Remco Evenepoel peut-il remporter le Tour des Flandres?
Depuis ce dimanche mémorable, Remco Evenepoel s’élève au panthéon des légendes du sport belge. À seulement 24 ans et 193 jours, il a déjà revêtu l’arc-en-ciel du champion du monde du contre-la-montre et de la course en ligne, et le voici désormais auréolé de gloire olympique, doublant la médaille d’or en une seule édition des Jeux, un exploit inédit.
Le jeune prodige de Scheepdaal, désormais détenteur de 58 victoires professionnelles, va prendre un moment pour savourer ces triomphes, avant de fixer son regard sur de nouveaux sommets. Si le maillot jaune du Tour de France et une revanche au Tour de Lombardie, après sa terrible chute en 2020, l’obsèdent, l’idée d’un triomphe au Tour des Flandres se dessine aussi à l’horizon. Patrick Lefevere, manager de la Soudal-Quick Step, rêve de le voir conquérir la “Vlaanderens Mooiste” en 2025. Remco peut-il dompter ces monts pavés mythiques ?
Remco est aussi un peu un Flandrien
Depuis trois saisons, la WorldTeam belge est en retrait sur les classiques du début de saison, mais Remco a su briller, éclipsant les doutes avec ses victoires éclatantes à Liège-Bastogne-Liège en 2022 et 2023. Pourtant, cette année, son absence a laissé un vide, privant la Soudal-Quick Step de lauriers sur les grandes courses d’un jour. Pour raviver la flamme de l’équipe, Patrick Lefevere songe voir son prodige s’attaquer aux classiques printanières. “Remco est aussi un peu un Flandrien,” dit-il avec espoir. “Il s’entraîne parfois sur ces routes et je sais qu’il rêve d’y participer un jour.”
Bien que l’ADN de l’équipe ait évolué, Lefevere, amoureux éternel du Tour des Flandres qu’il a conquis 12 fois entre 1993 et 2021, rêve de retrouver cette domination. “Nous avons bâti une équipe autour de Remco Evenepoel pour le Tour, mais j’aimerais qu’on brille sur tous les fronts. Nous n’avons pas le budget de l’UAE-Team Emirates, mais si quelqu’un connaît un coureur du calibre de van Aert, Van der Poel ou Pogacar, disponible et abordable, je suis preneur.” Faute de quoi, il ne reste qu’une solution : aligner leur champion. Cette décision s’annonce imminente.
Que Remco Evenepoel ait le talent pour maitriser une course aussi exigeante ne fait aucun doute. Lors du Tour de Belgique, à la Flèche Brabançonne, et au Championnat du Monde à Louvain, il a démontré sa maîtrise des côtes courtes et raides, même pavées. Sa performance magistrale sur la course en ligne des Jeux n’est qu’une preuve supplémentaire de son immense potentiel. Un à un, il a épuisé ses adversaires, une capacité cruciale sur les terres flamandes.
Qui pour le lâcher dans le Kwaremont ?
Son manque d’expérience, lié à un début tardif dans le cyclisme, aurait pu être un obstacle insurmontable s’il avait été aligné au Ronde en début de carrière. Mais aujourd’hui, il a progressé à pas de géant. “Il a amélioré son positionnement et son pilotage. Si on le dépose bien au pied du Vieux Kwaremont, qui pourrait le distancer ?”, s’interroge son directeur sportif Wilfried Peeters. Actuellement, seuls Wout van Aert, Mathieu Van der Poel ou Tadej Pogacar semblent capables de le lâcher sur une telle ascension.
La question n’est pas tant de savoir s’il peut remporter le Tour des Flandres, mais comment il peut surmonter ces titans. La Soudal-Quick Step peut-elle encore le protéger des aléas climatiques et des pièges de la course ? Avec Kasper Asgreen sur le départ et Julian Alaphilippe courtisé, la formation devra peut-être recruter quelques solides équipiers pour épauler Evenepoel. Les arrivées annoncées d’Ethan Hayter et Dries Van Gestel pourraient être des atouts précieux. Quelle stratégie adopter ? Faut-il attaquer de loin ou patienter pour un sprint réduit ? Dans tous les cas, il devra sans doute affronter un des trois géants, possédant chacun une pointe de vitesse supérieure.
Reste la question de la motivation. Jusqu’à présent, Remco n’a jamais vraiment manifesté un amour particulier pour les classiques flamandes, et les pavés ne sont pas sa tasse de thé (même s’il a avalé ceux de Montmartre avec aisance). La première étape sera donc d’inculquer une passion pour ce type de course à ce jeune prodige, afin qu’il embrasse pleinement ce défi épique.
