Yari Verschaeren : enfin un nouveau départ ?
En pleine crise de confiance, Yari Verschaeren n’était plus que l’ombre de lui-même depuis le début de la saison. Contre le Beerschot, il a signé une entrée décisive alors qu’on ne l’attendait plus. Dépassera-t-il un jour le statut d’éternelle promesse ?
De grand espoir du football belge à réserviste en l’espace de six ans. Yari Verschaeren (23 ans) restera-t-il à jamais une éternelle promesse ? Ils sont de plus en plus nombreux à le penser, le petit milieu de terrain anderlechtois (1m70) étant peu à peu devenu un joueur… tout à fait ordinaire du championnat de Belgique. Dans sa forme actuelle, ferait-il d’ailleurs encore la différence dans une formation moins huppée que celle du Sporting ? Rien n’est moins sûr. La différence, le numéro 10 des Mauves ne la fait plus que très occasionnellement.
On est aujourd’hui très loin du joueur virevoltant qui avait fait des débuts remarqués sur le terrain synthétique de Saint-Trond, le 25 novembre 2018. C’était sous Hein Vanhaezebrouck, à l’époque où les Mauves se cherchaient désespérément des éléments capables de faire basculer un match. Dans ce contexte particulièrement morose pour le RSCA, Verschaeren aurait-il été un peu trop rapidement considéré comme le Messie ? Ou, à tout le moins, comme la nouvelle pépite susceptible de devenir un jour le maitre à jouer des Bruxellois ? On a de plus en plus tendance à le croire, le natif de Saint-Nicolas n’arrivant décidément pas à la cheville des Degryse, Zetterberg Hassan ou Boussoufa.
Valeur marchande en chute libre
Alors que sa valeur était montée jusqu’à 16 millions en 2019, l’année où il fit ses grands débuts avec les Diables rouges, il ne vaudrait plus aujourd’hui que 7 millions selon Transfermarkt. Au plus grand désarroi de la direction d’Anderlecht qui, sous Jesper Fredberg, a tout mis en œuvre pour tenter de le vendre. Mais le directeur sportif danois n’est jamais parvenu à ses fins, se montrant notamment beaucoup trop gourmand l’été passé face à… l’absence de candidats acquéreurs. Comme il l’avait été, également, dans le dossier Anders Dreyer.
Pendant des mois, jusqu’à le titulariser en pleine course au titre alors qu’il était très loin de son niveau, Brian Riemer s’est acharné à protéger celui qui était devenu son « chouchou ». A la mi-août, Verschaeren fut même capitaine à deux reprises. L’idée des patrons bruxellois était clairement de le mettre en vitrine.
Mais, victime de plusieurs grosses blessures ces dernières années, dont une déchirure des ligaments croisés du genou il y a deux ans sur la pelouse d’OHL, le produit de Neerpede ne parvient pas à répondre aux attentes. Le numéro 10 que le Sporting lui a attribué dans l’espoir de faire monter sa valeur et d’en faire un produit marketing très rentable, semble trop lourd pour ses épaules.
Depuis des mois, le (trop ?) gentil Yari fait souvent peine à voir. Incapable d’accélérer le jeu, de remporter des duels ou même de jouer vers l’avant, il attriste bon nombre de supporters qui ne comprennent pas comment il a pu tomber aussi bas. Car si le n°10 du RSCA n’a peut-être pas le talent qu’on lui a prêté à ses débuts, il a évidemment bien plus de qualités que ce qu’il montre actuellement. Il mérite assurément mieux que cette descente aux enfers.
Un défi mental et physique
Le problème Verschaeren est sans doute en partie physique, mais il est aussi dans la tête. Le très beau contrat qu’il a (re)signé au RSCA -jusqu’en 2026- en septembre 2023 alors qu’il était en pleine rééducation et qu’il était susceptible de partir gratuitement quelques mois plus tard, fait partie des éléments qui rendent la pression difficilement supportable pour un élément nageant en plein doute.
Cette saison, le Waeslandien a participé à 17 matchs de championnat mais il n’a été dans la peau d’un titulaire qu’à onze reprises. 1026 minutes sur 1530 potentielles, cela fait 67% de temps de jeu. C’est relativement peu pour un garçon ayant son statut. Lors des trois derniers matchs de Pro League contre Gand, à Louvain et face au Beerschot, mais aussi en coupe contre Westerlo, il était à nouveau sur le banc au coup d’envoi. Depuis que David Hubert est devenu T1, le temps de jeu de Verschaeren en championnat est descendu à quelque 60%. Et, sur les six derniers matchs, il a même chuté à 50% !
Impact décroissant en Europe
Il sortit aussi du onze lors des quatre rencontres d’Europa League sur les cinq disputées depuis l’été dernier. Sa dernière titularisation européenne remonte déjà au 25 septembre contre Ferencvaros (2-1). Avec David Hubert, les noms n’ont plus d’importance. Ce sont les joueurs les plus en forme et les plus efficaces qui jouent
Retour sur des débuts glorieux
On est loin, très loin de l’euphorie du 9 septembre 2019, lorsqu’il avait fêté ses grands débuts avec les Diables Rouges en Ecosse. Un mois plus tard, Roberto Martinez lui avait même offert 27 minutes au stade Roi Baudouin, face à Saint-Marin (9-0). Yari Verschaeren en avait profité pour signer une entrée au jeu ô combien prometteuse, provoquant un penalty et le transformant sans trembler sous les applaudissements de tous les anciens de la génération dorée.
Que réserve l’avenir ?
Cinq ans plus tard, l’étoile de Verschaeren a considérablement pâli. Un changement d’air semble désormais s’imposer pour espérer un renouveau attendu depuis trop longtemps. A défaut d’un transfert définitif, la direction mauve ne s’opposerait sans doute pas à un prêt, dès janvier. Toutes les portes sont ouvertes et toutes les éventualités sont étudiées, actuellement à Neerpede, dans l’un des dossiers les moins évidents à gérer pour le début de l’ère Renard.
« Un départ en janvier ? Pour moi, Yari fait pleinement partie de l’équipe, a réagi David Hubert, dimanche, après les 45 minutes décisives disputées par son milieu de terrain. Je lui ai toujours dit que je croyais en lui. Son entrée face aux Anversois fut excellente et je suis vraiment heureux pour lui. Son but, en fin de premier acte, nous a fait un bien fou et nous a permis de nous relancer après la pause. Nous aurons encore besoin de tout le monde cette saison, nous en avons encore eu la preuve contre le Beerschot. »
Yari Verschaeren serait-il enfin (re)lancé ? Les quatre derniers matchs qui attendent le RSCA en cette fin d’année 2024 risquent d’être déterminants dans son chef. A la suite de la blessure de Mario Stroeykens et en attendant le retour de Thorgan Hazard début 2025, redeviendra-t-il un incontournable à Prague, à Saint-Trond, à Genk et contre Dender ?