Vingegaard au Tour de France 2023

Paris sportifs en ligne : un contre-la-montre déjà décisif ?

La deuxième semaine aura répondu à toutes les attentes que la première avait laissé en suspens. La bataille pour le maillot jaune entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar s’est intensifiée. L’écart avec les autres concurrents s’est creusé, là où il n’a fait que de diminuer entre les deux protagonistes principaux. Si bien que chacun d’entre eux arrive dans le flou sur cette troisième semaine décisif. Et bien malin sera celui qui pourra dire qui a l’ascendant sur l’autre à l’heure actuelle. Les deux prochaines étapes devraient éclaircir le visage du futur vainqueur du Tour de France 2023. Sans pour autant sceller sa victoire dans le marbre. Ira-t-on vers une bataille à la bonification ? Les paris sont lancés et le temps leur est désormais compté, pour tenter de faire rompre la défense adverse.

La détermination d’une hiérarchie

Passy – Combloux (22.4 kilomètres) : Digérer une journée de repos n’est pas à la portée de tous, encore moins après 17 jours de course. L’ouverture de la troisième semaine par une seizième étape chronométrée est, dans ce cas, loin d’être un cadeau pour ceux qui digèrent mal les jours défilants.
Le seul exercice individuel de cette 110e édition ravira les moins bons rouleurs parmi les grimpeurs, Sur le papier, les deux derniers vainqueurs du Tour de France devraient se jouer la victoire. À moins qu’un troisième larron vienne jouer les trouble-fêtes.

Un chrono si favorable aux grimpeurs ?

Deux premiers kilomètres en quasi-ligne droite extrêmement roulants.

Une première difficulté (1.6 kilomètres à 9.1 %) en guise d’apéritif avant l’ascension de la côte de Domancy

La portion suivante, de transition, sera longue de 11.9 kilomètres.

Sur ces portions rectilignes, les meilleurs rouleurs auront le loisir de pousser les watts.

Le KOM de Thomas de Gendt (TDF 2016) en 14’43’’ de la montée Combloux ne devrait plus tenir bien longtemps. Une ascension de 6 kilomètres à 6.5 % de moyenne dont le pied sera l’endroit clé de la journée.

Un pied raide d’une montée de Combloux avec des pourcentages frôlant les deux chiffres dans la côte de Domancy

Ces 2.5 kilomètres à 9.2 % seront suivis de portions plus roulantes (3.5 kilomètres à 5 %).

                                                           Vue depuis la ligne d’arrivée

Point météorologique

Un vent annoncé de face dans la montée finale, qui devrait encore plus durcir l’enjeu. Un vent léger annoncé faiblissant au fur et à mesure de la journée : 11km/h pour les premiers partants, 9km/h pour les derniers.

Des risques de pluie minimes à ne pas négliger au cours de l’après-midi. L’accord des modèles n’est pas unanime. Le modèle Arome n’annonce pas de pluie avant le début de soirée. Là où le modèle Arpège dit tout le contraire avec une petite pluie toute l’après-midi. Il conviendra de rester prudent et de faire l’update à quelques heures – minutes du début de l’étape.

Parier sur une supériorité théorique de Jonas Vingegaard

Ses deux dernières années ont montré que Jonas Vingegaard (2.25) est l’un des meilleurs coureurs dans l’exercice chronométré. Ce parcours ne peut pas mieux lui convenir. Il est édifiant que voir l’évolution des avis et du ressenti au fur et à mesure des jours. Lorsque le Tour a débuté, le danois était le favori assez clair. Mais les différentes batailles perdues contre son rival ont fait douter. A tel point que le slovène était remis dans le jeu pour le chrono de mardi. Seulement, à la fois la montée du col de Joux Plane et celle de Saint Gervais Mont Blanc ont changé la donne des présentiments. Le leader des Jumbo-Visma n’a rien lâché quand le leader des UAE émiratis semblait moins saignant.
L’an passé, le vainqueur du Tour de France sortant n’a littéralement laissé planer aucun doute face à son adversaire. En l’écrasant aux différents intermédiaires du chrono de Rocamadour. Enorme avantage de la position, il pourra avoir une vision claire des temps de son adversaire. L’objectif est clair, reprendre du temps sur Tadej Pogacar avant de l’assassiner le lendemain.

Parier sur un Pogacar renaissant

Après sa chute à Liège-Bastogne-Liège et sa fracture au poignet gauche, Tadej Pogacar (2.3) a passé énormément de temps sur son vélo de contre-la-montre. Une rééducation forcée sur le vélo de chrono qui pourrait se révéler être à son avantage, alors que les écarts au classement général sont minimes. Hasard ou coïncidence, si le matériel Jumbo-Visma a parfois déçu sur les performances des Guèpes. Il en est tout autre pour celui des émiratis, qui n’a eu de cesse de briller. Avec notamment les victoires de Juan Ayuso en Suisse et en Romandie, mais aussi celle de Mikkel Bjerg au Critérium du Dauphiné.

Autre point à ne pas négliger repose sur l’aspect tactique de la montée. Les Jumbo-Visma semblent opter pour une stratégie conservatrice en n’opérant pas de changement de vélo. Là où les émiratis devraient tenter le coup. Une stratégie avec le vent défavorable qui pourrait s’avérer payant avec le bénéfice du poids sur l’aérodynamisme. Et encore plus dans les parties les plus raides de la côte de Domancy. Qui a raison, qui a tort ? Difficile de répondre à cette question avant d’en avoir le résultat. Ce qui est sûr, c’est que « Pogi » nous a déjà montré à de nombreuses reprises son habilité dans le changement de vélo. Que ce soit sur le chrono de la Planche des Belles Filles en 2020, comme lors de ses différents championnats nationaux. Dont celui de cette année qu’il a ravi à la manière, en pulvérisant son propre record. Comme une grande répétition avant l’heure. Pourra-t-il en tirer profit et bouleverser l’ordre établi ?

Parier sur le polyvalent Wout van Aert

Ce contre-la-montre présenté pour grimpeurs est avant tout favorable aux rouleurs-grimpeurs, dont les deux favoris au classement général font partie. Mais Wout van Aert (6) n’est pas à éliminer des prétendants pour autant. Toujours en quête de victoire, le belge a encore « six occasions » selon ses propres mots. Ce qui implique qu’il ira puiser à fond pour chercher le meilleur résultat possible. Il est donc impossible qu’il ne fasse ce chrono en dedans. D’autant qu’avec l’objectif de Glasgow, il se doit de pratiquer l’exercice correctement. Lui qui a passé énormément de temps en stage sur le vélo de chrono. Son objectif sera de gagner du temps sur le plat et de minimiser la perte face aux poids plume dans Domancy. Peut-il le faire ? La réponse est évidemment oui. Un grand Wout van Aert est capable de tout. Mais a-t-on vraiment la meilleure version du belge ? Celle qui s’est transcendé lors de l’étape de Morzine, rien n’est moins sûr. Il demeure le grand rival pour détrôner les deux hommes forts de cette Grande Boucle

Parier sur une météo capricieuse pour les derniers partants

Lorsque l’on parle du Dauphiné et des performances émiratis, on a tout de suite en mémoire la victoire de Mikkel Bjerg (151). Survolté sur ce Tour, il apparaît tout de même optimiste de le voir ne pas lâcher trop de temps dans Domancy pour rêver de toucher les étoiles. Mais si la pluie venait à faire son apparition pour les leaders. Il entrerait dans le jeu grâce à son départ à 13:33.

Parier sur un podium surprise ?

D’évidence, la victoire devrait se jouer entre Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar et dans une moindre mesure Wout van Aert. Tout autre coureur ne doit prétendre qu’à perdre du temps, mais peut avoir l’espoir de s’immiscer sur la boite. Attention alors au matériel UAE qui a fait des merveilles avec Adam Yates (3.25) en Romandie et au Dauphiné. Toujours performant sur les chronos difficiles et vallonnées, il appréciera les 600 mètres de déclivité. Carlos Rodriguez (5) sera sans doute un adversaire de taille après sa performance à Alicante sur la Vuelta a Espagne 2022. Vu la forme affichée de l’espagnol, il ne fait guère de doute que son chrono sera bon. Une affirmation qu’on a du mal à avoir avec Simon Yates (6) pourtant adepte de ce type de profil. Une pente descente que Jai Hindley semble observer depuis sa chute.

N’attendons rien de Mattias Skjelmose (8) qui aurait pu être un prétendant, mais qui ne le fera pas à fond. Mieux vaut se concentrer sur Pello Bilbao (16) rarement défaillant et toujours dans le Top 10 de ce type d’étape. Après son énorme montée du Bettex, il est des raisons de ne pas écarter Lawson Craddock. Mais des rouleurs grimpants formidablement, le penchant ira pour les Grenadiers qui peuvent compter sur Jonathan Castroviejo et Michal Kwiatkowski. Et si Matteo Jorgenson (26) surprenait une nouvelle fois de plus ? A l’image d’un Fred Wright (16) épatant lorsqu’il s’agit de faire parler sa puissance.

Côté grosses cylindrées passants bien les difficultés, Nils Politt a montré toute sa forme là où Rémi Cavagna n’a su se montrer. Peut-être que le nom à dégager est celui de Nelson Oliveira ?

Notre pronostic : La majorité ira vers Jonas Vingegaard. Prenons le pari inverse du matériel et des choix tactiques avec une victoire de Tadej Pogacar.