Biathlon hommes : pourquoi la Norvège domine tant son sport ?

Depuis le début de saison, il n’y en a quasi que pour les Norvégiens en biathlon. Du moins, chez les hommes. Comment expliquer ce phénomène qui ne semble pas prêt de s’arrêter en Norvège ? Tentative d’explication.

Cette saison, en biathlon hommes, l’équation pour gagner semble simple. Être Norvégien ou… Allemand. Sur les épreuves individuelles, les Scandinaves comptent en effet quatre succès pour trois à nos voisins de l’Est. Rien d’alarmant sur papier donc. En revanche, là où c’est inquiétant, du moins pour le suspense, c’est au classement général. Derrière un Johannes Boe qui semble déjà lancé vers un énième titre, ce ne sont pas moins de quatre autre Norvégiens qui complètent le quinté de tête. Un temps leader, l’Allemand Philipp Nawrath pointe à la sixième position. Juste devant un autre « Norge », Vetle Christiansen. Fatalement, sur les épreuves par équipes, la bande aux frères Boe ne laisse rien à ses adversaires. Et, pas sûr que la tendance s’inverse.

Interdiction du fluor : réel avantage pour la Norvège ?

C’était la grande question d’avant-saison. L’interdiction du fart au fluor semblait rabattre pas mal de cartes. Comment les pays occidentaux allaient pouvoir contrer les Scandinaves, adeptes du développement et de l’anticipation. Et si les premiers éléments de réponse en préparation laissaient présager le pire, le premier week-end à Ostersund a rassuré. Devant spatules en mains, les Norvégiens ne semblaient pas disposer d’un avantage accru à celui de l’an dernier.

Ce qui change en revanche, c’est la densité qu’ils parviennent à installer sur les temps de ski. Voir Johannes Boe ou Johannes Dale truster les premières places en la matière n’a rien d’étonnant. Voir quasi l’entièreté de la sélection norvégienne à chaque course dans le top 10 l’est davantage. Seul Sturla Laegreid reste à distance respectable. Un problème chronique chez la fine gâchette.

En globalisant les résultats, on peut néanmoins remarquer que le meilleur skieur n’est pas Norvégien. C’est Sebastian Samuelsson qui parvient à faire le plus de différence sur les skis. Son compatriote Martin Ponsiluoma limite également la casse  avec la cinquième référence tandis que Quentin Fillon Maillet, Jeremy Finello et Nawrath complètent le contingent de « Non-Norvégiens » parmi les dix premiers. Signe qu’il y a (un peu de) place sur la piste.

Une « saine » émulation norvégienne

Avec autant d’athlètes de qualité, les places sont chères. Et les loupés tout autant. Comme d’autres grandes nations, la Norvège dispose de six quotas sur les épreuves individuelles. Le problème c’est que ce grand pays de la discipline compte une dizaine de biathlètes capables d’évoluer avec les meilleurs. Les Norvégiens n’ont donc pas droit à l’erreur lorsqu’ils sont alignés sur le circuit mondial. Au risque d’être rétrogradés en IBU Cup la semaine suivante.

Biathlon hommes : le stand de tir, seule possibilité d’évincer la Norvège ?

Cette armada norvégienne n’est pas invincible pour autant. Ce ne sont pas les Allemands qui vous diront le contraire. Pour les vaincre, la recette n’est pas trop compliquée. Limiter la casse sur la piste et surtout mieux tirer. Et c’est sans doute derrière la carabine que la Norvège semble moins sereine. Avec 86% de réussite devant les cibles, Johannes Boe fait par exemple 2% moins bien que l’an dernier. Le problème c’est que ses plus grands rivaux observent la même tendance. Le Français Quentin Fillon Maillet skie moins vite et tire moins bien. C’est pourtant le seul à avoir su concurrencer Boe le temps d’une saison en 2021-2022.

Pour parvenir à battre la Norvège, il faudra donc que la concurrence gagne en régularité et surtout en densité. Deux composantes qui font actuellement la force des Norvégiens.