Jasper Philipsen comme Tom Steels et Tom Boonen

Jasper Philipsen a donc remporté, ce lundi, le premier sprint massif du Tour de France 2023. Avec ce succès, il en est à deux sprints invaincus sur la Grande Boucle. En effet, rappelez-vous, il avait gagné l’étape des Champs-Élysées l’an dernier. Le dernier à avoir réalisé cette performance était Marcel Kittel, vainqueur sur les Champs-Élysées en 2013 et à Harrogate l’année suivante. Il s’agit aussi de sa 30e victoire professionnelle.

Natif de Ham en Campine, Jasper Philipsen en a parcouru du chemin d’autant plus que sa trajectoire initiale le destinait à une carrière de footballeur. Actif au sein de Westerlo, un club de la Jupiler Pro League, il se distinguait déjà par sa vitesse en tant que latéral droit. Cependant, des blessures récurrentes l’ont contraint à mettre fin à son parcours dans le ballon rond à l’âge de 12 ans. Il enchainait alors avec le cyclisme au sein de Balen BC. Dès sa deuxième saison chez les Cadets, il remportait plusieurs succès, mais c’est en tant que Junior qu’il se révélait. Doté de qualités de rouleur, il devenait double Champion de Belgique du contre-la-montre. Pendant cette période, il montrait également sa polyvalence en remportant l’E3 Harelbeke et en se classant 4e de Paris-Roubaix et de la Philippe Gilbert Juniors. Il semblait à l’aise aussi bien sur les pavés que dans les côtes flamandes et ardennaises. Son talent de sprinteur surgissait lors de son passage chez les Espoirs. Sous les couleurs de la BMC Development Team, il remportait une étape et le classement général du Triptyque des Monts et Châteaux, devançant des coureurs comme Eddie Dunbar et Neilson Powless. Il terminait 2e du Tour des Flandres Espoirs. Il ajoutait aussi une étape au Tour d’Italie Espoirs, au Tour Alsace et à l’Olympia’s Tour ainsi que la classique des feuilles mortes, Paris-Tours Espoirs. L’année 2017 était déjà marquante, mais 2018 le sera encore davantage. Engagé par l’équipe Hagens Berman-Axeon, dirigée par Axel Merckx, il signait le doublé au Triptyque des Monts et Châteaux, sa dernière victoire dans une course par étapes. Il a de nouveau triomphé lors d’une étape du Tour d’Italie Espoirs, et surtout il obtient sa première victoire professionnelle lors de la quatrième étape du Tour de l’Utah, à Salt Lake City.

Un sacre CV en arrivant chez les pros

C’était donc avec un sacré CV que Jasper Philipsen passait chez les pros avec le sentiment que la Belgique détenait en son sein le nouveau Tom Boonen, rapide au sprint et à l’aise sur les classiques flandriennes Sa nouvelle équipe UAE-Team Emirates avait plus confiance en sa pointe de vitesse Cette stratégie s’est révélée payante dès le départ. Lors du Tour Down Under en Australie, il levait les bras à l’arrivée de la cinquième étape. Le reste de la saison était marqué par une succession de places d’honneur. En 2020, après une période difficile en raison de la pandémie de coronavirus, Jasper Philipsen passait la seconde : une étape au Tour du Limousin et une autre au BinckBank Tour. Sa performance la plus marquante eut lieu lors de sa première participation au Tour d’Espagne, où il a fait preuve d’une grande résistance et au bout du compte, à la 15e étape, il débloquait son compteur en Grand Tour.

Malgré ce succès, le Campinois décidait de changer d’équipe. Alors que de nombreux observateurs le voyaient rejoindre Quick Step, il optait pour Alpecin-Fenix, encore présente en ProTeam (la D2 du vélo). Ce choix surprenant au premier abord se révélait judicieux. Il gagnait sa première victoire de prestige en Belgique lors du Grand Prix de l’Escaut, devançant des pointures telles que Sam Bennett et Mark Cavendish. Cette course a été un tournant décisif. En pleine bourre, il ajoutait deux étapes au Tour de Turquie à sa collection. Il semblait prêt à réaliser son rêve ultime : gagner une étape du Tour de France. Malheureusement, malgré six podiums d’étape, il échouait de peu dans cette quête. Déterminé à rebondir, il a ensuite brillé lors de la Vuelta, remportant deux étapes. En fin de saison, il a réalisé une performance exceptionnelle en enlevant quatre courses consécutives : le Championnat des Flandres, Eschborn-Frankfurt, le Grand Prix de Denain et Paris-Chauny. L’année 2022 était orchestrée autour d’un but : le Tour de France. Pour prouver sa progression aux yeux de ses adversaires, il gagnait deux étapes lors de l’UAE Tour, affirmant ainsi sa place parmi les meilleurs sprinteurs de la planète. Avant le départ de la Grande Boucle, il renforçait sa confiance avec une victoire au Tour de Belgique. Après un début de Tour de France difficile, il trouvait la consécration lors de la 15e étape à Rodez, en s’imposant devant le redoutable Wout van Aert. Pour couronner le tout, il a également remporté l’étape prestigieuse des Champs-Élysées, un véritable délice pour les sprinteurs.

Nogaro pour le double ?

Convaincu d’avoir fait ses preuves en tant que sprinteur, Jasper Philipsen s’est fixé un objectif différent pour 2023 : briller sur les classiques flandriennes. Les sceptiques ont rapidement été convaincus de sa capacité à relever ce défi. Dans des conditions venteuses et pluvieuses, il a une nouvelle fois démontré ses qualités de coursieur en remportant avec force la course Bruges-La Panne. À Paris-Roubaix, il a rivalisé avec les meilleurs et a parfaitement manœuvré pour laisser Mathieu van der Poel prendre les devants. Après les classiques, il a recentré son attention sur le sprint. Solide lors de la première étape du Tour de Belgique, il a remporté la victoire sous le soleil éclatant de Scherpenheuvel-Zingem. Depuis le début du Tour de France, Jasper Philipsen était serein et détendu, affichant sa confiance en son équipe et en sa pointe de vitesse. Le sprint à Bayonne n’était que la confirmation de son nouveau statut de meilleur sprinteur du monde. Ainsi, Jasper Philipsen a imité les exploits de Tom Steels (en 2000) et de son ancien partenaire d’entraînement Tom Boonen (en 2005), vainqueurs du premier sprint du Tour de France à l’époque, réalisant même l’exploit de remporter deux étapes consécutives à cette occasion. La prochaine étape, mardi à Nogaro, devrait également se terminer au sprint. L’histoire est en marche, pourrait-on dire.

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