2017. Ce n’est pour l’instant que symbolique : il reste 7 matchs à jouer. Mais ce n’est pas un symbole anodin. Anderlecht a traversé un désert impensable pour le club le plus titré de Belgique.

La réaction de Brian Riemer au coup de sifflet final dimanche dernier contre l’Union en disait long. Le Danois avait beau jeu de relativiser en conférence de presse d’après-match, il ne pouvait pas cacher son bonheur. Et peut-être une forme de soulagement, car le coach du RSCA n’a pas été épargné par les critiques.

Brian Riemer, un coach sans plan de jeu ?

Car si Anderlecht est actuellement en tête, on ne peut pas dire que les Mauves proposent un jeu particulièrement chatoyant. C’est par son pragmatisme que le RSCA marque les esprits. Cet Anderlecht sait profiter de ses occasions, bien aidé par l’efficacité d’un Anders Dreyer déconcertant.

Si Riemer a été si critiqué, c’est bien parce que son plan de jeu n’est pas clair. Le bloc anderlechtois est bas, mais repart assez lentement vers l’avant – la faute à des « faux » ailiers qui ont tendance à rentrer dans le jeu plus souvent qu’ils débordent. Dreyer et Hazard ont d’énormes qualités, mais certainement pas leur vitesse. Et il faut le laisser à Riemer : longtemps, il n’a pas eu d’option sur le banc pour changer cela. Francis Amuzu n’a fait son retour de blessure que récemment.

L’entrejeu anderlechtois, également, a trop souvent changé. Depuis le mois de février, Riemer n’a pas aligné deux fois d’affilée le même trio au milieu de terrain. Il avait alors aligné trois fois le trio Rits-Verschaeren-Stroeykens, pour trois victoires (contre Gand, à Charleroi, contre Saint-Trond). Dans ces Playoffs, encore, il tâtonne. Son choix de mettre Mats Rits sur le banc à Bruges n’a pas été compris.

« Je voulais un entrejeu plus joueur, j’ai donc fait ce choix. Je choisis mon entrejeu en fonction des adversaires, ce ne sera donc pas chaque fois le même », déclarait-il en conférence de presse d’après-match. C’est une autre critique émise à l’encontre de Brian Riemer : il paraît parfois être dans la réaction, plutôt que dans l’action.

Un coach à réaction ?

Souvent, cette saison, il a ainsi pu être reproché à Riemer de « protéger » certains joueurs, comme Kasper Dolberg, qui a traversé une période de moins bien. Presque par défi, le coach anderlechtois avait aligné le Danois en compagnie de son « rival », Luis Vazquez. Sans succès, les deux hommes n’étant pas complémentaires. « Vous voyez : ça ne marche pas, » semblait-il presque dire après coup.

Contre Bruges, alors que beaucoup souhaitaient le voir proposer plus de jeu, il a récidivé, retirant Rits qui symbolisait cet excès de prudence. Résultat : ça n’a pas marché non plus… parce que ce n’était pas le moment idéal pour tenter ce coup. Derrière son sourire de façade, le sympathique Brian Riemer donne parfois l’impression de trop se soucier des critiques et de réagir en conséquence. Pourtant, les supporters, eux, se soucient pour l’instant peu du fond de jeu : ils veulent un titre, quitte à ce qu’Anderlecht soit cynique.

Brian Riemer, comme Weiler ?

C’est là, bien sûr, que la comparaison avec le dernier entraîneur sacré à la tête du Sporting prend tout son sens. René Weiler était cynique, et certainement pas un esthète. Il a remporté le titre grâce à une organisation impeccable, à une efficacité redoutable et à des individualités au-dessus du lot. Son plan de jeu, cependant, était plus clair et plus assumé que celui de Brian Riemer.

Riemer, lui, paraît plus conscient et soucieux de respecter la fameuse ADN du RSCA, mais force est de constater qu’il n’arrive pas à l’imprimer sur le terrain. Là où Weiler se fichait du qu’en-dira-t-on, au point où il a fini par prendre la porte dès que le vent a tourné, Riemer est plus prudent. Notamment dans sa communication avec le public et la presse. Très vite, celle-ci avait pris le Suisse en grippe, alors que le Danois se met tout le monde dans la poche.

Un point commun cependant : Riemer, comme Weiler, est très apprécié de son groupe. Vous trouverez peu de joueurs champions en 2017 pour vous dire du mal de l’entraîneur du RSCA à l’époque, malgré les critiques. Brian Riemer aussi fait l’unanimité sur le plan humain.

La blessure de Hazard, un gros test

Avec la blessure de Thorgan Hazard, Brian Riemer fait face à un ultime test cette saison. Lui qui n’a pas été épargné par les absences (Verschaeren, Amuzu, Delaney, maintenant Hazard) va devoir se passer de l’un de ses leaders techniques.

Peut-il trouver la solution ? S’il opte pour Francis Amuzu, il devra revenir au schéma de la saison passée, avec un jeu qui prendra la profondeur à gauche au détriment du flanc droit de Dreyer. S’il choisit plutôt Yari Verschaeren, il faudra espérer que ce dernier ait enfin retrouvé toutes ses jambes. Et plus que jamais, alors que les choix se compliquent, Riemer ne pourra plus se permettre de faire les mauvais. Sous peine, à nouveau, d’être pointé du doigt alors qu’Anderlecht a, enfin, tout en mains pour aller chercher ce premier titre depuis 2017…