La dernière chance de Domenico Tedesco ?
Le déplacement des Diables Rouges en Italie aurait dû être un moment spécial pour Domenico Tedesco. Lui qui est né à Rossano, en Calabre, qui a bien sûr la nationalité italienne et répondra dans la langue de Dante aux journalistes italiens ce jeudi, va pourtant vivre cet Italie-Belgique avec peu de raisons de sourire. Car le sélectionneur de la Belgique est sous pression.
Depuis l’Euro 2024, qui s’est avéré désastreux de bout en bout tant sur le terrain qu’en-dehors, l’image de coach moderne, rafraîchissant et bon communicant que s’était créé Tedesco a volé en éclats. Choix étonnants, tactique peu flexible, justifications maladroites – rien n’a fonctionné en Allemagne. Et en septembre dernier, malgré une sélection qui a surpris positivement (plus de Carrasco et Trossard, la première de Duranville…), tout s’est encore très mal passé.
Sans De Bruyne, sans Lukaku, sans Onana…
Là aussi, sur le terrain et en-dehors. La victoire contre Israël avait été correcte, sans plus ; on sentait l’équipe encore malade de son Euro raté et, surtout, en grand manque de poids offensif en l’absence de Romelu Lukaku. Puis, il y a eu cette défaite en France. Un match complètement loupé sur tous les plans et qui s’était surtout conclu sur ces terribles images de Kevin De Bruyne qui semblait répéter à Franky Vercauteren : « Ik stop, ik stop ». J’arrête.
Un mois plus tard, KDB n’est pas là, mais pas parce qu’il a entre temps officialisé son départ de la sélection : le capitaine des Diables Rouges est blessé. Une façon pratique de mettre le problème sous le tapis, un peu comme Tedesco l’avait fait après la lourde blessure de Thibaut Courtois. Et ce n’est peut-être pas le seul problème du sélectionneur.
Romelu Lukaku, en effet, est également absent. Et la raison pose question : officiellement, le meilleur buteur de l’histoire des Diables veut travailler sa forme en club. Il y a un an, après un été tout aussi mouvementé avant son transfert à la Roma en dernière minute, Lukaku avait rejoint la sélection et immédiatement marqué. Le week-end dernier, il marquait et donnait deux assists : pas mal pour un joueur qui est en « méforme ». La raison de l’absence de Romelu Lukaku est peut-être plutôt à chercher dans son Euro 2024 totalement raté, lors duquel il n’a pas adressé la parole à la presse ni à son public – pas plus qu’il ne l’a fait depuis. Certains pressentent qu’on ne reverra tout bonnement plus Lukaku sous le maillot des Diables.
Et pour ajouter à tout cela, l’un des rares meneurs à avoir émergé de la nouvelle génération, Amadou Onana, a déclaré forfait, blessé. Domenico Tedesco aura bien du mal à le remplacer dans l’entrejeu, même si Onana non plus n’a pas brillé ces derniers mois. En l’absence combinée de tous ces leaders, c’est Youri Tielemans qui portera le brassard, et on se demande bien s’il en a les épaules.
Comme en Allemagne en 2023… ?
Domenico Tedesco, cependant, devra avoir en tête un autre déplacement compliqué dans l’un de « ses » pays : c’était en mars 2023, et les Diables Rouges avaient été s’imposer 2-3 sur la pelouse de l’Allemagne. Cela faisait alors plus de 60 ans que la Belgique n’avait pas battu l’Allemagne. Le début d’une forme de « Tedesco-mania » et d’un véritable vent d’enthousiasme autour de la sélection, qui n’aura pas survécu à l’Euro 2024.
Il ne faut pas remonter 60 ans en arrière pour retrouver une victoire belge face à la Squadra Azzura. C’était en effet en 2015, et les Diables l’avaient emporté 3-1 avec des buts de Vertonghen, De Bruyne et Batshuayi. Aucun des trois ne sera présent. L’absence de Michy Batshuayi, d’ailleurs, fait aussi partie des décisions étranges de Tedesco qui n’a jamais vraiment valorisé l’ancien Standardman, et ce alors que la doublure officielle de Lukaku – Loïs Openda – n’a pas encore marqué sous ses ordres.
Tedesco risque-t-il sa place ?
Domenico Tedesco a signé une prolongation de contrat avant l’Euro 2024, une décision étrange qui est bien sûr pointée du doigt aujourd’hui. Et qui n’est pas une première à l’Union Belge : Roberto Martinez aussi avait prolongé son contrat avant l’Euro 2020, pour au final donner l’impression qu’il était resté deux ans de trop.
Cette prolongation signifie que même en cas de double défaite en Italie et contre la France, le sélectionneur des Diables Rouges pourrait bien rester pour le début des qualifications pour la Coupe du Monde 2026. Car on le sait : la fédération nationale n’a pas beaucoup d’argent, et licencier Tedesco serait une perte sèche. Sans même parler de trouver un successeur digne de ce nom dans la foulée. Mais de mauvaises prestations et, surtout, une crise qui se prolongerait en coulisses entre Domenico Tedesco et les cadres du vestiaire pourraient bien finir par forcer la main de l’Union Belge. Où tout le monde espère, sans aucun doute, qu’une belle victoire à Rome ramènerait l’enthousiasme des débuts…