Quelles sont les recettes du succès du club catalan ?
Jusqu’à présent, la ville catalane de Gérone était plus connue pour son aéroport low cost proche de Barcelone et de la Costa Brava que pour son club de football, le Girona FC. Sur le plan sportif, la région est un paradis pour les cyclistes et en matière de sports d’équipe, c’est surtout le club de basket-ball local qui faisait rêver jusqu’à présent.
Mais depuis le début de la saison 2023-2024 de La Liga espagnole, le fait est que le club catalan brille de mille feux, encore plus depuis ce week-end où la victoire, 2-4 samedi à Osasuna Pampelune, s’est doublée d’un match nul et vierge dimanche entre le Real de Madrid et le Rayo Vallecano.
En 93 ans d’histoire, ce club proche des milieux nationalistes catalans n’avait guère fait parler de lui, hormis une première accession à l’élite espagnole en 2017 avant une relégation deux saisons plus tard. Le retour en Liga se fera au terme de la saison 2022 quand, 6e de la Segunda Division, le club remportait la finale des play-offs 3-1 sur l’ensemble des deux matchs contre Tenerife.
Liens avec Manchester City
Jusque-là, pas de quoi enthousiasmer les foules, ni les investisseurs du City Football Group, une filiale d’Abu Dhabi United Group, qui avait acheté 44,3 % des parts de Gérone en 2017. Le même pourcentage était par ailleurs détenu par Girona Football Group, dirigé par Pere Guardiola, le frère de l’entraîneur de Manchester City (club phare du groupe émirati), Pep Guardiola. Pere Guardiola, 47 ans, l’un des agents de joueurs les plus puissants, deviendra le président du conseil d’administration, tandis que le président du club, depuis 2015, est Delfi Geli, 54 ans, ancien du joueur du club et du FC Barcelone. La structure administrative était donc constituée.
Certes, la descente du club n’était pas forcément programmée fin 2019, mais les nouveaux investisseurs savaient pertinemment bien que pour construire solide, il fallait commencer par avoir de bonnes fondations. Et, dès la fin de l’année 2017, un centre de formation flambant neuf sortait petit à petit de terre aux abords du célèbre complexe de golf de Catalunya situé au sud de la ville.
À la suite du retour discret dans LaLiga à l’été 2022, la donne allait changer aux abords du petit Estadi Montilivi et ses 14.624 places.
Un entraîneur sans grand passé
L’homme de la remontée, Michel, de son vrai nom Miguel Ángel Sánchez Muñoz, a pris les rênes de l’équipe en 2021. Milieu de terrain honnête, ayant fait la majeure partie de sa carrière au Rayo Vallecano, il allait entamer là sa carrière d’entraîneur, d’abord auprès des jeunes avant de prendre en main l’équipe senior de 2017 à 2019. Ensuie ce sera Huesca qu’il ramène en D1. Mais les mauvais résultats s’enchaînent ensuite et en janvier 2021, il est limogé, le club ne pouvant d’ailleurs éviter la relégation à la fin de la saison.
C’est donc pour ramener Girona FC en Liga que Michel débarque en juillet 2021 dans le nord de la Catalogne avec un contrat d’un an plus un en cas de montée. Dès mai 2022, alors que l’accession n’est pas encore entérinée, son contrat est prolongé jusqu’en 2024.
Depuis son arrivée, le club a signé quasiment 50% de victoires (avec évidemment la saison en Segunda Division). Et les résultats étonnants que signent les Catalans depuis le début de la présente saison lui ont permis de décrocher le prix d’entraîneur du mois de la Liga en septembre 2023.
Blind et les autres
En deux ans, Michel a construit une vraie équipe, mélange de jeunesse et d’expérience, sans véritable star, hormis le milieu défensif néerlandais Daley Blind, 33 ans, arrivé cet été (103 sélections chez les Oranje) après des passages à l’Ajax, ManU et le Bayern. Gérone possède un fort ancrage catalan, avec six joueurs : le jeune international U21 Arnau Martinez ; le vétéran David Lopez ; Valery Fernandez ; Aleix Garcia qui transita par Manchester City qui le prêtera notamment à Mouscron durant la saison 2019-2020 ; son frère, Eric, défenseur international espagnol étant aussi passé par City, ce fut ensuite Barcelone qui l’a prêté au voisin géronais ; et enfin le jeune gardien Toni Fuidias, formé au Real Madrid.
On notera quand même quelques joueurs étrangers de valeur, à commencer par le capitaine, l’attaquant uruguayen de 37 ans Cristhian Stuani (50 apparitions internationales). L’équipe bénéficie aussi de l’apport offensif des deux internationaux ukrainiens Artem Dovbyk et Viktor Tsyhankov, tandis que c’est l’Argentin Paulo Gazzaniga qui officie entre les perches. Les bons résultats de Gérone ont attiré l’attention de Fernando Diniz, le sélectionneur du Brésil, qui a appelé le jeune Yan Couto (prêté lui aussi par Manchester City) en sélection nationale en octobre. Savio, lui, évolue déjà chez les U20 brésiliens. Enfin, le Vénézuélien Yangel Herrera (31 sélections nationales), a lui aussi débarqué à Gérone cet été.
