Le derby de Manchester, une opposition de style mais aussi de culture

Ce dimanche, la ville de Manchester sera en ébullition pour le derby entre City et United. Plus qu’une simple rivalité sportive, entre les deux camps, c’est aussi une opposition culturelle.

Manchester City va-t-il assoir son statut de meilleure équipe de la ville, dimanche, dans le derby contre United ? Avec 15 points d’avance, les Skyblues ont une avance confortable. On voit mal United venir titiller son rival au classement. Mais sur un match, tout est évidemment possible.

Sur les dix dernières confrontations, City mène la danse. 6 victoires pour les Citizen pour seulement 3 à United et 1 partage. A l’Etihad Stadium, avec son public, Pep Guardiola et ses hommes partiront grand favori.

Catho vs le reste

La rivalité est grande sur le terrain et dans les tribunes puisqu’il existe de grandes différences historiques. A l’origine, Manchester United, fondé en 1878, est le club des catholiques. City, créé 2 ans plus tard, se veut, lui, plus pluraliste. Il accueille des anglicans, des juifs mais aussi des catholiques de l’est de la ville.

Le « vrai »Manchester contre la bourgeoisie

Coupée en deux, la ville de Manchester l’est aussi avec les supporters des clubs. A l’ouest, United représente un public plus bourgeois, plus aisé. L’est de la ville est beaucoup plus ouvrier et représente Manchester City.

On comprend rapidement que les deux clubs soient devenus des symboles pour ces deux populations si différentes. Une lutte des classes par terrain interposé. Pas étonnant que les supporters de City se targuent de représenter beaucoup plus la ville.

Un sentiment qui s’est renforcé dans les années 90. Avec l’internationalisation du football, Manchester United est devenu un club du monde. Largement dans l’ombre de son rival, City trouvait principalement son public dans son territoire proche.

Le Derby de Manchester un complexe d’infériorité

Manchester City remporte en premier un trophée : la FA Cup en 1904. United répondra rapidement : titre et Community Shield en 1908, FA Cup en 1909. Le club remportera encore un titre et un Community Shield en 1911. City, lui, sera champion pour la première fois en 1937. Avant cela, il avait remporté une autre FA Cup en 1934.

Avant la seconde guerre mondiale, les deux ne sont pas des poids lourds du foot anglais. L’entente entre eux est même plutôt bonne. Un exemple ? Au sortir de la guerre, City propose à United d’utiliser son stade le temps qu’Old Trafford, endommagé par des bombardements, soit reconstruit.

Mais à partir de la fin des années 50, la donne changement doucement. En 1958, la tragédie aérienne qui coûte la vie à une grande partie des membres du club de Manchester United attire une énorme sympathie. City développe alors une certaine jalousie, laquelle trouvera son point d’orgue en 1968.

Cette saison-là, les Skyblues décroche le titre et pense revenir dans la lumière. Mais United va, dans le même temps, remporter sa première Coupe d’Europe des Clubs Champions. Le titre des Citizen passe totalement à la trappe à côté du succès européens de son rival.

En 1974, les Citizen prennent leur revanche. Lors de la dernière journée de la saison, United a besoin d’une victoire pour se sauver mais ils doivent jouer… Manchester City. City l’emportera 1-0 et expédiera son rival en deuxième division.

Mais sous la houlette de Sir Alex Fergusson, Manchester United va se développer à grande vitesse. Le palmarès des Red Devils va se garnir année après année au point de devenir l’un des plus fournis d’Angleterre. De quoi alimenter le complexe d’infériorité qui habite les supporters de City.

Mais aujourd’hui, la donne a bien changé et ce sont les Citizen qui enfilent les trophées. Avec un public qui se rapproche de plus en plus de celui de United : embourgeoisé et internationalisé.

Comme quoi, en football, tout peut aller très vite.