Milan-Sanremo 2025
Samedi prochain se tiendra le premier Monument de la saison. Milan-Sanremo connu pour être la classique des sprinteurs est la course la plus longue de la saison cycliste. A travers 289 kilomètres à parcourir du sud de la capitale lombarde à la pointe de la Ligurie, la « Classicissima » reste une longue procession barbante au final le plus excitant du calendrier World Tour. Même si les fantasmes de la Cipressa nourrissent encore les imaginaires, le Poggio reste depuis 1997 la montée de toutes les interrogations : son versant ascendant sera-t-elle décisif ou doit-on regarder plus en aval vers sa descente ? Combien de coureurs basculeront au sommet et surtout avec combien de retard sur les attaquants, si offensives il y a ? Des questions dont nous allons tenter de trouver la complexe réponse.
Une édition pluvieuse de Milan-Sanremo 2025 ?
Rares sont les éditions de la « Classicissima » exécrables. L’édition 2025 devrait déroger à la règle. Depuis plusieurs jours, la tendance à un week-end pluvieux ne fait que de se confirmer. La météo militaire italienne prévoit des températures fraiches de 12 à 13 °C, environ 60 % de risques de pluie accompagnés d’un vent d’Est potentiellement puissant (35 km/h). Un dernier facteur qui a son importance. Un dernier élément jugé primordial pour tenter d’anticiper le déroulement du final de Milan-Sanremo 2025.
Dans le cas d’espèce, un vent considérable de dos sur la côte ligurienne pourrait débloquer la course de loin, avant même la montée finale du Poggio. Mais si la course doit une nouvelle fois se décider dans le juge de paix presque intangible à Sanremo, sa direction est presque parfaite pour les attaquants puisque les coureurs l’auront soit de côté, soit trois quarts dos.
Le Monument le plus difficile à gagner
« Pour moi, [la course la plus à gagner] est Milan – Sanremo. Elle se décide en cinq minutes explosives après sept heures de course. En fait, en cinq minutes, de nos jours, il n’y a personne de supérieur à un autre » – Joxean Fernández Matxín, novembre 2024
Un constat que son coureur, Tadej Pogacar partageait déjà l’année dernière. En quête du Monument le plus proche de son domicile monégasque, le sociétaire des UAE émirates bute, depuis deux ans, dans sa quête du Monument qui lui sera le plus compliqué à aller chercher. Pourtant les conditions climatiques de cette 116e édition pourrait lui être favorable. Si le slovène a rarement perdu dans sa carrière sous des conditions pluvieuses, 7 heures sous une pluie battante ne serait pas pour faire son affaire. Des routes humides signifieraient que toutes les équipes chercheraient à être placées avant le début de la descente du Turquino.
On se souvient qu’en 1991, sous des conditions similaires, onze coureurs dont Claudio Chiappucci avaient fait faux bon au peloton dans ladite descente, sans ne jamais être revus. De quoi inspirer l’actuel champion du monde à déclencher la course de très loin ? Ce ne serait pas lui faire peur, tant « Pogi » est adepte des longs raides solitaires.
Vers une réussite du coup de la Cipressa dans Milan-Sanremo 2025 ?
D’évidence si s’isoler à près de 140 kilomètres de l’arrivée est fortuit, réduire la taille du peloton ne l’est pas. En provoquant une scission dans le peloton dès le Turquino, les UAE émirates pourraient se simplifier la tâche en vue de l’ascension de la Cipressa dans Milan-Sanremo 2025.
Au cours des deux dernières années, les émiratis ont tenté en vain d’émousser le peloton dans cette ascension de 5.6 kilomètres à 4.1 % et le réduire à peau de chagrin. Seulement, la main d’œuvre avait manqué en 2024, Alessandro Covi ne réussissant un relai que de 23 secondes lorsque Diego Ulissi et Marc Hirschi ont été aux abonnés absents. Contraignant de fait, Isaac Del Toro et Tim Wellens à pallier les manques et anticiper les tâches pour lesquels ils étaient dévolus.
En recrutant Jhonatan Narvaez, les émiratis se sont assurés de mener à bien leur mission d’opérer une montée éclaire de la Cipressa. En visant la barrière symbolique des moins de 9 minutes, les hommes de Andrej Hauptman et Marc Marzano pourraient réussir ce que Gabriele Colombo est le dernier à avoir su mener à bien : une attaque aboutie dans la Cipressa. Une attaque qui serait facilitée par le manque de main d’oeuvre au sommet d’une part grâce au rythme infernal qu’ils y auront imposé ; et d’autres part, grâce à une première sélection faite plus amont.
Mathieu van der Poel ou « Monument man »
Si le scénario habituel devait avoir lieu, c’est-à-dire une décision finale dans la montée du Poggio, Tadej Pogacar sera contraint à faire la différence comme l’an passé. A ceci près qu’il ne devrait pas voir le retour de Mathieu van der Poel. Une tâche qui parait presque impossible tant le néerlandais est l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur coureur du monde sur les efforts violents de 20 secondes. Véritable machine à watts, le vainqueur 2023 est capable de soutenir un effort explosif sans commune mesure. Le slovène doit donc compter dans l’équation MVDP.
Pour autant, ce dernier ne fera pas le jeu de Jasper Philipsen continuellement et pourrait collaborer avec « Pogi » au sommet du Poggio et sur la Via Roma. Si les faveurs d’un sprint à deux sont données au coureur de la Alpecin – Deceuninck, il n’en est pas imbattable malgré tout. Comme en atteste ses défaites face à Kasper Asgreen lors du Tour des Flandres 2021, à Jesi sur le Giro 2022 face à Biniam Girmay ou à Wevelgem en 2024 face à Mads Pedersen. Des sprints longs où le petit-fils de Raymond Poulidor a du abdiquer face à des opposants tenaces.
Un collectif Lidl-Trek impressionnant
Si les Alpecin-Deceuninck sont détenteurs des deux dernières éditions avec Mathieu van der Poel et Jasper Philipsen, les Lidl-Trek ont probablement le meilleur effectif sur le papier pour Milan-Sanremo 2025. Jasper Stuyven, vainqueur en 2021, n’est sans doute pas l’homme sur lequel on misera mais ses deux leaders ont du répondant.
Commençons d’abord avec Jonathan Milan, qui s’aligne avec la claire ambition de battre Tadej Pogacar. L’italien en candidature pour le titre de meilleur sprinteur du monde a prouvé être en mesure de rétablir le règne des sprinteurs sur la via Roma. Toute la question sera autour de la cohabitation avec un équipier tout aussi ambitieux, puisqu’ensuite il convient de mentionner Mads Pedersen. Le danois s’est révélé dans la forme de sa vie sur Paris-Nice. Capable d’accrocher les grimpeurs et aller chercher un Top 10 sur la montée d’Auron, le champion du monde 2019 a monté toute sa polyvalence hors norme sur l’étape de Nice. De quoi en faire un candidat redoutable et redouté.
Ganna, plus que jamais au rendez-vous
En sacrifiant la piste en ce début d’année, Filippo Ganna s’est donné les moyens de ses ambitions. Désireux d’accrocher le Monument italien de début de saison à son palmarès, le coureur Grenadiers a su marqué les esprits. Malgré un poids annoncé de 86 kilos, le rouleur n’a jamais aussi bien grimpé. Fort de sa deuxième place au classement général de Tirreno-Adriatico, « Top Ganna » avait accroché le vague des trois fantastiques en 2023, le propulsant au rang légitime de candidat susceptible à crédible. Le double champion du monde peut compter sur ses capacités de rouleur dans deux scénarios :
- une anticipation du Poggio après la Cipressa, en profitant du vent favorable ;
- une anticipation du sprint final sur la Via Roma, en tentant le coup du kilomètre.
Des Belges en invité surprise
Si Tom Pidcock et Matej Mohoric sont les noms que tout le monde a pour une descente suicidaire du Poggio, d’autres noms pour une victoire « surprise » sont à mentionner. De ces noms, deux Belges font leur apparition. Arnaud de Lie qui avait un temps écarté sa participation sera finalement (selon toute vraisemblance) au départ à Pavia. Le wallon déçu de son week-end d’ouverture en Belgique compte donc corriger le tir sur une classique qu’il n’a su mener à bien jusque’à présent. Jenna Berckmoes ne sera pas de trop pour l’épauler dans cette tâche.
Néanmoins, la Lotto pourrait fort peu armée pour aller en guerre. Ce qui n’est pas le cas des Red Bull – Bora Hansgrohe de Maxim van Gils. Tonitruant, le coureur de Braaschat retrouve la compétition avec une addition de malchance. Renversé par une voiture en contre-sens sur l’Etoile de Bessèges, malade pour les Strade Bianche, le transfuge de la Lotto sera désireux de rompre le sort. Si la condition est la même que l’an passé, une place sur le podium est envisageable ; et pourquoi pas mieux.