Flèche Wallonne : l’arrivée la plus intense de la saison ?

Mercredi, la deuxième des courses du tryptique ardennais prendra le départ. Tadej Pogacar n’y remettra pas son titre en jeu. Mathieu van der Poel ne s’y frottera pas. Et ni Primoz Roglic, ni Remco Evenepoel, contraints à l’abandon sur le Tour du Pays-Basque, ne seront de la partie. Pour autant, l’absence des plus grands noms n’ont aucun impact sur l’intérêt de la course ; bien au contraire. Comment expliquer cet attrait pour la course hutoise ?

La Flèche Wallonne, un scénario prédéfini ?

En raison de son final si atypique dans le paysage du cyclisme moderne, la Flèche Wallonne est bien souvent réduite à une course de côte. Il faut dire que la dernière édition ayant vu une arrivée en solitaire remonte à la victoire d’Igor Astarloa, en 2003. Depuis, l’approche a été maintes fois exploitée par des coureurs, désireux d’anticiper les plus forts pourcentages. Mais tous s’y sont cassés les dents. Le Mur de Huy semble écrire la même et insatiable fatalité : celle d’une victoire disputée dans l’ascension finale. Une montée, juge de paix, qui donne tout le prestige de la classique hutoise, qui rythme le mois d’avril depuis son introduction en 1983.

La Flèche Wallonne, une approche mouvementée

Vouloir anticiper le Mur de Huy se résume souvent à se tirer une balle dans le pied en se lançant dans une opération suicide. Récemment, Mauri Vansevenant aurait pu espérer réussir ce coup d’audace. Pris dans une chute en descente, le belge de la Soudal Quick-Step ne saura jamais s’il aurait pu rompre la série. Avant lui, c’est Maximilian Schachmann, en 2018, qui était repris à seulement 250 mètres de fla ligne d’arrivée. Le problème majeur pour les coureurs audacieux, ce sont les trop nombreuses équipes avec des puncheurs dans leur rang. Dès lors, la chasse n’est jamais parasitée et l’explication se fait une énième fois entre les hommes forts au sein du peloton.

Pour cette 88e édition, la Flèche Wallonne incorpore quelques nouveautés. D’ordinaire, le Mur de Huy était gravi trois fois. Cette année, les organisateurs ont choisi d’inclure une quatrième montée. Ce qui devrait naturellement durcir la journée. Pour autant, sur le circuit hutois, seule la côte d’Ereffe demeure. Exit le Chemin des Gueuses et la côte de Cherave, qui s’alternaient depuis 2020. Si le Chemin des Gueuses tendait à simplifier le final avec ses pentes plus abordables, plus loin de l’arrivée. La côte de Cherave, depuis son introduction en 2015, voulait offrir un final plus mouvementé. Désormais, il faudra composer sans ces deux difficultés. Une absence qui vient à favoriser une explication finale dans le Mur de Huy, en coupant toute envie d’anticipation.

Unique en son genre, le Mur de Huy est l’arrivée la plus explosive de l’année. Souvent décrit comme le championnat du monde des puncheurs, la Flèche Wallonne sacre les meilleurs coureurs explosifs du monde. Un effort de 1.3 kilomètres sur des pentes vertigineuses à 9.7 %. Au maximum de la pente, des pourcentages affolants à près de 20 % s’affichent. Le cœur monte au plus haut dans les tours. Les cuisses brûlent comme si un brassier incandescent venait agresser les quadriceps. La bouche goûte le sang. Le souffle est coupé. Une montée qui fait monter le lactique de manière foudroyante.

Comment aborder le final de la Flèche Wallonne ?

Pour espérer gagner, certains sont obligés d’anticiper la montée. D’autres décident d’attaquer avant les 500 derniers mètres. Deux actes qui résonnent comme des aveux de faiblesse. A 400 mètres, la zone de l’excès de confiance est passée, à l’image de Matthias Kessler (2007). En franchissant le virage Criquelion, à 300 mètres, l’adrénaline peut porter les plus téméraires. C’était le cas de Philippe Gilbert, en 2011. Une audace qui aura été payante pour le belge, contrairement à Primoz Roglic, en 2021. En vérité, Alejandro Valverde avec ses cinq succès a montré la voie d’une démonstration assurée. Au passage de la petite chapelle face à Notre-Dame de la Sarte Calvaire, c’est le moment idéal pour remettre une dent à 200 mètres de l’arrivée. Profiter d’un moment où la majorité du peloton toxine et s’écrase pour prendre cinq mètres d’avance, que personne ne réussira à combler.

Quelles courses peuvent-être plus intenses que la Flèche Wallonne ?

Lorsque l’Amstel Gold Race terminait au sommet du Cauberg, la course néerlandaise pouvait être considérée comme une petite répétition de la Flèche Wallonne. Désormais, la course dans le Limbourg n’a plus du tout le Cauberg, en juge de paix. La véritable et seule comparaison encore d’actualité repose sans doute sur le Giro dell Emilia. Il est vrai que la côte de San Luca avec ses pourcentages similaires sur 2.1 kilomètres est son portrait craché. Pour autant, le circuit est urbain n’a rien de comparable. La classique italienne est plus proche d’une course par élimination qu’une simple course de côte. L’approche est moins tendue et le placement y est moins vital. Pour dire vrai, la Flèche Wallonne ne souffre d’autres comparaisons possibles.