La deuxième semaine du Giro d’Italia 2024 s’est conclue par la victoire du maillot rose au sommet de Livigno. Tadej Pogacar, déjà solide leader du classement général, a assommé ses principaux rivaux au terme de l’étape reine de cette 107e édition. Le leader émirati possède désormais 6 minutes 41 secondes sur son dauphin, Geraint Thomas. De quoi envisager sereinement la troisième semaine du Tour d’Italie. Pour autant, les six dernières étapes ne sont pas dénuées d’intérêt. Quels sont-ils et que doit-on attendre cette semaine fatidique ?
Tadej Pogacar, un leader solidement implanté
D’aucuns ne l’auraient remis en doute. Le constat est implacable. Sans Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar est seul au monde. Vainqueur autoritaire de quatre étapes, le pensionnaire de la UAE émirates ne peut plus être inquiété. Sauf incidents ou grosse défaillance, il est peu probable que ce qui lui revient de droit ne lui file entre les doigts. Sur cette troisième semaine, le maillot rose de ce Tour d’Italie 2024 a le choix. Faire ce qu’il sait faire le mieux. Comprenez, faire rouler et gagner. Ou laisser une part du gâteau, comme il l’a fait à Prati di Tivo, lorsque Valentin Paret-Peintre s’est imposé au terme d’une échappée matinale. Avec en ligne de mire le doublé Giro – Tour de France, les journées « piano » ne seraient pas de trop. Pour autant, Pogacar fait tellement ce qu’il veut. Qu’aller chercher une victoire n’apparait pas être une dépense énergique conséquente pour le Cannibale du XXIe siècle.
Une lutte pour le podium toujours ouverte
| Geraint Thomas | |
| Daniel Felipe Martinez | 00’15’’ |
| Ben O’Connor | 00’47’’ |
| Antonio Tiberi | 02’45’’ |
| Thymen Arensman | 03’04’’ |
| Romain Bardet | 04’08’’ |
| Filippo Zana | 04’30’’ |
| Einer Rubio | 05’32’’ |
| Jan Hirt | 06’30’’ |
| Lorenzo Fortunato | 07’33’’ |
Si Tadej Pogacar boxe dans une autre catégorie que ses concurrents, la lutte pour les places d’honneur est beaucoup plus dense. Trois hommes se tiennent sous la minute à l’entame de la troisième semaine. Geraint Thomas et Daniel Felipe Martinez qui avait un ascendant sur Ben O’Connor en contre-la-montre arrivent en terrain plus hostile. La troisième semaine s’ouvre avec trois-quatre étapes montagneuses plus propices à l’australien sur le papier. Néanmoins, au sommet de Livigno, le sociétaire de la Decathlon AG2R a concédé 8 secondes à ses deux comparses. Ce qui peut laisser espérer les leaders de la Ineos Grenadiers et de la Bora-Hansgrohe. Surtout pour Geraint Thomas qui montre depuis des années une régularité sans faille. Reste le point d’interrogation autour de « Dani » qui est bien plus irrégulier que le britannique. Probablement dû en partie à son tempérament plus fougueux, que l’on aura vu au moment de l’accélération de Tadej Pogacar.
L’assise de Jonathan Milan sur les sprints massifs
Le porteur du maillot ciclamino du meilleur sprinteur du Giro d’Italia 2024, Jonathan Milan a encore deux opportunités pour lever les bras. Mais surtout de consolider son avance de 109 points sur Kaden Groves. D’un point de vue comptable, avec 50 points offerts à Padova (étape 18) et Rome (étape 21), la Lidl-Trek a tout intérêt à laisser les Alpecin Deceuninck se débrouiller seuls. La jurisprudence Arnaud Démare, en 2019, faisant foi. Pour autant, la marge est plus conséquente. Mais surtout déjà maître de trois sprints massifs, le sociétaire de la Lidl-Trek pourrait s’offrir d’autres bouquets dans ce Giro. En confiance, le sprinteur italien n’a que peu été inquiété. Ce qui pourrait l’encourager à rassasier son appétit insatiable. Quoi qu’il arrive, la stature de Milan a changé dans le sprint mondial.
Un maillot Azzurra impossible à aller chercher ?
Avec près de 100 points de différence, Tadej Pogacar (172 points) a presque le maillot Azzurra de meilleur grimpeur dans son escarcelle. D’autant que l’étape rabotée du jour supprime les 50 points au sommet de la Cima Coppi (UmbrailPass). Ce qui n’est pas pour arranger les desseins des baroudeurs. Le potentiel partage des points entre Simon Geschke (78 points), Nairo Quintana (65 points) et Christian Scaroni (64 points) ne sera d’ailleurs pas sans leur porter préjudice. On peut même presque assurer qu’un potentiel passage en tête au sommet d’un premier catégorie lui assurer mathématiquement la tête du classement. Pour espérer rester dans la lutte, les baroudeurs sont contraints à faire le plein lors de l’étape de mercredi au Passo Brocon. Gageons que la mission est presque impossible quand Rafa Majka a déclaré : « nous voulons peut-être gagner d’autres étapes », à l’arrivée de Livigno.
Le maillot bianca encore disputé
Avec l’abandon de Cian Uitjdebroeks, pour cause de maladie, Antonio Tiberi s’est vu prendre la tête du classement des meilleurs jeunes. Un moindre mal pour le jeune italien de la Bahrain Victorious. Cependant, Thymen Arensman sociétaire et coéquipier de luxe de Geraint Thomas ne pointe qu’à 15 secondes du maillot blanc. Avec plus de garanties sur trois semaines, le jeune Grenadiers de 24 ans possède l’ascendant sur son cadet de 22 ans. Ultra solide sur l’étape des Tre Cime di Lavaredo, le britannique ne devrait avoir aucun mal à combler le faible écart qui le sépare de l’Italie.
Un classement par équipe délaissé ?
Comme il le confiait lors du Late Cycling d’Antoine Besson et Nicolas Fristch, le classement par équipe n’est pas la priorité des Decathlon AG2R selon Valentin Paret-Peintre. Tout en nuançant le fait que l’équipe rigole à ce sujet et y pense de plus en plus. L’équipe française pourrait faire un gros coup en glanant ledit classement. Seulement 14 secondes les séparent des Ineos Grenadiers. Un écart ridicule qui ouvre des opportunités. Mieux armés en montagne, les hommes de Stéphane Goubert et Cyril Dessel ont largement de quoi renverser la vapeur. Preuve en est, puisqu’ils pointaient à 2’09’’ à l’issue du dernier chrono. La priorité sera naturellement autour du soutien de Ben O’Connor, mais un podium assuré pour toute l’équipe aurait une symbolique forte. Une confirmation de la nouvelle dimension prise par l’équipe de Vincent Lavenu.
Quid des classements annexes ?
Plusieurs classements annexes rythment les étapes, notamment celles considérées par les échappées dites « publicitaires ». Dans le classement des « Traguardo Volante », Andrea Pietrobon a fait le trou sur Julian Alaphilippe. Sauf incidents, le coureur de la Polti Kometa devrait remporter ce classement. Une prise d’initiative sur les étapes promises aux sprinteurs qui lui permet aussi d’être en tête du classement de la « fuga ». Nouveauté du Giro 2024, le classement de l’« intergiro » est tenu par Filippo Fiorelli. Attention cependant à Kaden Groves, le sociétaire de la VF Groupe – Bardiani CSF- Faizane’ est menacé par le sprinteur de la Alpecin Deceuninck. En recherche des 16 points au classement du maillot ciclamino, l’australien joue les intergiro en véritable comptable. Ce qui n’est pas pour arranger l’italien qui doit tricoter plus que de raison pour maintenir son avance de 4 points.
