Où est passé Cian Uijtdebroeks ?

Visma-Lease a Bike avait dressé le constat cet hiver que ses jeunes talents, dont Cian Uijtdebroeks, gagnaient trop peu. Pas par manque de capacités, mais parce qu’ils n’avaient pas les occasions adéquates. Résultat : la formation néerlandaise a lancé le « White Jersey Group », un programme dédié aux coureurs de moins de 24 ans (à l’exception d’Olav Kooij, jugé déjà trop aguerri). L’idée : les faire courir davantage sur des courses de moindre envergure, pour leur permettre de prendre leurs responsabilités, jouer la gagne et apprendre les réflexes de vainqueurs.

Cian Uijtdebroeks, enthousiasmé par l’initiative, était directement visé par le projet. Fini donc le rôle d’équipier discret dans les grandes épreuves. Place à un calendrier sur mesure. Ce programme inclut des épreuves comme le Tour d’Oman, Tirreno-Adriatico, Coppi e Bartali, et les courses françaises du Jura et du Doubs. On y ajoute aussi le Tour de Slovénie et le Tour de Suisse. Avec cette nouvelle philosophie vient une nouvelle façon de courir. Il ne s’agit plus de rouler défensivement, ni de défendre un Top 10 en limitant les dégâts.

Le but est de se comporter comme un leader. Il faut utiliser les coéquipiers à juste titre et s’économiser pour tout donner dans les moments fatidiques. Ce changement sportif s’est accompagné d’un bouleversement personnel. Le vainqueur du Tour de l’Avenir 2022 a quitté la Belgique pour s’installer à Andorre, seul, à 22 ans. C’est un compromis choisi avec son équipe pour optimiser ses performances sans compromettre la qualité de ses entraînements.

Les douleurs de retour à Tirreno : Cian Uijtdebroeks face à ses démons

Tout semblait pourtant réuni pour un rebond en 2025 après une année 2024 marquée par les pépins physiques. L’épisode le plus marquant ? Son abandon au Tour d’Espagne, victime d’une sensation d’engourdissement dans les jambes, causée par un nerf coincé dans le bas du dos. Une douleur sourde et handicapante, qui l’a empêché de s’exprimer pleinement. Le diagnostic enfin posé, le staff médical a œuvré pour le remettre sur pied.

Sa reprise au Tour d’Oman début 2025 était rassurante : une cinquième place finale encourageante et des sensations retrouvées. Mais l’enthousiasme est vite retombé. Lors de l’étape-reine de Tirreno-Adriatico, Uijtdebroeks a été rattrapé par ses démons : jambes mortes, plus de trois minutes de retard, et un abandon le lendemain, en larmes. « Je pensais que le problème était derrière moi, mais il faut  de nouveau chercher », lâchait-il, désemparé.

Changement de position sur le velo

Depuis, plusieurs ajustements ont été faits, notamment au niveau de sa position sur le vélo : selle légèrement rehaussée et rapprochée du guidon. Son directeur sportif Maarten Wynants reste prudent : « On pense avoir trouvé des solutions, mais on ne peut pas en être certains à 100 %. Ce sont des sujets qu’on préfère garder relativement privés. »

Trop tot pour le Tour de Romandie

Pour tester sa forme, Cian Uijtdebroeks a repris la compétition mi-avril dans trois courses en France : la Classic Grand Besançon Doubs, le Tour du Jura Cycliste et le Tour du Doubs. Les résultats furent mitigés : proche des premiers à deux reprises, mais un jour à plus de quinze minutes. « Il n’était ni mauvais, ni bon. Mais ces courses étaient vraiment dures », estime Wynants. Tout semblait indiquer qu’il serait présent au Tour de Romandie, mais son équipe en a décidé autrement. « Il n’était pas prêt pour le très haut niveau du WorldTour. Et Romandie, même si ce n’est pas la plus médiatisée, rassemble un plateau très fort. Il a besoin de temps, et on va lui laisser ce temps. »

Son retour en compétition est encore incertain. Plutôt que d’enchaîner les courses, l’équipe mise sur des blocs d’entraînement intensifs. « En course, ce sont les autres qui dictent ton effort. À l’entraînement, tu peux structurer ton travail, définir tes objectifs. Sauf si tu t’appelles Pogacar », sourit Wynants. Le Belge, qui a un contrat jusqu’en 2027 au sein de l’écurie néerlandaise, continue d’œuvrer dans l’ombre pour revenir au meilleur niveau, soit pour le Tour de Suisse, soit pour le Tour de Slovénie. Il sait qu’il joue gros : confirmer son potentiel pour éviter de rester un éternel espoir du cyclisme belge et international.

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