pogacar sur le podium de l'étape 13 du tour de france 2023_ Paris sportifs_Tour de France

Paris sportifs en ligne : Mais que diable nous prépare la Jumbo-Visma ?

Le Grand Colombier a rendu son verdict. Comme prévu Tadej Pogacar a frappé, sans pour autant assommer. Jonas Vingegaard a une nouvelle fois été basculé, sans pour autant courber l’échine. Sur son terrain, le slovène a dominé son sujet. Sur la quatorzième étape, le danois arrive en son royaume. Qui prendra l’ascendant sur l’autre à Morzine ? Les deux continueront-ils de se neutraliser ? Le Tour de France 2023 n’a pas encore livré tous ses secrets. Les paris sportifs s’intensifient pour cette édition 2023.

Le plan Jumbo déjà lisible ?

Annemasse – Morzine Les Portes du Soleil (151.8 kilomètres) : une journée charnière tant à l’avant qu’à l’arrière. D’abord, pour la chasse du maillot à pois de meilleur grimpeur avec 52 points de distribués à travers les cinq difficultés répertoriées. Ensuite, pour le match Jumbo-Visma/UAE émirates dans la quête du maillot jaune. Un parcours à 4 200 mètres de déclivité qui devrait, selon toute vraisemblance, sacrer le vainqueur  au sommet de Joux Plane. Sur le papier, l’étape peut sourire aux fuyards. Mais les bonifications offertes au sommet de la dernière difficulté raviveront l’intérêt vif de « Pogi » et « Fisherman » ?

La mise en route du plan Wout van Aert ?

Bien malin sera celui qui pourra prédire avec exactitude où l’échappée matinale se formera. Tel est l’enseignement des étapes d’Issoire et de Belleville-en-Beaujolais que l’on peut tirer. L’enchainement Col de Saxel, de Cou et de Feu devrait voir s’établir le groupe de tête. Le Col de Cou (7 kilomètres à 7.4 %) devrait être la clé de voute de la composition dudit groupe. Avec 10 points en son sommet, les meilleurs grimpeurs s’y livreront la première joute, qui devrait morceler le peloton de part et d’autre.

Le rôle évidemment de Wout van Aert sera de faire ce que Victor Campenaerts appelle un « Woofer ». Un effort violent au départ de 30 secondes à 1 minute pour s’extirper du peloton. Un all-in qui permet aux grosses cylindrées de prendre du champ sur la tête de peloton, toujours en chasse gardée. Toute présence de Wout van Aert sera une indication du « plan Jumbo ». Sa présence à l’avant ne doit pas être vue comme dans l’objectif de satisfaire le belge sur le plan personnel. Non, sa présence ne doit être vue que par le prisme du point d’appui.

Le col de la Ramaz est un col difficile où des dégâts peuvent être faits. 13.9 kilomètres à 7.1 % qui en font un col sélectif. Sans doute, l’endroit où la Jumbo-Visma éparpillera le peloton en tâchant de garder avec elle quelques domestiques dont Sepp Kuss. Exception faite de la vallée entre Ramaz et Joux Plane, le final sera une copie quasi conforme de l’étape du Tour de France 2016. Mettre à l’avant Wout van Aert, c’est s’assurer de sa présence pour la descente et la vallée. Un rôle qui lui était dévoué entre le Tourmalet et Cauterets. Un schéma inspiré de la transition « Galibier – Granon » de l’an passé.

A y regarder de plus près, les cols ne sont pas aussi longs que les cols alpestres de 2022. Où Pogacar avait rompu face à l’endurance du danois. Mais tout indique que si la Jumbo n’use pas ce dernier. Le sommet de Joux-Plane pourrait revoir le même schéma que les arrivées de Cauterets-Cambasque, du Puy-de-Dôme et du Grand Colombier. Une légère avance qui le fera basculer avec une courte avance, au sommet de Joux-Plane. La Jumbo-Visma est donc réduite à l’option de tenter une course d’usure pour fatiguer son adversaire slovène. Avec le risque inhérent que ce plan ne se retourne contre elle. Qu’un Pogacar esseulé, ne soit pas assez usé et réussisse le même exploit qu’à Cauterets.

L’objectif final de Jonas Vingegaard sera de profiter de la descente vers Morzine. Il ne fait aucun doute que les directeurs sportifs de la Jumbo-Visma ont observé le recul du maillot blanc dans celle du Tourmalet. Ils doivent aussi avoir en mémoire, la descente de Spandelles où leur adversaire avait essayé de mettre la pression sur le leader du GC. Un objectif raté puisque le slovène était allé au sol, là où Vingegaard ne prenait aucune marge de sécurité sur son rival. L’aisance du danois n’est ainsi plus à démontrer.

Parier sur l’agressivité de Jonas Vingegaard

L’objectif du « plan Jumbo », de mettre à mal Tadej Pogacar, place nécessairement dans le jeu de la victoire d’étape Jonas Vingegaard (7). Le rythme élevé d’une étape menée tambours battants peut très vite ramener à la raison une échappée dans le rang. D’autant que si le départ est aussi violent que sur l’étape de jeudi, la Jumbo peut être obligée de mettre en route dès le Col de Feu. D’évidence, le plan idéal sera tout de même que l’échappée fleuve aille se disputer les bonifications pour avoir un matelas de secours. Mais le rythme effréné de l’étape peut avoir raison de groupe de fuyards, comme cela a été le cas à Cauterets. Avec les jambes de Marie Blanque, le danois, porteur du maillot jaune, a toutes les cartes en main pour faire vaciller Pogacar. Mais comme expliquer les montées ne sont pas si longues qu’elles ne l’étaient quand ce dernier a posé un genou à terre. Cependant, Vingegaard doit avoir l’espérance d’arriver en terrain plus favorable à ses qualités naturelles. L’équipe s’est au moins préservé sur les pentes du Grand Colombier. Reste à savoir quand ils décideront de faire exploser la course au cours du week-end.

Parier sur un Pogacar défensif

Si Jumbo-Visma met en place son plan, Tadej Pogacar (4.5) a toutes les raisons d’espérer mettre une quatrième claque derrière la tête de son adversaire. Toute l’inconnue repose sur quelle version de « Pogi » aurons-nous ? Celle dominait sur l’étape de Laruns ou celle revancharde des étapes suivantes ? Si cette dernière refait une nouvelle fois surface, alors son explosivité peut parler en sa faveur au sommet de Joux-Plane. Quoi qu’il arrive, le slovène des UAE émirates n’a pas à faire la course. Son rôle est entièrement tourné vers celui du suiveur. En position de chasseur, le maillot blanc peut mettre la pression notamment psychologique à son rival. Si aucune différence n’est faite, son punch parle en sa faveur dans un sprint à deux qu’il domine de la tête et des épaules.

Parier sur le jeu des super-domestiques

La bataille du maillot jaune est enclenchée. Mais une autre guerre se dissimule plus en profondeur. Le duo Sepp Kuss (81) – Adam Yates (81) du meilleur assistant a trouvé un écho particulier lors de l’étape de la veille. L’américain devrait pourtant être sacrifié sur l’hôtel d’une journée infernale. Probablement préservé avant Joux-Plane, l’aigle de Durango devra faire ce qu’il s’est faire le mieux : émietté le groupe des leaders. Ce qui ne devrait pas lui ouvrir la voie d’une attaque surprise comme le britannique pourrait être autorisé. UAE semble vouloir jouer avec le nombre et profiter de la stature de Yates au général. La montée de Joux-Plane correspond parfaitement aux qualités d’Adam. Envoyer leur coleader plus en amont permettrait ensuite à Pogacar d’avoir un point d’appui pour une éventuelle attaque. Mais si le marquage est trop prononcé entre les deux favoris à la victoire finale. Il peut tout autant s’envoler de lui-même vers le gain de l’étape. A choisir entre les deux, Yates a plus de marge de manœuvre que Kuss.

Parier sur un outsider ?

Cette fois-ci, pas question de parler vraiment de neutralisation. Si bataille il doit y avoir dans Joux-Plane, d’évidence ils feront une différence sur les autres concurrents au classement général. Pourtant, rien ne garantie que les écarts au sommet ne soient conséquents. Ces derniers peuvent être marginaux. Il faut donc avoir des qualités exceptionnelles en descente pour refaire son retard.

La descente de Joux-Plane est rapide et technique comme on peut le voir sur la vidée ci-dessus (41’07’’).

1.5 kilomètre de l’arrivée

1.4 kilomètre de l’arrivée

Flamme Rouge

600 mètres de l’arrivée

100 mètres de l’arrivée

Vue depuis la ligne d’arrivée

Tom Pidcock (16) est le meilleur des candidats pour réussir cet exploit. D’autant que le britannique des Ineos Grenadiers est rapide au sprint. Il pourrait donc être capable de bousculer Tadej Pogacar. Ne cessant d’impressionner depuis la fin de semaine dernière. Le prodige arrive en terrain hostile. La grande inconnue est sa capacité à digérer les enchainements de col. S’il parvient à tenir la dragée haute, la descente peut lui ouvrir une porte d’un retour de l’arrière. Et même qui sait, avec sa fougue de déposer ses deux compères ?

Le reste du GC apparaît malheureusement trop faible pour garder le même espoir. Jai Hindley (71) semble renaitre sans pour autant impressionner. Carlos Rodriguez (81) est aussi fort que son compère, mais ne peut gagner à la régulière. Il n’y aurait bien que Simon Yates (71) mais on pouvait en attendre un peu mieux sur les pentes du Grand Colombier.

Parier sur l’espoir des échappées ?

Il est une évidence qui va faire mal au plus grand nombre. Félix Gall (13) est la meilleure chance en échappée, mais n’aura sans doute ni le bon de sortie, ni l’envie d’aller de l’avant. Désormais, l’autrichien doit se battre pour un classement général. Ce qui lui ferme bien des portes. Et même s’il pourrait anticiper un marquage des leaders, n’étant pas un danger. Ses qualités de descendeur lui font défaut et craindre un retour de l’arrière.

Probablement que les meilleurs noms à cocher sont ceux de Giulio Ciccone (26). Quid des séquelles de sa chute ? D’autant que l’italien ne ressemble pas à la meilleure version de lui-même sur cette Grande Boucle. Son coéquipier, Mattias Skjelmose (16) pourrait parfaitement le suppléer. Le danois a fait de cette étape le grand objectif de sa semaine. Cependant, on peut craindre que l’enchainement ne soit trop compliqué face aux purs grimpeurs. Michael Woods (21) devrait tenter grâce au départ difficile, mais l’arrivée en descente est une épine dans le pied du piètre descendeur qu’il est. Ion Izagirre (36) peut resigner un succès. Lui qui avait triomphé à Morzine en 2016. Tobias Halland Johannessen (36) devrait retourner aux avant-postes pour se battre au maillot à pois. Mais le norvégien a montré ses faiblesses face aux meilleurs du plateau. Louis Meinjtes (26) n’a guère la latitude qu’on l’autorise à aller de l’avant, mais a le tempérament pour. Il pourrait être celui qui facilite le travail des Jumbo-Visma, en forçant une équipe à rouler avec les Néerlandais. Une pléiade de coureurs peut être nommée. Ben O’Connor (41) serait sans nul doute le meilleur d’entre eux, si Thibaut Pinot (36) ne vient pas s’immiscer dans le lot. A moins qu’un Grenadiers comme Daniel Felipe Martinez (41) ne décide de se joindre à la fête

Notre pronostic : Une journée mené sur un rythme infernal. Et si nous avions affaire à la plus belle étape de cette 110e édition ? Les Jumbo-Visma vont mener à bien leur plan. Les deux monstres vont se batailler. Mais à la surprise générale, Tom Pidcock basculant à une poignée de secondes les surprendra dans la descente. Une victoire de prestige face aux cadors qu’il attendait tant.