UFC : la hype Khamzat Chimaev a-t-elle disparu ?

Qui est le nouveau Conor McGregor ? Cette question, le monde du MMA se l’est longtemps posée. Personne ne semble à même de reprendre la couronne de « rock star » qui trône fièrement sur la tête de l’Irlandais. McGregor fait partie de ces noms qui ont dépassé leur sport pour rentrer dans la culture populaire, comme Tiger Woods, Michael Jordan ou Mike Tyson. Le MMA en a connu peu. Mais il y a quelques années, on pensait assister à l’avènement d’une nouvelle ère : celle de Khamzat Chimaev.

Des débuts prometteurs

Après s’être fait remarquer en Suède pour ses talents de lutteur, Chimaev, né en Tchétchénie, devenait une sensation en MMA, au sein du Brave FC. En 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19, l’UFC devenait la première organisation sportive internationale à reprendre ses activités dans une « bulle », à Abu Dhabi. Durant cette série d’événements, surnommés « Fight Island », Khamzat Chimaev va faire ses débuts pour l’UFC. Rapidement, il fait sensation. Et pour cause : le Tchétchène va remporter deux victoires… en 10 jours, un record. Alors que l’UFC enchaîne les événements aux Émirats, Chimaev combat les 16 et 20 juillet, gagnant chaque fois en un peu plus d’une minute. Deux mois plus tard à peine, le revoilà, cette fois à Las Vegas. Dix-sept secondes, un coup de poing, un K.O : Chimaev foudroie Gerald Meerschaert, un vétéran peu habitué à se faire humilier de la sorte. Une star est née… croit-on.

Car Khamzat Chimaev a tout pour percer. On le voit déjà champion UFC, peut-être même dans deux catégories de poids, comme un certain McGregor avant lui. Russe, il a assez d’aisance en anglais pour délivrer des speechs mémorables au micro après ses victoires, comme le déjà iconique « I’ll smash everyone, kill everyone » qui devient son mantra. Monstre d’athlétisme, Chimaev a un visage marqué par un bec-de-lièvre qui le rend encore plus inquiétant. Son aura, comme un Raspoutine venu du Caucase, subjugue. Et alors que Khabib Nurmagomedov, l’une des dernières superstars de l’UFC, prend sa retraite en octobre 2020, le statut de n°1 russe de l’organisation lui tend les bras.

COVID-19, fausse retraite et Kadyrov

Si la machine s’enraie, c’est d’abord pour des raisons indépendantes de la volonté de Chimaev. En novembre 2020, « Borz » (« le Loup », son surnom) doit affronter Leon Edwards, et peut en cas de victoire intégrer le top 5 de la division. Le combat sera reporté à trois reprises, et finalement annulé. En cause : une infection au COVID-19, dont les conséquences seront graves pour Chimaev. Durant plusieurs mois, il souffre de séquelles qui vont le pousser, le 1er mars 2021… à annoncer sa retraite. Bien vite, Dana White, président de l’UFC, nie l’information, assurant que Chimaev souffrait de troubles émotionnels liés aux médicaments. C’est là qu’entre en scène un personnage qui va avoir une énorme influence sur la carrière et l’image de Khamzat : Ramzan Kadyrov.

Dès les débuts de Chimaev à l’UFC, le dictateur tchétchène a capitalisé sur son image et l’a ouvertement soutenu. Mais Kadyrov affirmera même via ses réseaux sociaux qu’il aurait personnellement contacté son « compatriote » en mars 2021, pour le convaincre de ne pas arrêter sa carrière. En 2022, Ramzan Kadyrov assistera au mariage de Khamzat Chimaev ; à plusieurs reprises, les deux hommes partagent des séances d’entraînement filmées. Plus qu’une relation de servilité, Chimaev semble être devenu un ami intime du seigneur de guerre tchétchène. Ce qui deviendra naturellement très problématique à partir de février 2022 et l’invasion de l’Ukraine, qui voit l’obtention de visas pour les USA rendue beaucoup plus difficile aux combattants russes. Il se murmure que c’est cette situation qui a empêché « Borz » de combattre aux USA en 2023.

Dans la cage, Khamzat reste invaincu, mais…

Retour à 2021, et à cette vraie-fausse retraite. Enfin rétabli, Chimaev fait son retour en octobre 2021, et écrase un combattant accompli en la personne de Li Jingliang. L’ascension semble reprendre, Chimaev s’offre encore un « highlight » en discutant avec Dana White pendant qu’il frappe son adversaire au sol. L’extra-sportif semble mis de côté, après plus d’un an sans combattre. Mais déjà, l’aura d’un homme qu’on imaginait combattre tous les mois s’est effritée. Viendra ensuite son premier gros « test », face à Gilbert Burns, ancien challenger pour la ceinture. Et alors qu’il l’emportera à la décision, la première de sa carrière, Chimaev en sortira… amoindri. Aux yeux du public. La faute à un combat très serré. Certains jugent que « Borz » a en réalité perdu . Pour la première fois, il a été sonné, mis à terre, mis en danger.

Plus tard la même année, l’UFC offre à Khamzat une opportunité unique : celle d’affronter la superstar Nate Diaz pour son dernier combat dans l’organisation. Et là, l’enfant chéri gâche tout : un weight cut (perte de poids) complètement manqué le place à 178 pounds au lieu de 170. Le combat est annulé en dernière minute, Chimaev affrontant alors Kevin Holland. Sa victoire facile ne change rien : après avoir perdu son aura d’invincibilité, il est désormais vu comme peu professionnel. Même ses discours d’après-combat, toujours aussi arrogants, résonnent moins aux oreilles du public.

Enfin le titre UFC pour mettre fin aux critiques ?

Personne n’aurait parié, il y a 3 ans, que Chimaev entamerait 2024 sans ceinture UFC. Pire : après son échec cuisant pour faire le poids en welterweight en septembre 2022, « Borz » ne combattra plus qu’en middleweight, lui qui parlait de prendre les deux ceintures. En octobre dernier, il devait enfin y défier un membre du top 5, mais Paulo Costa se blessait. Chimaev affronte alors Kamaru Usman, ancien champion de la division du dessous, qui monte d’une catégorie en dernière minute. Et là encore, il déçoit un peu, en l’emportant à la décision… partagée.

Lui qui avait passé un an à défier tout le monde sans jamais combattre semble avoir perdu ce « facteur X » si rare en MMA. Celui qui plaçait tous les amateurs du sport en haleine dès qu’il tweetait ou faisait une annonce. Désormais, Khamzat Chimaev s’est relocalisé aux Emirats Arabes Unis et en a obtenu la nationalité récemment. L’objectif est clair : pouvoir obtenir des visas pour les USA plus facilement, et enfin à nouveau enchaîner les combats. L’année 2024 doit être la sienne : celle où il reçoit enfin sa chance à la ceinture des middleweights. Dans le cas contraire, la « hype » Chimaev risque de s’étioler pour de bon…