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Ryder Cup 2025 : l’Europe veut gâcher la fête américaine à Bethpage Black

Florent Malice

Cette semaine, à partir de vendredi, tous les amoureux de golf auront les yeux tournées vers Bethpage Black, légendaire parcours situé du côté de Long Island (New York) et où se tiendra la 45e édition de la Ryder Cup. Alors que le golf est un sport surtout réputé pour ses tournois individuels, la Ryder Cup en est le tournoi le plus populaire, opposant tous les deux ans la « Team Europe » à la « Team USA », alternativement sur l’un et l’autre continent.

En 2023, l’Europe battait les USA à plate couture sur le parcours Marco Simone Golf & Country Club de Rome. Une victoire éclatante qui confirmait la tendance, depuis quelques années : l’équipe à domicile a un solide avantage. Mais avec 8 victoires sur les 11 dernières éditions, l’Europe a aussi pris l’habitude d’aller gâcher la fête sur le sol américain, et espère bien s’imposer à Bethpage, comme elle l’avait fait en 2012 à Medinah (Illinois) de toute justesse avec notamment un Nicolas Colsaerts impérial.

Bethpage Black, un parcours de folie

Les USA réservent cependant un sacré accueil à la « Team Europe » : Bethpage Black est réputé pour être l’un des parcours les plus punitifs du monde. Bunkers très profonds, rough particulièrement haut – d’autant plus en conditions de Ryder Cup – et pars 4 d’une longueur folle font de ce parcours un monstre ayant déjà accueilli trois Majeurs (deux US Open en 2002 et 2009 et un PGA Championship en 2019). Le public de New York est également réputé pour flirter parfois avec la limite de la bienséance exigée par le golf, et les relations tendues entre quelques-uns des leaders des deux équipes annonce une ambiance bouillante.

Team Europe : McIlroy en patron, l’Angleterre en force

Rappelons une spécificité de la Ryder Cup : si chaque équipe dispose d’un « capitaine », ce dernier ne joue pas nécessairement – il est plutôt le « sélectionneur » et entraîneur de l’équipe. Depuis deux éditions, c’est Luke Donald qui dirige la Team Europe, le succès de 2023 lui valant toute la confiance européenne. Six joueurs se qualifient automatiquement, aux points, tandis que six autres sont « captain’s pick », sélectionnés par le capitaine, qui privilégie alors soit la forme du moment, soit l’expérience.

La star de l’équipe européenne, c’est bien sûr Rory McIlroy. S’il n’est plus n°1 mondial, ayant été forcé de s’incliner devant la suprématie de Scottie Scheffler, Rory a remporté le Masters, dernier Majeur manquant à son palmarès, et arrive à Bethpage en grande forme, ayant gagné l’Irish Open il y a quelques semaines. Mais surtout, le Nord-Irlandais sait se sublimer en Ryder Cup : en 2023, il avait pris 4 points, et son match de 2016 face à Patrick Reed est considéré comme l’un des plus grands de l’histoire du tournoi. McIlroy est en très mauvais termes avec Bryson DeChambeau depuis le Masters 2025 : l’Américain a promis qu’il « dirait des choses à l’oreille » de son adversaire s’il se retrouvait confronté à lui, et l’Européen n’a pas caché que selon lui, « des débordements étaient inévitables » durant cette Ryder Cup. Ca tombe bien : il adore quand l’ambiance est chaude.

Un noyau expérimenté et de nouveaux visages chez Team Europe

Parti pour le LIV saoudien, Jon Rahm reste cependant une machine de Ryder Cup et son dernier Majeur ne date que de 2023. Il sera l’autre homme à suivre côté européen dans ce tournoi, même s’il a dû passer par un « captain’s pick », ne prenant pas de points de par son absence du circuit européen. Luke Donald, dans l’ensemble, a misé sur la continuité et l’expérience puisque seul Rasmus Hojgaard découvrira le tournoi.

Ce qui frappe, c’est l’omniprésence britannique puisqu’en plus de McIlroy, Robert MacIntyre (Ecosse) est présent, tout comme quatre Anglais : le vétéran Justin Rose, le grand compétiteur Tyrell Hatton et le très régulier Tommy Fleetwood, auxquels s’ajoute le « captain’s pick » Matthew Fitzpatrick, choix logique vu qu’il participera là à sa 4e Ryder Cup. Shane Lowry est un « team player » toujours compétitif, le duo nordique Ludvig Aberg – Viktor Hovland représente la jeune garde, et Sepp Straka a été choisi pour récompenser sa belle année (certains en Belgique espéraient Thomas Detry, dont la fin de saison médiocre a gâché les chances).

Team USA à la Ryder Cup 2025 : Scheffler le plus fort, mais l’esprit d’équipe fait-il défaut ?

Côté américain, sous la houlette de Keegan Bradley, c’est une véritable all-star team : 7 joueurs issus du top 10 mondial font partie de la Team USA. S’y ajoutent Ben Griffin, 11e, Cameron Young, 20e, Patrick Cantlay et Sam Burns (22e et 23e) mais aussi un Bryson DeChambeau classé 21e parce qu’il évolue en Arabie Saoudite, et ne prend donc de points au classement mondial que lors des Majeurs, mais qui vaut largement le top 10.

Bref : sur papier, emmenée par Scottie Scheffler, golfeur le plus dominant depuis l’ère Tiger Woods, la Team USA est imbattable à la maison. Mais Scheffler, très flegmatique, n’a pas le caractère de feu d’un Rory McIlroy : il n’est pas un leader, et en 2023, son duo avec Brooks Koepka (absent cette année) a pris l’eau comme jamais en Ryder Cup. Le n°1 mondial (déjà à l’époque) et son partenaire avaient pris 9&7 (9 trous perdus et 7 à jouer), soit la plus grosse défaite de l’histoire du tournoi, comme les « rookies » Aberg et Hovland. Une humiliation. Il va devoir prendre sa revanche.

Les défis de cohésion et de caractère de Team USA

Le problème de la Team USA est peut-être ce manque de personnalité, maintenant que des « grandes gueules » comme Koepka, Phil Mickelson ou encore Patrick Reed, surnommé « Captain America », ne sont plus là. J.J Spaun, Harris English, Russell Henley, Patrick Cantlay ou encore Sam Burns sont de grands golfeurs, mais manquent de personnalité pour ce type de configuration.

L’esprit d’équipe est également moins présent que dans la Team Europe, qui a toujours été très soudée là où les golfeurs américains sont plus individualistes. Ceux qui doivent changer ça ? Bryson DeChambeau, à la personnalité flamboyante mais qui peut aussi exploser en vol s’il gère mal ses émotions ; Xander Schauffele, peut-être le plus doué du lot et qui peut battre n’importe qui dans un bon jour ; ou encore Justin Thomas, qui revient de loin et a à la fois l’expérience et la personnalité pour porter l’équipe. L’absence de son ami Jordan Spieth, vrai surdoué mais dont la carrière fait du surplace, peut cependant l’affecter.

Le programme de la Ryder Cup 2025

Si les équipes se rendent dès ce mardi à Bethpage Black pour jouer des rounds d’entraînement ouverts au public, c’est ce vendredi que le coup d’envoi du tournoi sera donné. Le programme de la Ryder Cup est le même tous les deux ans : trois jours de compétition, sous différents formats.

Le vendredi, 8 matchs sont au programme, divisés entre le matin et l’après-midi. Quatre sont en « foursome » : par équipe de deux contre deux, les joueurs frappent une seule balle à tour de rôle. La complémentarité entre les partenaires est donc cruciale dans ce format. Les quatre matchs de l’après-midi sont en « four ball » : toujours en 2vs2, mais chaque golfeur joue sa balle du début à la fin, et celui faisant le meilleur score sur le trou l’emporte pour son équipe. Un format qui permet aux joueurs en forme de « porter » leur partenaire.

Même programme le samedi, avec bien souvent une tournante dans les équipes par rapport à la veille en fonction des résultats, de la forme des uns et des autres ou afin de faire « souffler » les joueurs en ayant besoin en vue du dimanche.

Car le dimanche, c’est l’apothéose : 12 matchs en un-contre-un (« matchplay »), chaque golfeur jouant donc un match en solo. S’il arrive que la messe soit presque dite au matin du dimanche, des scénarios fous ont déjà été vus dans l’histoire de la Ryder Cup, comme en 2012 : l’Europe était menée de 4 points au début des 1vs1, et s’est finalement imposée sur le sol américain. Revivra-t-on le même scénario fou cette semaine ? Réponse ce week-end à Bethpage Black !

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