Les enseignements du week-end de cyclo cross : festival de Carmen Alvarado, premier succès pour Ronhaar

Ce week-end avait lieu la troisième épreuve du Superprestige à Niel et la troisième manche de la Coupe du monde de Dendermonde. Deux cyclo cross qui se sont avérés difficiles physiquement avec des terrains rendus gras par la pluie ; forçant les qualités athlétiques des crossmen et crosswomen.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

L’absence de Fem van Empel chez les femmes était prévue de longue date. Alignée sur sept cross en ce début de saison, la sociétaire de la Jumbo-Visma s’est imposée en autant d’occasions. Gagnante autoritaire de toutes ses courses, la toute récente double championne d’Europe de la discipline ne devrait faire son retour à la compétition qu’à partir du 25 novembre, lors du X2O Trofee de Courtrai – Urban Cross.

En son absence, ses adversaires ont l’occasion de prendre enfin une part du gâteau, que van Empel accapare depuis le début de saison. C’est ce que Ceylin Del Carmen Alvarado s’est empressée de faire. La deuxième femme forte de la saison, en a profité pour s’adjuver sur les deux cyclo cross de ce week-end, en s’isolant à chaque fois dès le premier tour. La cross-women de la Alpecin-Deceuninck, en bonne opportuniste, prend de ce fait la tête des deux challenges. Désormais, la néerlandaise a 29 points d’avance au classement du Superprestige sur van Empel, 5 sur Annemarie Worst et 7 sur Aniek van Alphen.

Ce qui la place naturellement en pôle position pour ravir le classement, si la championne du monde 2020 continue de monter en pression. Une situation plus délicate sur la Coupe du Monde où elle ne possède que 15 points d’avance sur la championne du monde actuelle. Un écart qui devrait continuer de se creuser, avec la manche de Coupe du monde de Troyes, organisée le week-end prochain. Après deux années difficile, Alvarado retrouve à nouveau la victoire en Coupe du Monde et surtout du plaisir dans les labourés.

Un enchaînement difficile

Que ce soit chez les femmes comme chez les hommes, hormis Alvarado, personne n’a réussi à s’immiscer sur le podium des deux courses. Les terrains boueux du Niel et de Termonde ont forcé les passages à pied. Des coureur(e)s comme Marion Norbert Riberolle ont ainsi pêché physiquement en fin de parcours dimanche. Une « fraîcheur » physique qui a été remarquée avec une euphorique Lucinda Brand, qui reprenait la compétition.

La sociétaire de la Baloise Trek Lions, championne du monde 2021, signe dès lors un retour prometteur. Dendermonde aura été une belle mise en jambe pour celle qui effectuait sa rentrée, après avoir été contraint de retarder son début de saison, à la suite d’un accident de la route et d’une blessure consécutive à l’épaule. Un surplus de jambes, qui aura aussi été en faveur de la jeune Zoe Backstedt, qui signe son premier podium en Coupe du Monde chez les Elites. Comme son aîné, elle ne s’était pas alignée sur le cross de Niel.

Chez les hommes, la même logique s’est vérifiée. Si Eli Iserbyt était vainqueur à l’expérience au Jaarmarktcross. Répéter la partition s’est avérée impossible le lendemain. Dès lors, Lars van der Haar en a profité pour prendre des points précieux sur son adversaire au classement général de la Coupe du monde. Il est vrai que le Néerlandais a été contraint à l’abandon la veille, ce qui lui aura permis d’avoir plus de jus en fin de course. Contrairement à Eli Iserbyt qui n’avait au départ de Termonde qu’un seul point de retard. Pourtant, le belge de la Pauwels Sauzen-Bingoal s’en est mieux sorti que les deux podiums « surprises » de la veille. Joris Nieuwenhuis et Felipe Orts Lloret n’ont jamais pesé sur la course le dimanche, terminant tous deux hors du Top 10.

La première de Pim Ronhaar

Le cyclo-cross est souvent une histoire d’une poignée d’hommes ; que ce soit en début de saison avec la domination d’Eli Iserbyt, qu’à partir de l’arrivée dans les labourés des deux fantastiques (Mathieu van der Poel et Wout van Aert). Cette année, les rôles se partagent. Eli Iserbyt semble vouloir construire sur un plus long terme. Ce qui ouvre les portes, notamment à la jeunesse.

D’ordinaire trop fougueux et agressif en début de course, Pim Ronhaar a suivi les conseils de son directeur sportif. Le jeune sociétaire de la Baloise, âgé de 22 ans, a su mettre le moteur en route à mi-course pour s’envoler vers un premier succès chez les professionnels. Le duo des Crelan-Corendon n’a rien pu faire, quand le néerlandais a accéléré le rythme en tête de course.

L’image du week-end

Loin de lever les bras, le sociétaire de la Baloise Trek Lions est, malgré lui, l’image du week-end, en se replaçant l’épaule à l’aide de son cadre de vélo et de sa tige de selle. Une séquence qui n’a pas manqué de faire parler d’elle, tant la séance improvisée d’auto-kinésithérapie est rare.

Ayant en mémoire le canadien, Michael van den Ham, sur le mondial d’Hoogerheide, l’an dernier, se remettant en place l’annulaire de sa main droite. Ou même de Roglic réglant de lui-même le problème d’une épaule luxée, sur l’étape pavée du Tour de France 2022. Quoi qu’il en soit, se remettre l’épaule soi-même est un exercice qui réclame une certaine expérience. Lars van der Haar est pour ainsi dire un coutumier du fait.

Les mauvaises notes du week-end

Aligné seulement sur le Superprestige de Niel, Thibau Nys faisait figure de favori pour cette course cyclo cross. Les inquiétudes autour du jeune belge de 19 ans, fils de Sven Nys, sont désormais grandissantes. Tant et si bien, qu’on peut se demander si le Koppenbergcross n’est pas l’arbre qui cache la forêt. En manque clairement de jambes à Pontchâteau et Maasmechelen, les signaux ne sont pas repassés au vert. Le sociétaire de la Baloise Trek Lions, auteur d’un bon départ, s’est très vite fait déborder.

D’abord dans les woops, où malgré une entrée en deuxième position, Nys en est sorti en 15e position. Une rétrogradation qui trouve son explication dans son entêtement à passer en vélo dans le trafic, là où l’ensemble du peloton a pris la sagesse de passer à pied. Plus tard dans le premier tour, le vainqueur de la Coupe du Monde de Waterloo, en pleine remontée a une nouvelle fois rétrogradé en passant au poste. La suite de la course n’a été qu’un lâcher-prise que trop vu depuis deux semaines. La saison route commence-t-elle à se faire sentir ? Les observateurs commencent à se poser la question.

Bien que sacré pour la deuxième année consécutive champion d’Europe, Michael Vanthourenhout a encore été contraint à l’abandon. Malchanceux depuis Maasmechelen, le sociétaire de la Pauwels Sauzen-Bingoal enchaine les bévues. Semblant touché au genou, sa non-prise de départ le dimanche serait dû à des maux de ventre. Espérons que le champion d’Europe en titre pourra se remettre de toutes ses additions d’ennuis qui plombent ses récentes courses.

Vivez l’excitation des prochaines courses cyclo cross sur Ladbrokes.be !