Paris sportifs : Une journée favorable aux baroudeurs ? 

La deuxième semaine du Tour de France 2023 débutera le mardi 11 juillet par une étape accidentée dans les alentours de Clermont-Ferrand. Un tracé trop difficile pour les sprinteurs, trop facile pour les leaders, une occasion parfaite pour les baroudeurs. Une occasion parfaite pour les plus audacieux de se démarquer et d’aller glaner ce que peu auront dans leur carrière : une étape du Tour. Quels sont les noms à cocher pour vos paris sportifs ? 

Une occasion parfaite à saisir pour les baroudeurs 

Vulcania – Issoire(167.2 kilomètres) : l’amorce de cette deuxième semaine du Tour de France 2023 par une étape courte présentera un parcours accidenté et vallonné. La topographie variée de cette étape offrira des opportunités pour un final tactique avec des attaques et des tentatives en solitaire. Afin d’éviter un sprint en petit comité. Les sprinteurs les plus polyvalents seront bien inspirés de prendre le large pour tenter d’accrocher une belle ligne au palmarès. Mais pour espérer faire parler leur pointe de vitesse, il faudra nécessaire être accompagné pour ne pas se faire piéger. 

Un départ de costauds 

Plus de 800 mètres de dénivelé positif à encaisser pour s’extirper du peloton dans les 27 kilomètres. L’échappée matinale devrait, avec plus ou moins de difficulté, y prendre le large. Avant de se voir valider son crédit pour pouvoir se disputer la victoire. Au sein du groupe de tête, ce ne sera plus qu’entente d’un temps, digestion des 3000 mètres d’ascension sur la journée et intelligence de course. 

Un final haletant 

25 kilomètres de l’arrivée : la côte de la Chapelle Marcousse offre un terrain de jeu idéal pour qui voudrait mettre la zizanie dans le groupe de tête et se défaire des hommes les plus rapides. Si certains n’ont pas anticipé la côte de plus loin, cette dernière difficulté signera le « money time » au sein de l’échappée. D’autant que le vent trouvera une direction favorable à partir d’Espinchal, à 60 kilomètres du but.

Un terrain mal plat, sans beaucoup de visuel sur l’avant de la course. Ce qui a tendance à favoriser les mouvements de course et être aux désavantages d’une poursuite désorganisée. 

700 mètres de l’arrivée : dernier virage de la journée. 
Vue depuis la ligne d’arrivée 

Ils ont déclaré faire de cette étape un objectif 

Le matin de l’étape menant à Limoges, des incertitudes pointées sur la capacité des équipes de sprinteurs à contrôler l’étape. Une occasion que certains baroudeurs auraient pu saisir. Pourtant Matej Mohoric (19) avait laisser entendre qu’il n’essayerait pas pour être à bloc lors de l’étape 10. Il n’en a rien été puisque si le slovène s’est tenu sage lors de l’étape 8 ; chasser le nature, il revient au galop. Le rouleur de la Bahrain Victorious a vidé le tank lors de l’étape 9 du Puy-de-Dôme. Son équipe a clairement mis ses intentions sur le classement par équipe. L’intérêt pour les Bahreïnites sera de jouer du surnombre. Wout Poels devrait avoir le moteur pour s’extraire facilement du peloton lors d’un départ difficile. Une débauche d’énergie qui lui vaut bien des contrecoups dans le final de maintes étapes. Fred Wright (26) une belle option pour jouer du surnombre et miser sur la pointe de vitesse du britannique lors d’une arrivée groupée. Et pourquoi pas un Nikias Arndt (201) qui passe plus facilement les difficultés que son sprinteur Phil Bauhaus dont il est le poisson pilote. La Bahrain a clairement les cartes en main pour jouer du surnombre, la question est : comment jouera-t-elle ses atouts ? 

Quand on parle de Clermont-Ferrand, il ne faut pas oublier son TGV. Rémi Cavagna (81), originaire de la région, trouve un profil idéal pour exprimer son plein potentiel. D’autant que les intentions du français de la Soudal Quick Step sont claires. « L’étape […] pourrait bien me convenir. Elle est un peu accidentée et dans mon profil de baroudeur, un peu passe-partout. En plus, elle va se jouer sur des routes que je connais presque par cœur ». Avec l’avantage du terrain, le TGC de Clermont pourrait surprendre et ne jamais être revu dans un final au vent portant. Parmi les meilleurs rouleurs du monde, bon courage pour le rattraper s’il décide de prendre la poudre d’escampette. 

En interview, Mathieu van Poel (9) n’a pas caché son envie de jouer sa carte lors de l’étape de mardi. Jasper Philipsen a quant à lui confier son envie de rendre la pareille à son coéquipier de luxe. Il est vrai que le néerlandais n’est pas étranger aux trois succès du meilleur sprinteur du monde. Sur le Giro d’Italia 2022, nous avons pu constater que MVDP grimpait plutôt bien. Au sprint, ils seront rares à pouvoir le bas. Sa présence à l’avant fera de lui un épouvantail et une épine dans le pied de bon nombre de coureurs qui chercheront à s’en débarrasser. Son tempérament offensif pourrait le pousser à vide le chargeur tôt dans le final. Une bonne nouvelle pour ceux qui voudront une course de mouvement. Reste à piéger le fantastique de la Alpecin Deceuninck. Qu’en est-il si Mathieu trouve le soutien de Quinten Hermans (81) ou de Soren Kragh Andersen (51) en chemin ? 
Hors du coup pour la classement général, Mattias Skjelmose a maintenant le champ libre pour chasser une victoire personnelle. Une ambition que le danois n’a pas caché à un journaliste danois. Le profil lui va comme un gant, toute la question repose sur sa forme à la sortie d’une première semaine qui l’a marqué. 

Parier sur la réussite de Wout van Aert 

Sur ce genre d’étape, il est un coureur qui serait le grand favori. Evidemment, Wout van Aert (4.25) est le logique candidat à la victoire d’une étape pour les baroudeurs. En quête d’une nouvelle victoire d’étape sur le Tour de France, le belge de la Jumbo-Visma trouve un profil qui sied à ses caractéristiques. Aux portes de la victoire à San Sebastian et à Limoges, il n’a jamais été aussi proche de lever les bras. Mais la dixième sur la Grande Boucle continue de lui résister. Le départ musclé n’est pas un problème pour lui. L’ennui principal résidera dans sa capacité à manœuvrer les équipes en surnombre. Sera-t-il accompagné dans son baroude par un équipier dévoué à sa cause. Rien n’est moins sûr. Le vent est annoncé puissant dans le final. Un vent trois quarts dos qui devrait créer des situations de nervosité sur des routes exposées au vent. Il faudra ainsi garder de la main d’œuvre autour de Jonas Vingegaard pour le protéger de coups de Trafalgar. Si les risques de bordures se confirment, WVA aura-t-il un bon de sortie ? Compliqué à dire. Une chose est sûre, si bordures il doit y avoir. Une course dans la course pourrait s’enclencher et la journée ne pas être si anodine que cela. 

Les fils du vent et de la tempête 

Vainqueur à Limoges, il ne faut pas croire que Mads Pedersen (18) est rassasié. Le danois de la Lidl-Trek n’a pas dit son dernier. Intéressé au maillot vert de meilleur sprinteur, il pourrait profiter d’un départ difficile pour se glisser dans l’échappée. Téméraire, il ne faut pas compter sur son attentisme pour un sprint en petit comité. Il sait d’avance que les membres de l’échappée courront contre lui. Un détail qui ne le dérange pas comme on a pu le constater à Saint Etienne, l’année dernière. La meilleure défense, c’est l’attaque. Le champion du monde 2019 nous l’a déjà prouvé. 

Autre pourfendeur d’échappée, sa présence aux avant-postes n’est jamais sans raison. Fin limier, Magnus Cort Nielsen (12) pourrait profiter d’une semaine éprouvante pour faire parler ses qualités de récupération. Rapide au sprint, personne ne veut se frotter à lui dans un final où l’explosivité et la vitesse compte. Son équipe, la EF Education EasyPost avec la perte de Richard Carapaz doit saisir toutes les occasions. Un surnombre pourrait lui permettre de jouer avec les qualités de rouleur de Neilson Powless (101) qui chassent les points du classement par pois. Mais aussi sur les qualités de classicman d’Alberto Bettiol (26). Avec les jambes de Mendes et plus d’intelligence, ce dernier point lui manque trop de fois, l’italien pour faire un hold-up. 

Des paris sportifs sur le surnombre ? 

D’autres équipes peuvent miser sur une sur-représentation à l’avant. Suivant les risques ou non de bordures, certaines équipes du classement général peuvent miser sur des pions à l’avant ou les garder en protection. C’est le cas des Groupama-FDJ, qui peuvent placer à l’avant, des profils à la Valentin Madouas (51), Quentin Pacher ou Stefan Küng (61). Des hommes de Marc Madiot que l’on avait vu à l’attaque précédemment sur des étapes où ils avaient carte blanche. Maintenant la faiblesse de David Gaudu pourrait faire craindre le pire sur les permissions sur la journée de mardi. 

Une réflexion similaire pour les Ineos Grenadiers qui ont Tom Pidcock et Carlos Rodriguez à protéger. Alors qu’un profil à la Michal Kwiatkowski (51) pourrait être intéressant. Equipe souvent à l’initiative de bordures sur les Grands Tours. Si Eole se déchaine et qu’aucun Grenadiers n’est devant, cela sera sans doute signe d’un final agité dans le peloton. Les Britanniques pourraient en profiter pour couper quelques têtes chez les leaders du classement général. 

Parmi les équipes ne jouant rien au classement général, la Movistar joue crânement sa chance dans les échappées. Pas encore récompensée, l’équipe espagnole distille ses pions. Matteo Jorgenson (81) est passé près du but au Puy-de-Dôme et nul doute que le résident niçois réessayera. Cependant, le coup de cœur ira à Gregor Muhlberger qui s’était imposé sur le Tour des Alpes sur un profil similaire. Une logique qui s’applique avec les Uno-X qui pourraient miser sur Tobias Halland Johannessen (51), Jonas Gregaard ou même Rasmus Tiller (151) voire Soren Waerenskjold (201)

Des noms vus et revus 

Des moteurs à la Victor Campanearts (81), Lawson Craddock, Krist Neilands (101), Georg Zimmermann (101), Anthony Perez, Matis Louvel (301), James Shaw (151) etc. pourraient être à cocher. Des noms qu’on a l’habitude se porter à l’avant ou qu’on a déjà vu sur ce type d’étape. 

Encore une fois dans un scénario « échappée », les noms ne sont pas exhaustifs et toutes les idées sont bonnes à prendre pour savoir qui parier. 

Notre pronostic : Une journée qui sera mouvementée dans tous les sens et une victoire en solitaire de Rémi Cavagna sur ses terres. Le local de l’étape sera notre pari du jour.