JOURNAL DE BORD 4 – Remco Evenepoel vaincu mais pas abattu
Du 26 août au 18 septembre, la Vuelta a Espana 2023 prendra une part centrale de l’actualité cyclisme. A travers ce journal de bord, nous retracerons les moments clés de chaque étape sous l’œil de Remco Evenepoel.
Vendredi 8 août 2023 : Formigal – Col du Tourmalet ou le jour sans (fin)
13h50 : le départ de l’étape reine est donné. Les leaders du classement général ont rendez-vous avec l’histoire, leur propre histoire. La Vuelta a Espana ne s’y gagnera pas, le chemin est encore loin. Mais elle peut éteindre toute ambition et rêve de podium ou de victoire finale.
13h53 : les moteurs doivent être chauds, le départ réel est donné au pied du Puerto de Portalet.
14h02 : c’est sous une pluie d’attaques que le peloton bascule en tête de la première difficulté du jour.
14h12 : crevaison pour Jonas Vingegaard, le vainqueur du Tour de France doit faire face à un incident mécanique dans la descente vers le col de l’Aubisque. Un effort de courte durée, puisqu’il réintégrera le peloton rapidement.
14h50 : le peloton est emmené par les Jumbo-Visma. Les Guêpes semblent mettre leur plan à exécution. En queue de peloton, on peut observer Lenny Martinez et Joao Almeida trainer. Le portugais ne cessera de faire le yo-yo.
15h : on annonce Joao Almeida et Remco Evenepoel lâché sur les ondes de RadioTour. Les images ne tardent pas, le maillot blanc de meilleur jeune est décroché. Entouré par le Wofpack, Remco Evenepoel ne semble pas dans une grande journée.
15h05 : la nouvelle n’a pas trainé, le jeu des oreillettes a fait son œuvre. Robert Gesink a osé nettement le ton en tête de peloton. La Jumbo-Visma a décidé de tuer tout espoir du leader de la Soudal Quick Step, dont le groupe est annoncé à 30 secondes. L’addition va être salé pour le champion de Belgique.
15h08 : Remco Evenepoel en difficulté n’arrive pas à tenir les roues de ses coéquipiers. Tant et si bien que le groupe de chasse se scinde en deux. Joao Almeida le laisse sur place, tandis que le Wolfpack forme une boule autour de son leader. L’écart ne cesse d’enfler. Une minute d’écart, c’est le débours désormais du belge à un kilomètre du sommet.
15h21 : dans la courte portion remontante de la descente de l’Aubisque, la Bahrain-Victorious a décidé de relayer les Jumbo-Visma. Dylan van Baarle lâché, reprend la roue de Joao Almeida en chasse patate. L’équipe de Mikel Landa a décidé de faire la descente
15h28 : dans le peloton, c’est la débandade. Mikel Landa, Damiano Caruso, Sepp Kuss et Jonas Vingegaard s’extirpent. Remco Evenepoel est pointé à 1‘40’’ de ce beau monde.
15h38 : les coureurs entament le col de Spandelles, les UAE émirates ont pris la marche du peloton à leur compte.
15h43 : le quatuor est repris par le peloton. Aussi fait, Mikel Landa se décide à contrer avec Jonas Vingegaard dans sa roue. Marc Soler, Sepp Kuss, Primoz Roglic et Enric Mas ne se laissent pas surprendre.
15h45 : Jonas Vingegaard passe à l’attaque, encore une fois accompagné de Mikel Landa. La journée promet d’être explosive. Le duo creuse un petit écart. Les émiratis sont obligés de faire rouler Finn Fisher-Black.
15h48 : le peloton des leaders a implosé. Un groupe composé de Marc Soler, Enric Mas, Sepp Kuss, Primoz Roglic font le jump. Avant que la suite du peloton des leaders ne rentre avec un petit temps de retard. Les coureurs rentrent au compte-goutte.
15h54 : Robert Gesink reprend sa place en tête de peloton, pour soulager le travail de Wilco Kelderman.
16h05 : Michael Storer attaque à 1.5 kilomètre du sommet. Dans le même temps, l’écart entre le peloton et le groupe Remco Evenepoel fait son apparition. C’est une claque ! 5’25’’, l’addition va être salée. La voiture médicale monte au côté du belge.
16h52 : après la portion de vallée, le peloton arrive au pied du Col du Tourmalet à Luz Saint-Sauveur.
17h02 : Wilco Kelderman prend le relai de Robert Gesink qui en a fini juste avant Barèges. Les coureurs sautent comme des pop-corns.
17h22 : juste avant la banderole des 8 derniers kilomètres, Jonas Vingegaard place la première attaque. Juan Ayuso saute dans la roue avec Sepp Kuss. L’attaque n’est pas des plus tranchantes. 300 mètres plus loin, seconde attaque du danois. Cette fois, Enric Mas tente de faire le jump.
17h24 : 7 kilomètres de l’arrivée, Jonas Vingegaard a pris quelques mètres d’avance. Le groupe de contre ralentit et ne s’entend plus. La présence de Sepp Kuss et de Primoz Roglic est une bénédiction pour le danois, qui prend rapidement 34 secondes d’avance.
17h28 : Enric Mas accélère mais en se retournant voit un petit trou. Le majorquin décide d’attaquer, rejoint en deux temps trois mouvements par Sepp Kuss.
17h31 : contre de Sepp Kuss à un peu plus de 4 kilomètres de l’arrivée. 25 secondes de retard pour l’américain sur son coéquipier.
17h33 : Enric Mas revient au train sur le maillot rouge. Le groupe se reforme et se regarde. Le leader de la Movistar a besoin de souffler, tout comme le leader émirati qui a énormément travaillé. Cian Uijtdebroeks est obligé de rouler. Le jeune belge est épatant. Qui aurait dit que le leader de la Bora Hansgrohe aurait été en pareille société ?
17h38 : le vainqueur du Tour de France est dans les deux derniers kilomètres, avec 59 secondes d’avance.
17h39 : attaque d’Uijtdebroeks, en voyant le retour de Mikel Landa.
17h40 : attaque thermonucléaire de Sepp Kuss dans le groupe de contre. L’américain a fait la différence. La Jumbo-Visma se dirige au minimum vers un doublé. Primoz Roglic semble le moins fort des trois.
17h41 : attaque de Primoz Roglic, juste avant la Flamme Rouge. Sepp Kuss a 40 secondes sur Vingegaard. Cependant, le slovène a été rapidement remis dans le rang.
17h44 : victoire de Jonas Vingegaard, le jour de l’anniversaire de sa petite fille. Sepp Kuss termine à 29 secondes, Primoz Roglic à 31. L’humiliation est complète, la Jumbo-Visma réalise un triplé historique. Désormais, les trois leaders de l’équipe néerlandaise trustent les trois premières places. 4-14
18h11 : arrivée de Remco Evenepoel, le leader des Soudal Quick Step a totalement décroché. Désormais, le Belge pointe à 27’50’’ de Sepp Kuss. Le vainqueur sortant ne réalisera pas le doublé. Prendra-t-il le départ le lendemain ? La raison de sa défaillance est pour l’heure inconnue. Le monde du cyclisme est en émoi, l’adversaire numéro 1 de la Jumbo-Visma n’est plus. Comment contre un trio bien implanté ? La Vuelta a Espana perd une partie de son âme et de sa saveur, à l’avant comme à l’arrière. Si Evenepoel, à l’image d’un Tadej Pogacar, retrouve ses jambes, il est fort à parier qu’il sera un épouvantail dans les futures échappées. Mais sera-t-il encore présent ?
Samedi 9 août 2023 : Sauveterre-de-Béarn – Larra-Belagua ou la rédemption d’Evenepoel
13h15 : départ réel donné, Remco Evenepoel est parmi les premiers attaquants du jour. Le Belge revanchard vidé hier, a, selon toute vraisemblance, de l’énergie à revendre. Il ne cesse de multiplier les attaques, tant et si bien qu’on ne les compte plus. Les futurs fuyards sont prévenus : l’échappée ne partira pas sans lui.
13h53 : à une vingtaine de kilomètres de la première difficulté du jour, un groupe de 28 coureurs se détache du peloton. Parmi eux, évidemment, Remco Evenepoel n’a pas loupé le coche.
14h00 : le groupe compte une cinquantaine de secondes d’avance sur le peloton emmené par Rui Oliveira. Les UAE émirates se sont pas représentés à l’avant et compte bien maintenir l’écart près de la minute pour faire le jump dans le Col d’Hourcère. Ils vont trouver en cours de route, les AG2R Citroën pour les épauler.
14h15 : les Jumbo-Visma tentent de faire barrage après les multiples tentatives de relances et de jump. Pour ceux qui ont loupé le bon wagon, c’est le moment ou jamais.
14h27 : Remco Evenepoel attend Mattia Cattaneo avant d’accélérer en tête de l’échappée. Dans le peloton, les UAE ont semble-t-il un plan. Finn Fisher-Black et Rui Costa sont partis à l’avant tandis que Domen Novak accélère le rythme en tête de peloton.
15h : L’écart a fondu, mais Remco Evenepoel et Romain Bardet bascule dans la descente de la Hourcère en tête de course. L’écart sur le peloton va se creuser et sur le groupe de chasse.
15h30 : Le duo de tête entre dans le Puerto de Larrau avec près d’une minute sur le groupe de chasse.
15h44 : dans ledit groupe, Michael Storer s’est décidé à se lancer à la poursuite des deux fuyards. L’australien de la Groupama-FDJ a près d’une minute et demie à combler, mais stagnera à 52 secondes.
16h02 : attaques de Juan Ayuso dans le peloton, le trio Jumbo-Visma est malheureusement aux marquages. L’espagnol aura tenter deux coups d’épée dans l’eau.
16h18 : Remco Evenepoel et Romain Bardet bascule en tête du Port de Larrau. C’est fini pour Storer qui compte désormais deux minutes de retard. Le peloton s’est neutralisé et l’écart a encore enflé : plus de six minutes de débours.
17h05 : le duo rentre dans la montée finale. Tout au long de l’étape, Remco Evenepoel a semblé trainer Romain Bardet sur le porte-bagage.
17h22 : à 4 kilomètres de l’arrivée, Evenepoel qui semblait attendre Bardet s’envole sous le feu vert du français. Les deux semblaient s’être entendus pour rallier l’arrivée ensemble, mais le français de la DSM manque de force dans cette ascension de Belagua.
17h29 : Remco Evenepoel s’impose en larmes. De l’ombre de la veille à la lumière du lendemain, le vainqueur sortant trouve une forme de rédemption. Le Belge a plié les genoux, il ne sera pas couronné sur cette 78e édition, mais trouve un maigre lot de consolation en étant le roi du classement de la montagne. L’orgueil du champion terrassé. Combien de victoires pourra-t-il prendre jusqu’à Madrid ? Les ambitions sont affichées, le désormais porteur du maillot à pois compte bien le ramener à Madrid.
Dimanche 10 août 2023 : Pamplona – Lekunberri ou le jeu du poker-menteur
13h35 : le départ est donné. Comme la veille, c’est Remco Evenepoel qui ouvre les hostilités. Ses intentions sont claires, le Belge va courir après chaque occasion.
14h07 : et de deux.
14h10 : et de trois.
14h50 : au pied de la première difficulté du jour, le Puerto de Lizarraga, Remco Evenepoel porte une nouvelle accélération. Le peloton implose sous le rythme du Belge et un groupe commence à s’extirper.
15h00 : Marc Soler passe à l’offensive dans le peloton. Les émiratis ont visiblement de la suite dans les idées. Ce qui force les Jumbo-Visma à réagir de suite. Joao Almeida prend le relai de l’attaque à son équipier.
15h03 : image invraisemblable sur une étape de transition. Marc Soler, 6e du classement général, à 3’10’’ du leader, attaque avec dans sa roue Jonas Vingegaard. Le danois est au marquage. Chose surprenante, ce sont les Jumbo-Visma qui roulent dans le peloton, sous le relai de Dylan van Baarle, pour ramener ce beau monde dans les rangs. Doit-on en conclure que l’objectif est maintenant de faire gagner la Vuelta à Sepp Kuss ? La façon de courir des Jumbo semble l’indiquer, comme certains détails non anodins.
15h11 : les échappées fulminent contre Marc Soler, le peloton a fait la jonction. Tout est à refaire pour bon nombre qui avait réussi à faire partie du groupe de tête. Qui d’autre que Remco Evenepoel pour relancer la course ? Le porteur du maillot du meilleur grimpeur se lance à l’attaque avec le malicieux, Rui Costa et Cristian Rodriguez qui peine à relayer.
15h35 : 15 hommes sont désormais en tête, dans un groupe emmené par le généreux Remco Evenepoel, qui ne compte pas ses efforts. Mais les Jumbo-Visma contrôlent l’écart autour des 3 minutes. Ce qui invite les Alpecin-Deceuninck à rouler pour Kaden Groves.
16h00 : première des deux ascensions du Puerto de Zuarrate entamée par le groupe de tête. Le peloton pointe à 2’30’’.
16h05 : c’est Chris Hamilton qui lance en premier les hostilités. Remco Evenepoel est alerte. Cependant, Santiago Buitrago va de suite contrer. Mais encore une fois, Remco ne laisse rien passer. L’écart augmente sur la tête du peloton. Les Alpecin Deceuninck ne peuvent prendre le risque de faire sauter Kaden Groves de leurs roues.
16h17 : parti à la chasse aux pois, Remco récolte les 5 points offerts à celui qui passe en tête du GPM. Le Belge accentue son avance.
16h43 : Trois coureurs ont décidé d’anticiper la dernière ascension du jour : Kimmy Janssens, Nico Denz et Rui Costa.
16h44 : au pied de la difficulté, Santiago Buitrago contre. A la surprise de tous, Remco Evenepoel fait tempo et ne saute pas dans la roue. Le Belge serait-il sur le bord de la rupture ? Les efforts de la veille doivent lui peser.
16h54 : Lennard Kämna décide de passer à l’offensive dans le groupe de contre. Evenepoel ne réagit pas et continue de lisser son effort. Cest officiel, le Belge ne réalisera pas le back-to-back.
16h56 : L’allemand de la Bora Hansgrohe a fait le jump sur le duo de tête (Santiago Buitrago et Rui Costa). Le groupe ne s’entend guère. Costa joue intelligemment, Kamna est contraint d’arriver en solitaire et Buitrago semble le plus fort en montée. Les trois comparses passent leur temps à se regarder et s’attaquer. Au sommet, c’est Buitrago qui prend une petite longueur d’avance. Tandis qu’au cours de la descente, le match semble tourner à l’avance de l’allemand.
17h03 : chute de Lennard Kämna qui a pris trop de risques dans un virage. Le vainqueur de la Collado de la Cruz de Caravaca avait pourtant une maigre avance, qui semblait pouvoir lui sourire.
17h05 : scénario rocambolesque. Alors que la victoire semblait se jouer entre un duo, c’est un trio qui va se disputer la victoire. Lennard Kämna a profité de la mésentente des deux coureurs de tête pour rentrer à la flamme rouge. Mais pourquoi n’a-t-il pas directement contré ?
17h06 : alors peut-être ? Le groupe Remco Evenepoel a encore toutes ses chances. Les trois de devant font du surplat. En contre, le maillot à pois ne réfléchit et appuie sur les pédales. Finalement, c’est Rui Costa qui s’impose devant Lennard Kämna et Santiago Buitrago. Remco Evenepoel échoue pour deux petites secondes à la quatrième place. Enterré au sommet du Puerto de Zuarrate, le coureur de la Soudal Quick Step n’était pas loin de réaliser un remake du final de l’Amstel Gold Race 2019, en revenant du diable vauvert. De nombreuses occasions l’attendent en troisième semaine, la question n’est pas de savoir si le Belge regagnera. Mais combien en gagnera-t-il d’autres ? Mardi ressemble à une occasion parfaite. Cependant, il a déclaré vouloir lâcher du temps pour avoir une marge supplémentaire ; et surtout la bénédiction des Jumbo-Visma. Bluff ou pas bluff ?