Paris – Roubaix 2025
Ce Dimanche 13 avril s’élancera la 122e édition de Paris-Roubaix. Sans pareil dans le calendrier des Flandriennes, la reine des Classiques a tout pour marquer l’histoire avec son itinéraire atypique. Avant même le départ donné à Compiègne, Paris-Roubaix 2025 s’annonce déjà comme une édition historique. Voici pourquoi cette année est si particulière.
Le pari fou de Tadej Pogačar
A la lecture des engagés, un nom ressort : celui de Tadej Pogačar. Le champion du monde a choisi de se frotter aux pavés impitoyables du Nord de la France. Un choix qui a retourné tout le monde de la petite roue. Pour cause, c’est la première fois depuis le passage au nouveau millénaire qu’un vainqueur du Tour de France prendra le départ de Paris-Roubaix. Un risque que le champion du monde choisit en son âme et conscience. Amateur de challenge, le sociétaire de la UAE émirates y chassera les records. En chemin du Vélodrome de Roubaix, « Pogi » peut défier toutes les statistiques.
S’il faut remonter à 1992, pour retrouver la trace d’un maillot jaune au départ, il faut faire un bon de onze ans auparavant pour retrouver celle d’un vainqueur du Tour soulevant le pavé du vainqueur (Bernard Hinault). Le Slovène pourrait devenir le premier coureur de l’histoire à terminer sur le podium des cinq Monuments, selon son résultat sur Paris-Roubaix 2025. Un symbole tout aussi fort que de compléter le club des cinq maillot irisé levant les bras au Vélodrome André Pétrieux (Rick Van Looy – 1961/1962, Bernard Hinault – 1981, Peter Sagan – 2018 et Mathieu van der Poel – 2024) ou celui des vainqueurs dès leur première participation (Jean Forestier – 1955 et Sonny Colbrelli – 2021).
Le triple vainqueur du Tour est en quête de sa légende, continuera-t-il à cannibaliser l’attention et les résultats sur les courses majeures du calendrier ? Tout est possible, même pour son gabarit jugé trop petit pour être à la lutte sur les rugueux pavés du Nord.
Mathieu van der Poel pour un triplé historique
Contrairement au slovène, le double vainqueur sortant de l’Enfer du Nord, Mathieu van der Poel, a tout pour briller sur le troisième des quatre Monuments vernaux. 75 kilos sur la balance pour 1m84 de muscles saillants, épousant parfaitement sa machine, le sociétaire de la Alpecin-Deceuninck est le flandrien par excellence ; sans doute le meilleur de tous les temps. Technique, adroit, puissant, véloce et explosif, MVDP est assurément le grand favori de cette 122e édition. Gardien des deux dernières éditions, le néerlandais pourrait rééditer l’exploit de la saison 2023 où il avait empoché la Primavera avant de soulever le pavé à Roubaix. Comme un signe du destin, c’était déjà son principal adversaire, Pogačar, qui s’était emparé du Ronde van Vlaanderen, une semaine avant. Pour autant, la concurrence n’aura jamais été aussi féroce qu’en 2025, et la possible absence de Jasper Philipsen pourrait lui être préjudiciable.
La consécration pour Mads Pedersen ?
De tous les concurrents au zénith de leur carrière, dans la forme de leur vie, Mads Pedersen est probablement le nom qui doit figurer en tête de liste. Le danois n’a jamais livré si belle partition sur les flandriennes : 2e de l’E3 Saxo Classic, vainqueur de Gent- Wevelgem pour la troisième fois, 5e de Dwars door Vlaanderen et 2e du Ronde van Vlaanderen. Un copie quasi parfaite qui pourrait être revue à la hausse avec une victoire, dimanche.
Améliorant sans cesse son classement à Roubaix, le sociétaire de la Lidl-Trek peut faire mieux que sa troisième place, l’an passé. Surtout grâce à un bloc impressionnant au départ. Jasper Stuyven, Jonathan Milan, Mathias Vacek et Edward Theuns essayeront de l’accompagner au mieux dans sa tâche. L’effectif de l’équipe américaine est l’un des plus forts jamais. De quoi nourrir de très grande ambition, surtout quand personne ne vaudra arriver au sprint que ce soit avec le danois que face à l’italien.
Le retour en grâce de Wout van Aert ?
En remontant le temps, deux semaines en arrière, prononcer le nom de Wout van Aert parmi les favoris aurait presque été fou. En deux courses, le coureur d’Herentals est remonté dans la hiérarchie ; passant du statut d’outsider à celui de favori à ne pas mésestimer. Résilient à Audenaarde, le sociétaire de la Visma – Lease a Bike a une revanche à prendre. On se souviendra de 2023 et cette crevaison cruelle qui l’a laissé sur place à la sortie du Carrefour de l’Arbre. Alors que le Belge s’envolait vers une victoire qui lui été promise, le destin a une nouvelle fois joué un sale tour à celui qu’on qualifie de « coureur du peuple ». Mais pour conjurer le sort, il devra survivre à une guerre de placement qui fera rage à l’approche de la Trouée d’Arenberg.
Une approche toujours plus sécuritaire

La grande nouveauté de ce Paris-Roubaix 2025 repose sur l’approche de la Trouée d’Arenberg. Déjà initiée en 2024, l’Avenue Michel Rondet sera fortement ralentie. Exit la chicane, temporairement instaurée sur le Boulevard des Mineurs d’Arenberg ; désormais, la Rue de Croy sera au coeur du dispositif visant à réduire drastiquement la vitesse du peloton à l’entrée de la Trouée d’Arenberg. Quatre virages à 90° C viendront ralentir une meute en chasse gardée, en l’espace de 600 mètres. Dès l’Avenue d’Arenberg, il faut être en tête du peloton pour rentrer, dans la forêt Domaniale de Raismes St Amand Wallers, dans les premiers de cordée. Une mission que les Visma – Lease a Bike devront mener à bien pour Wout van Aert. A moins que les émiratis aient décidé de profiter du vent portant pour dynamiter le peloton avant le secteur d’Haveluy.
Paris-Roubaix 2025 : une édition favorable aux gaziers

Si la pluie était un fantasme tout au long de la semaine, il n’en sera rien. Les chances de voir une édition humide s’amenuisent d’heure en heure. Néanmoins, l’édition 2025 n’en restera pas moins spectaculaire. Avec un vent de Sud-Ouest de 21km/h, les coureurs seront poussés de l’Ile-de-France jusqu’au Nord-Pas de Calais. Des conditions qu’à la fois Filippo Ganna et Stefan Küng apprécieront. Dans une forme éblouissante, les deux rouleurs tacheront de faire parler leur qualité primaire pour remporter une course qu’ils convoitent depuis quelques années. Si l’Italien des Ineos Grenadiers peut miser sur ses qualités au sprint en cas de comité réduit, le suisse de la Groupama-FDJ n’a pas le choix d’éviter les coureurs rapides comme Tim Merlier.